La présentation des vœux au chef de l’État s’est réduit ce mardi 18 janvier à une conférence de presse pendant laquelle il a fait le point sur la situation de la presse, puis a laissé les représentants des médias lui poser des questions sur l’actualité. Par MiB
La rencontre avec la presse mardi 18 janvier a été pour le président Azali Assoumani la dernière cérémonie de vœux aux corps constitués. Celle-ci a été transformée en conférence de presse, comme le précise le chef de l’État dès le début de son discours introductif : « Par la tenue de cette Conférence de presse, je vais clôturer la série des présentations des vœux aux Corps constitués. »
Le discours du président du Syndicat National des Journalistes aux Comores (SNJC) lui ayant été probablement remis avant la cérémonie, il y répond avant même que Chamsoudine Saïd Mhadji ne le prononce au nom des journalistes.
Le président Azali a annoncé qu’il avait signé le matin même le décret promulguant la loi « portant code de l’Information et de la Communication ». Cette loi avait été votée par les députés après des séminaires avec des journalistes, le 8 juin 2021, soit sept mois auparavant, ce qui montre une certaine résistance à la promulguer. La descente vertigineuse du pays au classement de Reporter sans Frontière l’année dernière a pu finir par le convaincre. Il rappelle que la presse est libre, à condition de respecter les règles et lois du pays, insiste-t-il.
Azali Assoumani a répondu également à la question du renouvellement du mandat du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), « chargé de la régulation et du développement de la presse et de la communication audiovisuelle » dont le mandat de 4 ans est terminé depuis longtemps. Il a promis que de nouveaux conseillers allaient être désignés pour assumer leurs missions « en toute indépendance et impartialité ».
Il annonce enfin un « fonds d’appui aux médias », un fond qui est en somme l’arlésienne de la presse, annoncée à plusieurs reprises, jamais mis en place.
Après les réponses apportées par le président Azali, certaines questions posées par le président du SNJC (promulgation de la loi, CNPA…) semblaient sans intérêt, conséquence de l’inversion des interventions. Chamsoudine Saïd Mhadji a tout de même rappelé au chef de l’État la mort prématurée de son prédécesseur, le journaliste Ali Abdou et le fait que « malgré l’obscurité qui entoure les circonstances de son décès, la justice a bâclé et classé l’enquête sans suite ». Le syndicat, persuadé qu’Ali Abdou a été assassiné et qu’il y a un complot pour enterrer l’affaire, avait annoncé, il y a quelque temps qu’il ne « lâcherait » pas tant que l’enquête ne serait pas réouverte. Mais, depuis, il n’a mené aucune action dans ce sens.
Le discours du syndicat est un patchwork de plusieurs revendications anciennes et nouvelles, mais sans véritable colonne vertébrale, sans philosophie. Il a juste juxtaposé les problèmes que ses collègues lui ont soumis, bien qu’il n’y avait pas, cette année non plus, unanimité pour que les journalistes participent à cette cérémonie.
Parmi les affirmations hasardeuses du président du SNJC, on peut trouver cette idée de mettre sur le même plan l’opposition et le gouvernement dans la répression ou la pression contre les journalistes. On peut se poser la question de savoir de quels moyens dispose l’opposition pour menacer des journalistes qui ne s’intéressent qu’en marge à ce qu’elle dit et fait, de peur qu’ils ne soient classés comme soutenant les opposants au régime en place. « Nous avons constaté que certains leaders de l’opposition mais aussi certains membres de votre gouvernement comme l’actuel Ministre des finances tentent d’embastiller de détourner et d’intimider les médias… » affirme-t-il. C’est une idée qui a été parfois évoquée par le coordonnateur de la communication à Beit-Salam, Ahmed Ali Amir, notamment dans sa dernière interview dans La Gazette (30 avril 2021). Pour atténuer les méfaits du gouvernement dans ce domaine, il suffit de dire qu’il n’y a pas que le gouvernement et que cela ne date pas seulement d’aujourd’hui.