Du 25 au 30 janvier passé, la Chambre de Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat en partenariat avec l’Union européenne a organisé une foire qui a rassemblé plusieurs opérateurs de différentes filières touchant l’économie de l’île de Ndzuani. Des produits issus du secteur secondaire étaient exposés au public. Un concours avait été organisé et c’est le Dr Tadjidine Abdou qui est sorti vainqueur grâce à des produits de qualité répondant aux ambitions de tout pays en développement.
Ayant suivi une formation en agriculture vétérinaire, Dr Tadjidine ne s’est pas contenté de se limiter à la prise en charge des animaux et à l’agriculture. D’ailleurs c’est l’ADN de son entreprise plurisectorielle. En se reposant sur les différentes filières dans lesquelles il s’est intéressé pendant plusieurs années en Tanzanie, la pâtisserie, la cosmétique, la production des épices, la conservation des produits alimentaires tels que du jus de fruits et du mataba, et la transformation de produits agricoles… ce natif de Tsembehou compte conquérir le marché des produits de consommation et contribuer à domestiquer le secteur secondaire essentiellement dominé par des produits importés.
Un entrepreneur aux multiples casquettes.
En plus de son expérience en agroalimentaire et en agriculture vétérinaire, Dr Tadjidine s’est formé en apiculture. C’est l’une des filières où le produit intéresse beaucoup la population. Les clients demandent du miel pour leurs besoins quotidiens.
Le greffage d’arbre gagne de plus en plus du terrain, selon le Dr Tadjidine. Il est souvent sollicité parce que la technique est nouvelle dans la région de la Cuvette et elle constitue un élément de multiplication du rendement.
Après avoir fait un stage dans le deuxième grand hôtel de Tanzanie, le Dar Es Salam Serena Hôtel, où il s’est aguerri dans le domaine culinaire et de la pâtisserie, il est arrivé aux Comores avec l’ambition de mettre sur le marché des produits fabriqués et à base de ressources agricoles locales. Il fabrique alors des chips à base de manioc, de fruit à pain pour que les amateurs de chips renoncent aux chips industriels au profit de chips plus bio.
Un acteur émergent dans la transition économique des Comores.
Se passer de l’importation, du moins de la dépendance envers l’extérieur, est un vecteur indispensable du développement économique d’un État. Quand exporte peu ou pas du tout, le mieux c’est d’importer moins en consommant des produits locaux, produits de préférence avec des matières premières locales. C’est dans ce sens que Dr Tadjidine Abdou évolue. « Les produits cosmétiques sont ceux qui sont les plus prisés actuellement. Les femmes achètent le sucre à épiler qui est plus pratique et protège la peau. L’huile pour les cheveux marche bien tout comme le savon antitache », explique-t-il. Seulement « le ketchup ne marche pas, tout comme l’huile de ricin et le beurre d’arachide ». La population ne sait pas comment on utilise ces produits et « les sensibiliser n’est pas si facile parce que ça demande de les faire entrer dans leurs habitudes culinaires ». Il ajoute : « Je voulais me lancer dans la production de tomates concentrées pour concurrencer les produits importés, mais j’hésite ». Il ne renonce pas totalement à l’idée de transformer les produits alimentaires et agricoles, néanmoins il se centre d’abord sur ce qui marche afin de maximiser les moyens financiers nécessaires pour accroître son entreprise. C’est pour cette raison qu’il a refusé le financement de la Meck et des Sanduk, des institutions de microfinance qui se sont fixé la mission d’accompagner les projets d’entreprises porteurs. Pour l’instant il assure avoir les matériels nécessaires tels que le séchage qui lui permet « de sécher le curcuma, le gingembre, le sagou, les feuilles de manioc et les tubercules ».
Si Dr Tadjidine Abdou est sorti vainqueur du concours organisé par l’Union européenne à l’occasion de la foire de la Chambre de Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat de Ndzuani, c’est grâce à la diversité des produits de qualité qu’il a proposés sur son stand où on pouvait trouver des épices de toutes sortes (moutard, fenouil, fenouil grec, cinnamome, safran, grain de cumins, coriandre).
Pour le mois de Ramadan, il espère produire assez de différentes farines pour répondre aux besoins des Comoriens. Ce sera de la farine de sagou et de manioc essentiel pour beaucoup de foyers pendant cette période.