Ces derniers temps la violence est montée d’un cran à Anjouan, et souvent elle est arbitraire. La Maison des Organisations de la Société Civile (MOSC) a été réactivée pour faire face.
Naenmati Ibrahim
Les conflits sont nombreux ces derniers temps à Anjouan. La violence est d’abord verbale, un échange de mots qui devient par la suite un conflit qui entraîne trop souvent à des agressions, y compris d’innocents. Les agresseurs ont tendance à utiliser des armes blanches et tout porte à croire que leur intention est de tuer. Les violences de ces derniers temps ont pour origine une certaine frustration sociale ou politique et même la crise économique, surtout l’angoisse due aux pénuries.
Cette violence se mesure dans les lieux publics pendant les discussions habituelles en groupe dans les quartiers, à l’occasion des débats sur différents sujets de la vie et sur le quotidien. Ces jours-ci, ces échanges finissent souvent en disputes ou en bagarres. Ce phénomène s’est amplifié juste après les dernières élections, celles du 14 janvier dernier, car l’île fait face à des tensions depuis la proclamation des résultats. Cela a créé un environnement d’insécurité puisque même la gendarmerie n’arrive pas à avoir le contrôle de la situation. Chacun a pu le constater lors du conflit entre les habitants d’Ouani et ceux de Barakani. La gendarmerie est arrivée trop tard, les dégâts étaient déjà énormes.
En effet, actuellement, il semble que tout peut rapidement basculer dans des émeutes comme ce fut le cas à Ouani. Mais, aussi ailleurs. Que ce soit Mutsamudu, le chef-lieu de l’île, ou Barakani en passant par Mirontsi, toutes ont été confrontées à des violences liées à des conflits.
Ces conflits qui se sont amplifiés ont tiré l’attention de la société civile anjouanaise. Le président de la Maison des Organisations de la Société Civile (MOSC), Ahmed Malide et d’autres membres de l’organisation de la société civile anjouanaise ont décidé de se réunir afin de réfléchir aux moyens de lutter contre ces violences et restaurer le vivre ensemble. Conscients du danger de voir la paix et la stabilité de l’île être menacées, ils ont décidé de lancer un appel aux organisations concernées qui veillent au maintien de la paix ou du vivre ensemble dans les villes et villages qui se trouvent à proximité, et même dans les quartiers. En d’autres termes, la Société civile anjouanaise a décidé de s’unir contre les violences intercommunautaires et même interpersonnelles.
Réunion à la MOSC contre les violences intercommunautaires.
Une réunion de concertation sur le vivre ensemble s’est donc tenue à Mutsamudu le 22 juin dernier à la MOSC. Une initiative des différentes associations venues de toute l’île pour essayer de remettre sur les rails une coexistence pacifique dans les villes, villages et quartiers.
Dans la réunion, il y avait Ahmed Malide, président de la MOSC Anjouan, Youssouf Dainane de l’ONG Maecha, secrétaire général de la MOSC Anjouan, Sittina Echat Salim, directrice Régionale du genre à Anjouan et d’autres acteurs de la Société civile de l’île.
Pour le président de la MOSC, Ahmed Malide « le vivre ensemble est une condition fondamentale des droits de l’homme ». La Société Civile a constaté, avec regret, ce qui est une évidence, la flambée de violence dans l’île ces derniers temps, une violence qui menace la paix et la stabilité. Les violences sont identifiées partout dans l’île, au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de l’île. La société civile anjouanaise constate également l’absence de l’État dans la réparation des dégâts. Ce qui affaiblit les négociations et appauvrit la médiation.
À l’issue de la rencontre, les personnes présentes se sont penchées sur les faits actuels identifiés à Mutsamudu, Mirontsi et Ouani, mais chacun est conscient que le phénomène existe partout à Anjouan.
Chaque acteur s’est engagé à faire de son mieux pour maintenir la paix et stabilité de l’île. Et pour cela, ils se sont convenus de mobiliser toutes les organisations de la société civile, les acteurs sociaux et les structures de paix pour mener ensemble des actions de prévention et de lutte contre les violences dans les quartiers et dans les villages.