Aux Comores inflation et pénuries vont de pair et influencent non seulement les prix des biens et services, mais aussi la stabilité économique et le bien-être des consommateurs, particulièrement à Anjouan.
Par.Naenmati Ibrahim
La situation économique a rendu la vie impossible pour tous les citoyens comoriens, contraints de faire face à une flambée des prix. À Anjouan, les commerces semblent tomber en ruines à cause du manque d’activité des consommateurs.
En effet les consommateurs anjouanais ont vu leur pouvoir d’achat diminuer et cela a modifié leurs habitudes de consommation, affectant aussi leur qualité de vie et créant ainsi de nouvelles inégalités économiques. En effet, les hausses des prix ont eu un impact plus sévère sur les ménages à faible revenu, car ils consacrent une proportion plus importante de leur budget aux biens de consommation essentiels comme le riz, les factures d’électricité, les frais de scolarité de leurs enfants, la santé, etc. Ces données ont exacerbé les inégalités sociales.
Toutefois, même les salariés ont érodé la valeur réelle de leurs salaires et de leurs économies, entraînant des ajustements économiques pour maintenir le niveau de vie. En réalité, cette situation économique a des impacts sur toute la population, qu’elle soit aisée ou vulnérable.
Impact sur les commerces
Les commerces anjouanais sont touchés par la vie chère puisque la hausse des prix a réduit le pouvoir d’achat des consommateurs anjouanais. Les magasins et les épiceries voient donc leur clientèle se restreindre. D’après le témoignage d’un commerçant de Bazimini, il s’agit des frais douaniers qui sont trop chers, donc ils sont obligés de vendre leurs articles plus chers, ce qui fait fuir les clients.
Leur niveau de vie ayant baissé, les familles son obligées de réajuster leurs budgets, réduire leurs dépenses non essentielles, ou rechercher des alternatives moins coûteuses.
La grande partie de la population anjouanaise vit sous sous le seuil de pauvreté, par conséquent plusieurs ménages n’ont pas les moyens de faire face aux prix qui augmentent en permanence. La réduction du coût d’achat se voit dans les magasins puisque les étagères sont soit vides soit remplies, mais le plus souvent ils sont à moitié vide. Beaucoup de petits commerces disparaissent parce qu’ils n’arrivent pas à s’approvisionner régulièrement en marchandises.
Par conséquent certains n’arrivent même plus à payer leurs impôts et il y a quelques jours à Anjouan, les services fiscaux sont descendus par surprise à Mutsamudu et aux alentours de Mutsamudu comme à Mirontsi pour fermer des magasins. D’après un habitant de Mirontsi, plusieurs commerçants ont été obligé de laisser les contrôleurs fiscaux fermer leurs magasins parce qu’ils n’arrivent plus à payer leurs impôts. Mais, visiblement, très vite, ils sont allés payer parce qu’un jour après la descente des agents des services fiscaux tous les magasins ont été ouverts. Seulement un ou deux petits magasins n’avaient pas repris leurs activités.
Impact sur les ménages
La vie chère affecte directement le pouvoir d’achat des ménages et la qualité de vie des individus. Cette augmentation rapide des prix des biens et services est devenue générale, car tous les secteurs sont touchés, y compris l’énergie et le transport.
Par ailleurs, les inégalités sociales s’accroissent, car les personnes à faible revenu sont très affectées par les hausses de prix, une part plus importante de leur revenu étant consacrée aux besoins de base comme la nourriture. Et souvent il y en a qui restent avec la faim parce que la nourriture est trop chère pour eux et qu’ils n’ont pas les moyens d’en acheter.
Dans certains cas, la vie chère a également freiné la consommation locale, donc les consommateurs ont choisi de réduire leurs dépenses ou de se tourner vers les produits agricoles. Et maintenant, beaucoup d’Anjouanais ont repris le travail de la terre, cultivent leurs champs pour ceux qui en ont. C’est tout de même un travail frustrant au vu de la situation actuelle, car il faut un certain temps pour avoir des récoltes.
Aucune mesure de l’État pour atténuer la vie chère
La vie chère a commencé depuis un bon moment aux Comores et jusqu’à maintenant aucune mesure de soutien aux ménages n’est venue l’atténuer. Dans certains pays africains qui connaissent la même situation économique, comme le Togo, le gouvernement n’hésite pas à intervenir pour soulager la population. Ainsi, le président Faure Gnassingbé et son gouvernement ont pris des mesures de restriction contre la vie chère en 2022. D’autres pays offrent ou introduisent des mesures de soutien direct, telles que des subventions ciblées, des aides sociales ou des réductions fiscales pour les familles à faible revenu.
En somme, la vie chère est un phénomène complexe influencée par de nombreux facteurs. Trouver un équilibre entre stimuler la croissance économique et maintenir des prix abordables est un défi constant pour les décideurs économiques.
Les montées flagrantes des prix ont des répercussions significatives sur divers aspects de la société.
Malheureusement, comme si le sort s’acharnait, la production de girofle, qui est une source de revenus pour les ménages en milieu rural, n’a pas été aussi florissante ces dernières années à Anjouan. Cela rend la vie des Anjouanais plus pénibles, car la population est majoritairement rurale. Les cultures de rente comoriennes, comme la vanille et l’ylang-ylang, sont en partie la cause de la dégringolade du coût de la vie pour les Anjouanais. Et diverses difficultés demeurent encore sur les marchés national et international.