Qu’on soit amateur ou fin connaisseur dans le domaine des monuments et bâtisses anciennes, c’est toujours enrichissant de pouvoir aller à la découverte de ces vestiges de grandeur, de magnificence de Comores à l’occasion d’un photoreportage.
Par Hachim Mohamed
Le grand pilier du projet « Tourisme halal », Dhoifir, le cartographe Karim étaient sur le terrain tôt dimanche pour se livrer à cette gymnastique de « création de produits touristiques » des Comores.
Ces moments de grandes randonnées sur Moroni se passent aussi dans l’imaginaire de chacun des promeneurs comme s’il s’embarquait dans une machine à remonter le temps.
Cette promenade n’était pas de tout repos, mais les randonneurs n’ont pu qu’apprécier le calme des lieux visités entre 10 et 16 heures. Ils se sont trouvés confrontés à mille curiosités glanées ici et là dans la ville, témoignages tangibles d’un monde défunt, mais qui défie le temps. Nostalgie d’une époque des sultanats où se sont accumulés des vestiges fastueux,
Rares vestiges d’une bâtisse, superbement restaurée
Pendant ce reportage sur le terrain, ils se sont rendu compte qu’il y a dans la cité des vestiges qui sont suffisamment conservés pour permettre une restitution, d’autres par contre portent la marque d’une chose détruite, perdue, d’un ancien édifice. Les restes d’une grande civilisation comorienne.
D’Iroungoundjani à l’hôtel Karatala, en passant par Badjanani, Djumwamdji, des traces trouvées sur les lieux (tombes d’anciens mystiques, portes de fabrication ancienne) suggèrent que le peuplement humain de l’île remonte à une ère antique.
Dans ce grand périmètre de Moroni, on compte plusieurs sentiers de grandes randonnées. Le randonneur dominical peut énumérer une série de curiosités tout au long de ses déplacements : « ntsidawé » (Stèle à charge symbolique) qui se dresse à l’angle de l’escalier de Djumwamdji menant vers le marché « Chamboini », traces du mur de protection, « ngomé », qui sont encore visibles en diverses parties de ce quartier en hauteur, restes d’une époque révolue.
En arpentant la ruelle « CBE » de Badjanani, les randonneurs ont trouvé de rares vestiges d’une bâtisse, superbement restaurés. C’est une maison royale prouvant qu’elle était aussi à une ère ancienne, un palais doté de tout le luxe et des commodités : mosaïques, colonnes, citernes d’eau…
Dans le centre-ville, le cartographe Karim et ses deux instruments qui servent à dresser des cartes topographiques en se basant sur des photographies, et les deux compagnons randonneurs, téléphones à la main se déplaçaient dans les venelles. Ils rencontrent des « joyaux qui témoignent de l’histoire » datant de l’époque du sultanat, notamment des tombes.
Nos aïeux ont légué un héritage prestigieux
Située au cœur du vieux quartier de Badjanani surplombant la baie de Kalaweni, une bâtisse accroche le regard. Elle a été construite selon la technique du « pièce sur pièce » avec d’énormes troncs empilés les uns sur les autres. Elle déploie 10 à 20 mètres de façade. C’est une curiosité d’autant plus que chaque ouverture dans le mur de cette façade, chaque porte ou fenêtre vitrée lui donne l’aspect d’un palace. Pour les visiteurs, nationaux ou étrangers, c’est l’endroit idéal pour faire une halte…
Sur les rives de Mramboini, où à notre arrivée les flots mouraient, au pied des rochers qui bordaient la petite baie silencieuse, les vestiges retrouvés de l’ancien port témoignent entre autres des activités de pêche avec l’emplacement de boutres, de pirogues, une perception de la douane ancienne.
De ce voyage dans les solitudes immenses des monuments de la cité, la partie la plus ancienne de la ville), à quelques encablures de la mer, la maison du grand mystique Cheikh El-Maarouf à Shashanyongo ou celle en état de délabrement de la femme du président Said Mohamed Cheikh, la princesse Baria sont quelques curiosités-phares du centre-ville de Moroni,
Pour ces bâtisses majestueuses, lourdes d’histoire, le bâtiment qui abrite la mairie de Moroni, parcs et jardins, salle de réception de l’ancien hôtel Kartala aux airs de château, tour de contrôle de l’ancien aéroport de Moroni qui donne sur la mer ou encore bâtiments au style de l’époque coloniale comme l’École d’application, sont les témoins d’une architecture sérielle dessinée par nos aïeux ingénieurs.
Comme les fossiles des géologues, les vestiges à demi-effacées de la ville de Moroni permettent de refaire le tableau des anciens âges, en plus de reconnaitre qu’ici nos aïeux ont légué un héritage prestigieux.
Ces ballades et reportages photographiques en équipe sont nécessaires et précieux pour poursuivre le travail de publication et de mise en contexte archéologique des vestiges architecturaux et des centaines d’objets à exhumer en tant que « produits touristiques ».