Said Mohamed Cheikh est mort le 16 mars 1970. Les proches commémorent sa disparition chaque année depuis cinquante et un ans. Le Dr Said Ahmed Said Omar, médecin et petit neveu de Cheikh est parmi les Comoriens les plus passionnés par la vie de l’ancien président du Conseil de Gouvernement. C’est un fin connaisseur de la vie de l’homme politique et d’ailleurs il se désigne lui-même comme un « Cheikhologue ». Propos recueillis par Natidja Hamidou
Masiwa – Quelles sont les commémorations qui ont été organisées pour les cinquante et un ans de la disparition de Said Mohamed Cheikh ?
Said Ahmed Said Omar – Compte tenu des circonstances et de la situation sanitaire covid-19, la commémoration physique à son mausolée n’a pas eu lieu. Ce fut une commémoration spirituelle par tous celles et ceux qui ont voulu prier pour lui en lisant la sourate Ya-sin dans leurs foyers. J’ai également constaté que le journal national Al-watwan n’a pas dérogé à sa tradition en lui rendant hommage cette année comme chaque année d’ailleurs. Beit Salam pour la première fois a publié un communiqué laconique sur son 51e anniversaire de sa disparition. Sinon ce qui m’a le plus surpris ce sont les réseaux sociaux qui ont partagé cette année plus de 450 fois un vieil article ainsi que des photos que j’ai publiés il y a un an.
Masiwa – Est-ce qu’il y a eu moins de commémorations dans les villes et dans les médias comoriens ces dernières années ?
S.A.S.O. – Les commémorations du 16 mars ont toujours eu lieu que ce soit d’une part par ses amis, fidèles politiques ou sa famille en allant se recueillir à son mausolée sauf bien sûr cette année étant donné la crise sanitaire ; et d’autres part les journaux, la radio et télévision nationaux le font aussi, sans oublier les villes de Moroni et Mitsamihuli qui lui rendent hommage chaque année dans les mosquées le 8e jour de Muharam du calendrier de l’hégire.
Masiwa – En tant que petit neveu, qu’est ce qui pour vous est la plus grande œuvre de Saïd Mohamed Cheikh ?
S.A.S.O. – Je ne pense pas parler ici comme petit-neveu du président Cheikh, car d’autres sont plus à même de parler de lui, ses enfants, son gendre ou son neveu mon père qui est aujourd’hui le patriarche de la famille. Je parle ici en tant que « cheikhologue » si je puis m’exprimer ainsi. Je m’intéresse à son œuvre, mais aussi les œuvres, le parcours de beaucoup d’hommes politiques qui ont marqué l’histoire des Comores comme cheikh Ahmed Kamaridine de Mbeni. La plus grande œuvre, il y en a beaucoup. L’acte fondateur de l’État comorien en le détachant de Madagascar, le statut évolutif de l’autonomie interne vers l’Indépendance, la scolarisation des filles rendue obligatoire, la réforme du grand mariage, la création d’une fonction publique comorienne et la comorianisation des cadres, etc., la lutte pour la reconnaissance et le respect de la personnalité comorienne dans le monde.
Masiwa – Pourquoi les Comoriens doivent se souvenir de lui ?
S.A.S.O. – Les Comoriens doivent se souvenir de lui comme modèle à suivre pour leurs enfants. Il a été le premier en tout. Premier étudiant, premier médecin, premier député, premier président comme l’a rappelé le ministre des Affaires étrangères malgache, Jacques Rabemananjara à son éloge funèbre. Si les Comores avaient cent hommes politiques comme le président Cheikh, on n’en serait pas là.
Masiwa – En quoi cette personnalité a, selon vous, marqué l’histoire des Comores ?
S.A.S.O. – Il a marqué l’histoire par son parcours exceptionnel. D’abord sur le plan professionnel et puis politique durant vingt-cinq ans non-stop. Je terminerai par citer monsieur Said Toihir, ancien commissaire de police de Singani et ami proche du président Cheikh, qui a composé un requiem en hommage au président Cheikh disant que les Comores ne t’ont pas donné naissance, mais c’est bien toi qui a donné naissance à ce pays.
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