L’avocat de l’ex-président Sambi et sa famille ont appris aux médias que la santé de celui-ci se dégrade, du fait de la prison dans laquelle il est maintenu par le gouvernement, malgré que sa période de détention provisoire ait expiré. Mounawar Ibrahim
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La santé de l’ancien président de la République, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, en détention dans sa résidence de Voidjou, transformé par arrêté ministériel en annexe de la prison de Moroni,est très préoccupante selon son avocat, Me Mahamoud. Sambi est gardé en prison depuis le 19 mai 2018, d’abord pour trouble à l’ordre public, puis dans le cadre de la fameuse affaire de la « citoyenneté économique ». L’avocat de l’ancien président s’est montré très inquiet vis-à-vis de la détérioration progressive de la santé de son client. « Je peux vous confirmer que l’état de santé de mon client, Sambi se détériore. Cela fait presque douze mois qu’il est en résidence surveillée et je n’ai jamais vu son état de santé se détériorer comme cette fois-ci. », martèle-t-il sans le moindre détour.

« Un sursaut d’humanité »
Cette information a vite été reprise par presque tous les médias de la place ainsi que la blogosphère comorienne dans sa totalité. Des personnalités de tout bord se sont exprimées sur la question pour exiger de la part du gouvernement un « sursaut d’humanité » sur cette situation. L’hypermédiatisation du cas Sambi n’a effectivement pas laissé indifférents le parquet de Moroni et le gouvernement qui ont essayé à tour de rôle de relativiser, mais surtout de calmer les ardeurs des uns et des autres. Pour le gouvernement, qui a réagi dans la foulée à travers son porte-parole, M. Houmed Msaidié, la démarche entreprise par le clan Sambi, en l’occurrence son avocat, est seulement politique. « Me Mahamoud ne réagit pas comme un avocat. Il fait de la politique ». Le ministre de l’Économie a souligné que son avocat n’est pas son médecin et que l’ancien président qui est sous la responsabilité du gouvernement aura tout soin que les médecins exigeront et seulement eux. Le procureur de la République a ensuite pris les devants pour tenter de donner sa version des faits. Pour lui aussi,il n’y a pas lieu à s’inquiéter pour la santé de l’ancien président. Il a surtout affirmé ne tenir compte que des examens cliniques des médecins qui concluent que l’ancien président ne présente aucun signe de détresse vitale. Le magistrat a toutefois admis que le détenu en question est bel et bien malade, mais que rien de si grave pour nécessiter des mesures particulières. Encore moins une hystérie de la part du public.
Des menaces sur MaîtreMahamoud
Sur ce dernier point, Mohamed Abdou, bien en phase avec Houmed Msaidié, porte-parole du gouvernement, s’est montré ferme et très prévenant. « Je me demande réellement si Maitre Mahamoud défend les intérêts de son client ou fait de la politique », martèle-t-il avant de poursuivre : « J’ai l’impression qu’il ne joue pas son rôle d’avocat.Il cherche à provoquer des troubles à l’ordre public et je ne le laisserai pas faire.Nous allons prendre nos responsabilités.Il doit réagir en tant qu’avocat en suivant les procédures pour défendre les intérêts de son client ».
La famille de l’ancien président n’a pas non plus gardé le silence sur un sujet qu’elle juge préoccupant. À travers un communiqué, les proches de Sambi ont dénoncé de façon générale, le traitement médical « inapproprié et dangereux » selon eux, réservé à l’ancien président durant sa détention. La famille du fondateur du parti Juwa a dit s’être basée sur les avis de plusieurs médecins pratiquant en France et aux Comores pour conclure que la santé de Sambi est quelquefois mise en danger. « Nous venons de confirmer que les docteurs Ben Imane et Said Moussa ont effectué des examens médicaux sur notre parent pour déterminer son état de santé… ces derniers lui ont effectué deux prises de sang au niveau fémoral, c’est-à-dire au niveau du bas ventre… Nous dénonçons avec force et vigueur ces examens médicaux dangereux, invasifs, non justifiés qui risquent de compliquer et de détériorer l’état de santé déjà fragile de Monsieur Ahmed Abdallah Mohamed Sambi…» peut-on lire dans le communiqué adressé aux médias. Ses proches ont aussi demandé qu’à l’avenir aucun médecin, à part son médecin traitant habituel, le docteur Adamou ou son remplaçant, ne fasse une intervention médicale sur lui.Cette affaire demande montre, en tout cas, une très grande vigilance de la part des parties concernées. La « jurisprudence » Morsi en Égypte hante toute personne éprise de justice. Les Comoriens déjà tiraillés entre un quotidien difficile et des fins de mois terribles n’ont pas besoin d’une crise supplémentaire qui pourrait engendrer de très graves conséquences. Il est de la responsabilité de chacun de penser au bien de tous.
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