Le constat est flagrant. Tous les «contre-pouvoirs sont neutralisés» et « seule la société civile tente de créer un espace de résistance». « Mais, elle n’a pas d’ancrage suffisant de mobiliser » l’opinion. Pourtant, « des voix s’élèvent pour critiquer une société civile « politisée » ». Ces critiques posent la question de la «perception » du « rôle des citoyens et des organisations». Le collectif de la 3ème voie en a fait le thème de sa 3ème table ronde au Centre Culturel Twamaya à Itsandra-Mdjini.
Le thème de cette 3ème table ronde épouse les interrogations du moment. Exposés au premier plan, du moins pour certains animateurs du Collectif de la 3ème voie, mieux connaître «la société civile», cette mosaïque d’organisations et identifier son rôle, dans cette période de confusion des genres, s’imposent. D’où l’invitation au débat au centre culturel Twamaya à Itsandra-Mdjini.
Sous la présidence de Kamal’Eddine Saindou, la table ronde est subdivisée en deux parties : 3 courts exposés sur l’historique de la société civile (Associations et émancipation sociale : 1968-1986, Le retour des citoyens sur la scène politique : 1990 à 2000, Mutation ou professionnalisation des associations ? Les années 2000) et Les nouveaux mouvements citoyens : cas de l’Afrique francophone (RDC, Sénégal, Burkina Faso) et le débat sur « quelle société civile aux Comores et quel rôle ?
Le débat sur la société civile est revenu sur le devant de la scène suite aux divergences par rapport à la pertinence et aux recommandations des Assises nationales. Le Collectif de la 3ème voie se revendique héritière d’Assises mais inclusives, historiques et déterminantes. Donc, il perpétue le débat afin d’y parvenir. Et ce genre d’atelier en est une contribution explique Kamal’Eddine en introduction. Avant les années 70, on ne parlait pas de société civile, mais de communautés de citoyens, à travers les associations. Mais vers la fin des années 60, les mouvements des jeunes ont pu imposer des combats par le bas, contre l’Etat colonial. Ce qui a conduit à la prise de conscience politique de cette emprise coloniale (Asec, msomo wa nyumeni..).
Des mouvements qui ouvrent la voie à des remises en question de l’ordre social, de certains éléments du pouvoir coutumier et pour une liberté de pensée, d’expression, et un esprit d’égalité homme-femme, révolutionnaire à l’époque. Par exemple, « L’Ifac a été la première à organiser des manifestations publiques réunissant des hommes et des femmes. Il suffit de penser que des hommes et des femmes sont partis au maquis pour se rendre compte de la situation ». La faiblesse des partis politiques et le besoin de partenaires crédibles de la part des bailleurs ont contribué à l’implantation de la société civile dans sa diversité, ce dans le processus de consolidation de la démocratie. D’ailleurs, elle a été partie prenante dans toutes les conférences nationales.
Le rôle de la société civile n’est pas figé. Il évolue et s’adapte au contexte. Aujourd’hui, elle s’inscrit dans la dynamique, voulue par l’esprit initial des Assises, qui recommandait de réfléchir sur le devenir du pays. Pour l’existence de cette société civile, il faut au préalable «deux critères, une autonomie du secteur associative par rapport à l’Etat et aux bailleurs, et une notification des arrêts publics».
Samia AbdoulMadjid a abordé la diversité et la complexité de la société civile, s’interrogeant sur une possible mutation surtout à partir des années 2000 avec l’implication des bailleurs de fond. Ces derniers ont financé des structurations, avec des formations afin de renforcer les capacités de la société civile dotée de super structure, les Mosc. Le constat est fait. La société civile, loin de constituer une force demeure émiettée.
Quant à Ahmed, il a rendu compte de sa participation à un atelier sur les nouveaux mouvements africains. A la lumière des différentes expériences, il s’interroge sur la nécessité de mobiliser d’autres moyens d’actions pour la société civile.
Mme Abbas revient sur le besoin de redéfinir la notion de société civile. Car depuis quelques années, c’est devenu un produit d’appel, concourant à l’accès à des financements de projets communautaires ou à des besoins ponctuels.
Le débat est lancé entre la vingtaine de participants provenant d’associations et d’organisations différentes.
Par BIM