Dans le préambule de la constitution comorienne il est précisé « Le peuple comorien affirme solennellement sa volonté de : … marquer son attachement aux principes des droits fondamentaux tels qu’ils sont définis par la Charte des Nations Unies, celle de l’Union Africaine, le Pacte de la Ligue des États Arabes, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies… »
le premier article de la déclaration universelle des droits de l’homme, dispose que «Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
Je suis comorienne, de parents wa ndzouani, ayant grandi à Ngazidja. J’ai été élevée en tant que comorienne avant tout, dans le respect de la constitution, de notre hymne national et de notre devise qui est « unité-solidarité-développement ». Je n’ai pas à me sentir supérieur ou inférieur à qui que ce soit.
J’ai vécu la période du séparatisme à Ndzouani et à Ngazidja. J’ai vu à travers mes yeux de petite fille les horreurs qui en découlaient, et je vois aujourd’hui de mes yeux d’adulte les conséquences de cette période sombre de notre histoire.
Alors grande fut ma colère quand j’ai entendu un « chef d’État exprimer clairement et fièrement lors d’un discours la « supériorité » des habitants d’une île par rapport aux autres, Sachant que de tels propos peuvent nous faire revenir à cette époque horrible que nous voudrions ne plus jamais revivre.
Des propos qui vont à l’encontre de la déclaration universelle des droits de l’homme, ou encore de l’islam qui est la religion d’État. L’islam invoque l’origine de l’humanité d’un seul être, « Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être ». (Sourate 4 verset1). On n’a donc pas à prétendre à une supériorité ou à mépriser les autres. L’islam lutte contre toute forme de discrimination : «Ô hommes ! Allah a dissipé la vanité de la période du paganisme antéislamique et la fierté qu’elle se faisait de ses ancêtres, il n’y a que deux sortes d’hommes : le vertueux pieux qui est noble auprès d’Allah et le dévergondé libertin qui ne vaut rien auprès d’Allah. Les Hommes sont les fils d’Adam et Allah a créé Adam de poussière… »[At-Tirmidzi (5/389), Hadith N°3270.].
Comment est ce que celui qui s’est auto-proclamé « Imam » peut ainsi s’égarer et chercher à égarer son peuple ?
Alors dites lui,
Dites lui que nous sommes dans l’ère des unions et non de la séparation. Les nations s’unissent pour être plus fortes. Si les Etats Unis d’Amérique sont forts c’est parce qu’ils ont su réunir plusieurs États pour en faire un seul pays. Les européens ayant compris cela, ont crée l’Union Européenne.
Dites lui que nos pères de l’indépendance, l’avaient aussi compris et se sont battus pour qu’il y ait une unité des îles. Nous avons hérité de ce combat, en continuant de vouloir que Mayotte nous revienne.
Dites lui que les constitutions qui se sont succédées (y compris celle qu’il a imposé en 2018) , l’hymne national, la devise… tous vont dans ce sens là. NOUS DEVONS ÊTRE UNIS.
Dites lui que nous avons compris qu’il cherche à diviser pour mieux régner mais que nous ne tomberons pas dans ce piège, que nous resterons unis et solidaires.
Dites lui que le peuple est souverain et que nous demandons le respect de nos droits et libertés. Nous voulons la paix, la stabilité et un État de droit.
Dites lui que les propos qu’il a tenus, ne lui font pas honneur, et sont indignes d’un chef d’État.
Dites-lui que son devoir est d’unir tous les comoriens.
Dites lui surtout qu’il a failli à sa mission en allant à l’encontre de la constitution qu’il nous a imposé. « Il (le peuple) exprime son opposition fondamentale à l’arbitraire, au régionalisme, au séparatisme et à tout autre acte portant atteinte à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale », sachant que ses propos sont sans nul doute séparatistes.
Dites lui qu’il doit des excuses au peuple comorien.
Dites lui que même dans la mort nous sommes tous égaux.
et enfin chers frères et sœurs vantons nous d’être tous égaux, car ce fut la volonté Dieu qui nous a crée
Arfane Salim Abdou