À l’approche de l’aïd, certaines personnes parlaient avec espoir de la libération de l’ancien président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et de l’ancien Gouverneur d’Anjouan Abdou Salami par une grâce du chef de l’État, Azali Assoumani. L’un et l’autre demeurent en prison par la seule volonté du dernier.
Par MiB
L’ancien président de l’Union a été arrêté le 18 mai 2018 sur ordre du Secrétaire général du ministère de l’Intérieur pour trouble à l’ordre public, pour s’être trop fait applaudir devant la mosquée de Moroni, à un moment où les citoyens quittaient d’autres mosquées quand le chef de l’État y entrait ou souhaitait diriger la prière. Le pauvre Saïd Abdou Djae devra assumer devant l’histoire une première injustice envers cet ancien Président, puisque son ministre de tutelle, Mohamed Daoudou dit Kiki n’a pas eu le courage d’assumer cette décision gouvernementale lui-même.
Après un placement en résidence surveillée, le 20 août 2018, il est inculpé et mis en détention pour « corruption, détournement de deniers publics, complicité de faux et usage de faux » dans une chambre de la même résidence, transformée par arrêté du ministre Mohamed Houssein Djamalilaili en annexe de la prison de Moroni. C’est le même Mohamed Houssein qui disait que Mohamed Sambi ne sortirait de prison que par la volonté du chef de l’État. Le même qui est allé devant la Commission des Droits de l’Homme, en compagnie de la présidente de la Commission des Droits de l’Homme et des Libertés, Sittou Raghadat Mohamed, expliquer qu’aux Comores toutes les institutions démocratiques fonctionnaient normalement et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour les libertés individuelles.
Mohamed Sambi a été finalement jugé pour « haute trahison » par la Cour de Sûreté de l’État, une juridiction qui avait cours au temps de la dictature et des mercenaires et qui a été abolie, comme les avocats de la défense l’ont clairement démontré pendant ce procès. Le procès a été de l’avis de tous un naufrage pour la justice comorienne. Il a montré les insuffisances en matière de procédures de la part des juges comoriens, mais aussi que la Justice n’avait aucune sorte d’autonomie vis-à-vis du pouvoir en place.
Aucune loi ne cadre la haute trahison et ne prévoit donc de peine. Le pouvoir a trouvé bon de se débarrasser définitivement de son principal opposant politique en le condamnant à perpétuité et en lui enlevant tous ses droits civiques. Une peine qui ne repose sur aucune base légale dans le droit comorien.
Il est donc vain d’espérer à chaque occasion qu’Azali Assoumani sortira Mohamed Sambi du trou où il l’a poussé. Surtout dans cette période où le chef de l’État, son gouvernement et le parti présidentiel (CRC) mettent en place les éléments qui doivent leur permettre de conserver tous les pouvoirs encore une fois, pendant les élections qu’ils ont prévues en 2024. Azali ne libérera jamais Sambi, à moins que ce dernier ne se mette à genoux pour le supplier, s’il ne demande pas clairement la grâce en reconnaissant toutes les accusations que le gouvernement lui a mises sur le dos. Et surtout en promettant de ne plus se mêler de politique. S’il pouvait promettre de partir en exil hors du pays, ce serait un pas de plus vers sa libération.
C’est la méthode qui a été employée jusqu’à maintenant pour tous les prisonniers politiques, même si Abdallah Agwa, l’ancien journaliste continue de dire qu’il n’a pas demandé la grâce et surtout refuse de se taire, et qu’Ahmed Barwane demeure sur l’échiquier politique avec des discours mettant à mal le gouvernement.
Tant qu’Azali Assoumani est au pouvoir, Mohamed Sambi et Abdou Salami ne pourront pas sortir des prisons dans lesquelles Azali les a poussés que s’ils font amende honorable et reconnaissent toutes les accusations portées contre eux par le pouvoir exécutif. De cela, les deux hommes ne semblent pas (encore) prêts.