La gestion de la discipline de handball retombe dans les errements et les mêmes travers des années passées, marquées par une situation d’une totale instabilité institutionnelle permanente.
Par Hachim Mohamed
Ballottée, tiraillée par deux fédérations aux intérêts divers à l’époque pour un conflit qui a duré dix ans. Pour y mettre fin, il a fallu l’intervention du président de la Confédération africaine de Handball, le Docteur Mansourou Aremou, en 2018 qui par son entregent dans les pourparlers, a permis de mettre en place la Fédération comorienne reconnue internationalement en 2019.
S’appuyant sur le rapport en date de 6 octobre de la Fédération comorienne de Handball relative à l’immixtion du ministre de sports Djaanfar Salim Allaoui dans la discipline, la lecture du document offre un rapide historique des différentes étapes qui ont abouti à cette décision injustifiée et injustifiable de la suspension de son bureau exécutif libellée dans une circulaire du 27 juin 2022.
À en croire à une source bien imprégnée de la situation de la crise du handball, ce qui est arrivé par cette mesure est d’autant plus incompréhensible que la Fédération ne sait toujours pas la principale raison qui l’avait motivée.
Dire entre autres que le service n’a pas envoyé la liste de joueurs au ministère est un tissu de mensonges, dans la mesure où elle y a été bel et bien postée.
Ministre des Sports accusé d’immixtion dans les affaires du bureau exécutif
Partant de l’idée que des acquis importants ont été durement conquis avec le président du CAHB Dr Mansourou Aremou et conformément aussi bien de directives de l’IHF( fédération internationale de Handball) que de Confédération africaine de handball), le rapport sur la crise de handball précise que depuis 2019 les compétitions ont été organisées régulièrement tous les ans.
Sur cette stabilité retrouvée, la situation a malheureusement changé avec l’arrivée à la tête du ministère des Sports de Djaanfar Salim Allaoui, accusé d’ingérence, ayant suspendu le bureau exécutif de la Fédération comorienne de Handball le 27 juin.
Et la première immixtion directe est arrivée de la part du ministre selon ces éléments divulgués dans le document quand il fallait préparer le voyage pour un tournoi dénommé CCCOI (compétition pour les clubs champions de pays de l’océan indien) organisé en juin 2022 à l’ile de la Réunion.
Après la finition de démarches pour les visas, les billets, etc., le ministre des Sports Djaanfar Salim Allaoui qui gérait le voyage en relation directe avec l’ambassade de France, avait bloqué les passeports du 24 au 28 juin pour de clubs qui devaient jouer le 26 et 27 juin.
Informés de la situation sur place, les organisateurs ne pouvaient rien faire, si ce n’est de dire que les Comores ne pourront pas participer à la compétition pour le retard accusé de prise de vol.
Pis, à suivre ces révélations, le ministre Djaanfar Salim Allaoui a gardé avec lui les passeports de membres de la Fédération et s’est payé le luxe de livrer ces documents aux clubs le 28 juin, permettant aux joueurs de voyager, mais pour disparaître dans la nature dès leur arrivée à la Réunion.
Selon des indiscrétions, si le ministre a décidé finalement de « libérer » les passeports tamponnés des visas tout en sachant que les handballeurs n’allaient pas pouvoir jouer une fois sur place, et étant aussi conscient du risque élevé d’une éventuelle disparition dans la nature, c’est qu’il est le président d’un ancien club de handball à Anjouan et que la plupart de ces documents de voyage sont offerts sans les billets qui sont achetés in fine par les intéressés de l’aventure de la Réunion.
« Avec 14 clubs à Anjouan, 8 à Ngazidja et 6 à Mwali, nous les handballeurs, mettons l’accent sur le besoin de reprendre les tournois locaux et compétitions internationales, avec en ligne de mire les échéances sportives en avril pour les filles et en août dans la discipline. Et pour lever la suspension de la Fédération, nous n’arrêtons pas de multiplier les rencontres, aussi bien avec les membres du COSIC qu’avec le ministre des Sports, qui se montre préoccupé par la situation afin de trouver une solution », s’est confié au téléphone le handballeur Anoir, qui ne voulait trop avancer sur les sujets qui fâchent dans la gestion du handball aux Comores.
Une circulaire qui piétine les textes en vigueur régissant le handball
S’agissant de la tentative de mainmise du ministère des Sports sur le champ d’activités de la Fédération de Handball, dans la tête des acteurs du milieu, on se croirait revenu au « bon temps » de l’influence dominatrice totale de pouvoir sur la discipline avec toute l’instabilité caractérisée vécue.
C’était sans compter que, dans les règles de l’art, ces diverses décisions, qui peuvent léser un droit et causer un préjudice et qui doivent être motivées, ne le sont pas.
Pour rappel, en plus de l’éviction de la Fédération comorienne, en lieu et place de l’institution, un comité de normalisation est mis en place via une circulaire signée par l’Inspecteur Ibouroi Mohamed le 13 septembre.
Pour le bureau exécutif, « comment le ministre peut nommer un comité avec comme objectif d’organiser des élections dans une période de 25 jours, bafouant impunément ses statuts pour le renouvellement du bureau ? ».
Par rapport à la protestation, c’est le même son de cloche avec le « tribunal local » de sports.
« Le COSIC (Comité olympique et sportif des îles Comores) ne s’associe en aucune manière à la décision de suspension, du fait qu’elle ne respecte nullement les recommandations préconisées par l’IHF et les textes en vigueur et l’esprit sportif », lit-on dans une lettre adressée au président de l’IHF, le Docteur Hassan Moustafa par Aboud Saïd Hilmy.
Un parquet en souffrance dans un conteneur de 9 palettes
Au-delà des tiraillements entre les deux parties, cette crise a dévasté moralement les clubs comoriens, dans la mesure où les Comores avaient été choisies pour organiser l’IHF Trophy de la zone 7 le 17 octobre 2022. Cependant, pour cause de cette entorse aux recommandations préconisées par l’IHF et les textes en vigueur, une reprogrammation de ce challenge a déplacé l’évènement à Madagascar en novembre 2022.
S’est également greffé à ce hiatus qui avait pénalisé les joueurs le problème de dédouanement d’un don de la part de partenaire dans la discipline, l’IHF.
« Déjà sur place, il y a un parquet dans un conteneur de 9 palettes en souffrance à Niuoumadzaha Bambao chez le magasin du transitaire. L’État comorien doit payer le reste, car la Fédération avait déjà réglé une partie des sommes dues par avance. De plus, notre structure déplore le fait que le financement dans la gestion de la discipline fait figure de parent pauvre au sein du ministère des Sports. Pas un kopeck n’a été déversé depuis 4 ans ! », a expliqué une source, sous couvert de l’anonymat.
Pour revenir au rapport de la crise adressée à Docteur Hassan Moustafa, président de l’IHF, et à Docteur Mansourou Aremou, président du CAHB, telle une équipe de handballeurs qui contre-attaque dans un match, une pétition, signée par 80% de clubs qui sont contre la décision, a dénoncé cette destruction « des acquis de la stabilité dans la discipline », après tant d’années de crise, mentionne-t-on.