Anjouan ne sort toujours pas des cycles de violences. Après les affrontements entre Mirontsy et Ouani, puis entre Ouani et Barakani, cette fin d’année a été marquée par les violences entre Comoni et Mirondroni dans la région de Nyumakele.
Par Mouayad Ahmed
Anjouan, souvent décrite comme un lieu de traditions et d’hospitalité, semble porter également le fardeau de conflits récurrents entre ses régions. Ces tensions, parfois latentes, s’expriment violemment, comme ce fut le cas entre le 29 et le 31 décembre 2024 dans la région de Nyumakele, où les villages de Comoni et Mirondroni ont été secoués par des affrontements.
Ces violences ont laissé des traces profondes, tant matérielles qu’humaines. Des maisons et des boutiques ont été saccagées, et même les infrastructures éducatives n’ont pas été épargnées. L’ex-directeur du groupe scolaire Djitihadi de Comoni déplore que son établissement ait subi des dégradations. « C’est malheureux de voir un lieu d’éducation touché par de tels actes », s’indigne-t-il.
La jeunesse : catalyseur ou victime ?
Selon Kiwamiddine Chibaco, un habitant de la région, ces tensions trouvent souvent leur origine dans les soirées festives organisées entre jeunes. Cependant, un autre facteur semble exacerber ces conflits : les jeunes délinquants refoulés de Mayotte. En arrivant sur l’île, certains d’entre eux tenteraient d’instaurer des comportements déviants inspirés de leur passage sur l’île voisine.
Les violences entre Comoni et Mirondroni illustrent un problème plus large. Un incident récent a impliqué un jeune de Kiyo qui aurait poignardé un habitant de Comoni. Ces événements reflètent une insécurité généralisée dans la région, alimentée par des actes de délinquance répétés.
Une réponse tardive des autorités
Face à ces troubles, l’intervention des autorités locales a été jugée tardive. Le maire de la commune, originaire d’Ongojou, et son adjoint, originaire de Comoni, ont finalement réussi à convoquer les deux parties pour entamer un dialogue. Cette initiative a permis de calmer les tensions, mais elle soulève la question de la réactivité des dirigeants locaux face à ces crises.
Abdallah Dhoimirdine de la ville de Adda a tenu à rappeler un message essentiel : “Nous partageons tous la même île et les mêmes valeurs. Il n’y a absolument rien à gagner dans de telles agressions.” Ces paroles résonnent comme un appel à l’unité et à la préservation de la paix.
Une paix à reconstruire
Dans certaines régions d’Anjouan, des comités d’encadrement ont été mis en place pour prévenir et limiter les comportements violents. Ces structures communautaires, bien qu’encore embryonnaires, représentent un espoir pour instaurer un climat de sérénité.
Cependant, ces initiatives locales ne suffiront pas sans un engagement politique plus ferme. Alors que les élections législatives et municipales approchent, les candidats doivent reconsidérer leurs priorités. Au lieu des promesses habituelles, il est temps de proposer des solutions concrètes pour endiguer la violence et rétablir la paix, non seulement dans les discours, mais aussi dans les actes.
Un avenir commun
L’île d’Anjouan, malgré ses divisions apparentes, partage une histoire et des valeurs communes. Les conflits interrégions, bien qu’ils reflètent des tensions réelles, ne doivent pas définir l’avenir de l’île. Les jeunes, souvent accusés d’être au cœur des violences, sont également les premières victimes d’un manque d’encadrement et d’opportunités.
Pour envisager un avenir pacifié, il est impératif de mettre en place une politique sérieuse et inclusive, axée sur l’éducation, la prévention et la cohésion sociale. Car avant tout, c’est la paix qui doit gouverner Anjouan, dans ses régions, ses quartiers et ses cœurs.