À 9 heures précises, 6 journalistes de médias de la place avaient répondu présents à l’invitation d’un « Jeûne médias » organisé le vendredi 31 mars 2023 dans le bureau du Coordonnateur Résident du Système de Nations Unies en Union des Comores, François Batalingaya, à la maison des Nations Unies, Hamramba.
Par Hachim Mohamed
Cette rencontre, qui avait pour thème « Les innovations en santé maternelle et infantile », a été modérée par le Coordonnateur résident par intérim et représentante de l’Unicef (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), le Docteur Mariame Sylla, en présence du secrétaire général du ministère de la Santé, le Docteur Saïd Anli Aboubacar, de la Coordonnatrice internationale du Programme de l’UNEPA Comores, Édith Flore Boni-Ouattara, qui en avait fait l’exposé oral, et quelques experts comoriens, qui étaient intervenus lors de la séance des questions.
Pour le Docteur Edith Flore Boni-Ouattara, les cliniques mobiles constituent une percée importante, une approche multisectorielle dans les innovations en soins maternels et infantiles, dans la mesure où elles permettent de sauver les vies des femmes qui donnent la vie, notamment celles en situation de vulnérabilité.
Le secrétaire général du ministère de la Santé, le Docteur Saïd Anli Aboubacar a abondé dans le sens du Docteur Édith Flore Boni-Ouattara : cette politique du Système de Nations Unies dans le domaine de la santé consiste à aller vers les patientes qui sont, du coup, dispensées de se déplacer, pour recevoir des soins gratuits, et cela génère pour les femmes et les enfants de la plus-value : « Vous rendez-vous compte ? Un “hôpitalˮ qui arrive chez moi ? Désormais, je ne vais plus partir à Mayotte », a-t-il commenté au sujet d’une Anjouanaise contente de ces innovations apportées par les cliniques mobiles.
Briser les obstacles ainsi que les difficultés d’accès des populations aux soins
S’agissant de l’enjeu de la clinique mobile et de son rôle pour les patients, selon la brochure remise aux journalistes, les prises de parole de quelques experts pendant la séance ou encore la documentation sur le sujet livrent une radiographie de ces découvertes porteuses d’innovations majeures.
C’est un « hôpital ambulant » qui fournit des soins de santé essentiels aux patients qui ne peuvent pas facilement accéder aux services médicaux dans leur communauté locale. Et cette clinique est conçue pour être accessible à toute personne dans le besoin, abstraction faite de son emplacement et de son revenu. Ce sont des soins gratuits dispensés à la population avec ou sans rendez-vous, notamment pour des familles à faible revenu qui, sans ce service vital, pourraient autrement avoir du mal à payer les soins médicaux. En cas de pathologies décelées sur les femmes et les enfants pendant la consultation, les patients peuvent également être orientés vers des spécialistes et d’autres assistants médicaux de la communauté.
Autant dire que les cliniques mobiles brisent les obstacles économiques ainsi que les difficultés d’accès des populations aux soins de santé. Justement sur le chapitre des innovations en santé maternelle et infantile, les cliniques mobiles proposent une palette de prestations se traduisant entre autres par le test de grossesse, la contraception orale d’urgence, la vaccination, la distribution de condoms en plus d’écoute, accompagnement et conseils sur la santé.
50/1000 des enfants meurent avant 5 ans et 26/1000 pour bébés prématurés
Pendant sa présentation orale, le Docteur Edith Flore Boni-Ouattara a livré de chiffres édifiants sur les cliniques mobiles qui, pour les soins de proximité, sillonnent les rues de villages les plus reculées de Comores. À Mohéli, elles se sont déplacées sur 34 localités, avec un plan d’action de consultation décliné en 5 étapes de services fournis.
Dans le jargon médical, au commencement on fait état de 231 CPN1 (Consultation prénatale). Dans le sillage de ces prestations fournies, il y a eu 3 autres CPN, avec des chiffres qui vont pour chaque phase de la trentaine jusqu’à plus de centaines de personnes consultées (129,57 et 32), sans compter le nombre des actes d’échographie, qui s’élève à 229, les nouvelles utilisatrices de PF (préservatif féminin) à hauteur de 294 sur les 3969 distribués, ou encore le nombre de personnes sensibilisées à hauteur de 5194.
À Anjouan, 46 localités sont visitées par les cliniques mobiles. En CPN1, il y a eu 273 personnes consultées et pour les 3 autres phases de CPN, les chiffres établis selon les différentes opérations s’élèvent à des centaines de personnes consultées (351, 373 et 153).
Après le lancement de l’opération en février 2023 à Ngazidja, les données sur les prestations fournies par les cliniques mobiles sont mises en attente pour la simple et bonne raison que les déploiements sur le terrain dans l’île ont commencé il y a juste un mois, a expliqué le Docteur Saïd Anli Aboubacar.
Au-delà de ces données, en 2021, 230 bébés prématurés ont été pris en charge à l’Hôpital El Maarouf, nonobstant un taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans qui est de 50/1000, et le taux de mortalité néonatal à hauteur de 26/1000, a ajouté le Docteur Edith Flore Boni-Ouattara.
La dotation d’équipements de vidéoconférences et de l’énergie solaire
Avec les cliniques mobiles qui sont dotées d’infirmières et de médecins spécialement formés pour fournir des soins aux patients grâce à des technologies telles que la télémédecine et les dossiers médicaux électroniques, « Jeune média » a été l’occasion pour les experts de faire le focus sur l’instauration d’un environnement propice à l’innovation afin de permettre l’émergence et la diffusion de nouvelles technologies.
Sur ce volet de taille, les structures de santé du pays sont dotées de moyens informatiques, et des points focaux sont formés. C’est ainsi que, sous l’égide du ministère de la Santé et les Directions régionales de la Santé, sept structures sanitaires et programmes sont dotés d’équipements de vidéoconférences et de l’énergie solaire.
Sur la base de ce plan stratégique pour l’amélioration de la qualité de données et la stratégie nationale de santé numérique, les experts qui sont intervenus dans les échanges sont unanimes sur les indicateurs, que ce soit dans la collecte, l’analyse et le partage de données aussi bien que les formations en ligne, le suivi de dossiers médicaux dans certains cas, la gestion des urgences, etc.
Les cliniques mobiles se heurtent cependant à des écueils aux Comores
Contrairement aux atouts de la santé numérique, les Comores présentent une série d’handicaps. Les déplacements de cliniques mobiles dans les localités présupposent un endroit avec un accès facile aux patients, un stationnement adéquat en plus de disposer d’une bonne infrastructure afin que les patients puissent se rendre rapidement à la clinique. Sur ces revendications, le Docteur Saïd Ali Aboubacar a fait état de certains villages d’Anjouan qui manquent cruellement de routes, d’électricité et d’autres infrastructures. De ces localités, il y en a même une qui a découvert, il n’y a pas longtemps la construction de ces tronçons routiers.
Ces obstacles posent sérieusement problème dans les opérations de cliniques mobiles. Dès lors, contribuer à l’amélioration de la mobilité par des investissements importants dans ces secteurs stratégiques est on ne peut plus nécessaire pour cette approche de soins qui entend donner au modèle médical en vigueur un nouveau relief, a-t-il insisté.
Tenant compte de ces raisonnements et facteurs, les innovations en santé maternelle et infantile génèrent certes de la plus-value, mais elles présentent aussi une moins-value dans la mesure où, sur le terrain, les cliniques mobiles se heurtent à des écueils aux Comores.