Les sept stations d’essence de Moroni et celle d’Itsandra Mdjini, qui commercialisent du pétrole lampant ne désemplissent plus ces derniers jours. Plus de 200 clients y défilent en moyenne par jour. Pourtant, un pétrolier a quitté les quais du port de la capitale, la semaine dernière. Par BIM
En regardant le long fil indien à la station d’essence d’Itsandra Mdjini, une question se pose, puis s’impose un peu plus loin en passant à côté de l’Alliance Française et confirmation au rond point du café du port. A Bonzami, ce n’est guerre mieux, pas plus qu’à Mamora ou Mouzdalifa à Hadoudja. La scène est identique. Seulement change le décor propre à chacune de ces stations. Depuis quelques jours, les sept stations de Moroni et celle d’Itsandra Mdjini, commercialisant du pétrole lampant sont prises d’assaut.
Plus de 200 clients y défilent chaque jour de l’ouverture à la fermeture. Un long et interminable fil d’attente de bidons, de 2 à 20 litres est aligné en une ou deux colonnes selon la station. On y trouve beaucoup de femmes de tout âge qui doivent prendre leur mal en patience. L’attente pouvant atteindre plus de 2 heures au mieux, avant d’être servies.
Une fréquentation qui a pris de l’ampleur en ce mois béni de ramadan, pendant lequel; la majorité de ces clientes regagnent le domicile tôt pour la préparation du repas de l’iftar : la coupure du jeûne.
Par ici, le passe droit n’existe pas. Le fonctionnement est basique : premier arrivé, premier servi. Du coup, il n’est pas rare, au regard de la déclinaison du soleil, de voir des bidons prépositionnés pour le lendemain. « Il faut rentrer pour s’occuper de l’iftar » déclare Aicha, déçue.
La situation paraît surprenante, étant donné que « Le pétrolier était là il y a moins de deux semaines. Le bateau est reparti dans la matinée de mardi. Je ne comprends rien à mes compatriotes » confie un employé des hydrocarbures. Puis, après renseignement, il modère son observation. Parce qu’il s’avère qu’un dysfonctionnement dans la distribution provoque ces attroupements, comme si le pays se retrouvait en rupture de stock. « Les produits sont bien là. Mais il existe un réel problème de distribution. Insuffisance des camions. Or, le patron ne veut pas des heures supplémentaires ».
Or, jadis souvent utilisé en cuisine dans les zones urbaines, l’usage du pétrole lampant s’est généralisé partout, devenant au pire un produit d’appoint, pour ceux qui se servent du gaz, de foyer de cuisson principal pour beaucoup d’autres et complémentaire pour ceux qui encore peuvent recourir au feu de bois.
« J’habite à Moroni. Je cuisine uniquement au pétrole. C’est plus économique et pratique » affirme Fatima Ahmed. Pour Nasra Youssouf, le pétrole, c’est d’abord un petit business qui lui assure un petit revenu. « J’en vends depuis un petit moment au village. D’ailleurs nos sommes deux à le faire. Et la demande augmente chaque jour. Chaque semaine, j’achète pour 4 bidons de 20 litres ». Sa voisine d’infortune du jour, Riama Ali ajoute : « Attendre dans ces conditions, ce n’est pas vraiment nouveau. Ce qui complique la situation, c’est la période de ramadan. Car nos clientes attendent notre retour pour s’en servir pour faire à manger et s’éclairer. Ne croyez pas que parce que l’électricité est rétablie à Moroni, que ça soit le cas dans nos villages » précise-telle.
Pour les pompistes, c’est une autre histoire. Cette affluence est du pain béni, qui assure du travail effectif, « un peu trop » dira l’un d’eux, en sueur, et surtout de l’ambiance. « ce n’est pas tous les jours que nous avons autant de bonne compagnie » souligne Ahmed, un peu ironique. Car les cris, les interpellations et les bousculades ne sont pas tout à fait exclus.