Depuis quelques mois, une réorganisation de l’administration a été observée, matérialisant ainsi les promesses de campagne souvent évoquées par le gouvernement. Il est désormais évident que l’on assiste à un rajeunissement notable de l’administration. En effet, le gouvernement a adopté une nouvelle approche, plaçant sa confiance en la jeunesse. C’est ainsi qu’une série de décrets a conduit à la nomination de ministres, de directeurs généraux et de secrétaires généraux jeunes. Cette dynamique reflète une volonté de renouveau qui constitue le cœur de la politique du parti au pouvoir, lequel aspire à accompagner le pays vers son émergence d’ici 2030.
Par HOUDAIDJY SAID ALI, Juriste Publiciste et Internationaliste, Paris- France
Parmi les changements significatifs, on note la création d’un nouveau ministère : celui de la Promotion du Genre, de la Solidarité et de l’Information. Ce domaine, autrefois rattaché au ministère de la Santé sous forme de commissariat, a gagné en autonomie grâce à la volonté du chef de l’État. Cette décision s’explique par la diversité et l’ampleur des missions qui incombent à ce ministère. Pour incarner cette nouvelle responsabilité, le chef de l’État a accordé sa confiance à Fatima Ahamada. Figure publique bien connue, elle s’était illustrée à la télévision nationale en tant que présentatrice du journal. Aujourd’hui, elle occupe le poste de ministre de la Promotion du Genre, de la Solidarité et de l’Information, tout en endossant également la fonction de porte-parole du gouvernement de l’Union des Comores.
Quelques mois après sa nomination, des attentes fortes ont été placées en elle, avec la demande pressante du gouvernement de mettre rapidement en place l’organigramme de son ministère et de répondre aux objectifs assignés. C’est avec rigueur et détermination que la ministre a relevé ce défi. En tant que femme, elle incarne parfaitement la cause de la promotion du genre et aspire à devenir une figure majeure de la défense des droits des femmes aux Comores. Parmi ses priorités, on retrouve la lutte contre les violences faites aux femmes, la réduction des discriminations et l’attention portée aux personnes handicapées ainsi qu’aux populations les plus vulnérables du pays. Pour ce faire, elle n’a pas hésité à entrer en contact avec de nombreuses organisations non gouvernementales et institutions.
Récemment, lors d’une conférence au ministère des Affaires étrangères, une commission des droits de l’homme a soulevé des questions relatives au genre, notamment en lien avec le respect du protocole de Maputo, qui garantit les droits des femmes. Ce protocole a été honorablement représenté par le ministère de la Promotion du Genre, qui a fourni des rapports détaillés à la délégation de l’Union africaine. Ces rapports, témoignant du travail accompli par la ministre, ont été largement salués, notamment pour leur conformité aux engagements internationaux que le président de la République a jugé essentiel de respecter. Ces premiers résultats démontrent les efforts notables de la ministre depuis son entrée en fonction.
Des jeunes talents inspirants
Dans le cadre de son engagement, la ministre a mis en place des politiques concrètes pour lutter contre les inégalités entre hommes et femmes, tout en promouvant l’autonomisation des femmes. C’est dans cette optique qu’elle a été particulièrement inspirée par une jeune femme remarquable, accomplissant de nombreuses actions. Elle a jugé pertinent de l’inviter au sein de son ministère afin de souligner le message fort qu’elle adresse à toute la communauté comorienne, une communauté où subsistent des complexes d’infériorité, la stigmatisation et le sexisme.
La ministre répète régulièrement à son cabinet que cette jeune femme représente une véritable vitrine, une lanterne destinée à éclairer le chemin des autres femmes. Elle insiste sur l’importance pour les femmes de rechercher la paix intérieure, de ne pas se laisser freiner par les préjugés et d’aller de l’avant. Selon elle, la femme doit aspirer à son indépendance, prouver qu’elle peut réussir tout autant que les autres, car elle est un être humain à part entière, doté de droits et d’obligations.
Elle a également rappelé que les Comores ont ratifié de nombreux instruments juridiques internationaux prônant les droits des femmes, et qu’en tant que pays démocratique, elles respectent les valeurs universelles et les libertés fondamentales. La ministre a particulièrement été marquée par l’exemple de Maesha Saadi, une athlète qui a fièrement représenté les Comores aux Jeux olympiques. Elle la considère comme une ambassadrice exceptionnelle, porteuse de l’espoir de toutes les femmes comoriennes. Elle a d’ailleurs souligné l’importance de persévérer et de ne jamais baisser les bras, rappelant l’interview de Maesha où elle confiait qu’elle n’était pas destinée à devenir nageuse, mais qu’elle a appris à aimer ce sport et à représenter son pays avec succès. La ministre, Fatima Ahamada, a exprimé sa grande fierté envers Maesha Saadi, ajoutant que cette réussite personnelle lui rappelle son propre parcours, elle qui fut journaliste avant de devenir ministre de l’Union des Comores. Elle a conclu en affirmant que « le rêve est permis ».
Par ailleurs, la ministre a également mis en avant l’exemple inspirant de Moumbaazi Said Ali, un jeune athlète handisport qui, malgré son handicap, a représenté les Comores avec fierté aux Jeux des îles de l’océan Indien à Maurice, où il a remporté une médaille d’or en décembre 2022. Sans club ni encadrement professionnel, il s’entraînait seul avant d’être contacté par les autorités comoriennes pour porter les couleurs du pays. La ministre voit en lui, ainsi qu’en d’autres jeunes talents, un symbole du potentiel immense que recèle la nation. Elle a loué son courage et sa détermination, malgré les défis. Moumbaazi lui-même ne se considère pas comme handicapé, estimant que tant qu’il a un cerveau pour réfléchir, il est capable de tout. Il pratique même le football avec ses proches et excelle dans les tirs, utilisant son pied malformé, opéré à plusieurs reprises à Madagascar durant son enfance.
La ministre Fatima Ahamada a salué également le soutien inébranlable du père de Moumbaazi, un homme dont le courage est tout aussi admirable. Elle souhaite encourager ces jeunes talents en les appelant à persévérer et à inscrire leurs actions dans sa vision d’un avenir prometteur pour les Comores, car cela s’inscrit dans les questions de genre et de solidarité.