ARTICLE DE FAÏZA SOULÉ YOUSSOUF, publié avec son accord.
Ces deux chefs de cellule du syndicat des Transporteurs accusent la direction de Usukani wa Masiwa « de les avoir trahis ».
Houssam Ali, surnommé Angou de la ligne Hambou Djumwapanga et Faissoil Bacar vice-président de la cellule de Washili sont amers et déçus.
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Le constat est sans appel, depuis la hausse du carburant et sa répercussion sur les frais de transport, les Taximans roulent à perte. Houssam Ali, qui a une Dacia a désormais un chiffre d’affaires de 8000 francs par jours contre 15 000 avant la hausse. Faissoil Bacar lui dit que son bus vient à Moroni avec des passagers, il repart à vide « dès 14h00 ».
Ils ont compris que l’augmentation des frais de transport est une fausse bonne idée. « Les Comoriens marchent désormais, ils ne prennent plus de taxis. On peut traverser Moroni du Nord au Sud avec un seul passager dans le véhicule » a assuré Angou qui était très en colère.
Ces deux-là ont compris que la seule solution pour sauver « leur pain » est l’annulation de la hausse du carburant. Un mouvement de grève devait avoir lieu initialement lundi puis a été reporté ce jeudi. « Je ne sais pas si nos dirigeants ont été corrompus, mais je sais qu’ils ont reçu des pressions énormes pour qu’il n’y ait pas grève », a dit Faissoil Bacar. Angou lui est plus affirmatif: « ils ont été corrompus, ils nous ont trahis » a t il dit avant d’énumérer les noms « des traîtres ».
La grève n’a pas eu lieu. « Les 12 cellules de Ngazidja étaient d’accord pour qu’elle se fasse parce que partageant le constat que nous travaillons à perte. Les Comoriens reprendront de nouveau les transports en commun quand les prix reviendront à la normale », croient-ils savoir. Pour qu’ils reviennent à la normale, il faut un rapport de force. « Seulement nous ne sommes plus que 2 dans ce combat. Mais nous tenons à ce que les Comoriens sachent que nous les comprenons, que nous sommes avec eux. Nous gagnerons seulement si les Comoriens ne sont pas perdants. Dites-leur que nous sommes désolés. Nous avons voulu jusqu’au bout annuler cette hausse pour qu’à notre tour, les frais de transport soient revus à la baisse », a martelé le chef de la Cellule de Hambou Djumwapanga.
Dans les stations-service, les clients sont plus rares. « Ceux qui mettaient entre 20 et 40 litres ne mettent plus que 5 litres », assure ce pompiste travaillant au nord de la capitale . Le propriétaire d’une station-service affirme avoir « enregistré une diminution du volume de vente d’environ 8% pour l’essence et 15% pour le gasoil ».
Un journaliste de la presse écrite a déclaré ne venir au boulot « qu’en auto-stop. Il m’arrive de m’y rendre à bord d’un camion ».
La situation est très compliquée. La circulation est naturellement plus fluide à Moroni. Les habitants des localités voisines de Moroni s’adonnent plus à la marche désormais. « Tôt le matin, on voit des parents ramenant leurs rejetons à pieds pour l’école. Ils marchent pour pouvoir leur assurer le goûter de la récréation ».