Aucune magie féminine sur la candidature de Sitti Farouata aux élections du poste de gouverneur. Elle est vécue comme un non événement. Pourtant, c’est la première femme a brigué ce poste. Le paradoxe fait que les femmes actives comoriennes n’arrêtent pas de réclamer des droits d’égalité aux hommes. Paie-t-elle le fait du «tout sauf Azali»? Par Hayatte Abdou
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On parle souvent des femmes dans la politique comorienne. Ou plutôt de l’absence de femmes dans la politique du pays. La plupart du temps elles sont utilisées comme accessoires, pour faire jolie. Rien de plus. Elles sont toutes mises sur le banc, lorsqu’il s’agit de diriger. Sont les hommes qui occupent les postes à grande responsabilité et à pression maximum.
Depuis l’indépendance des Comores, une femme a siégé à l’assemblée nationale il s’agit de Hadjira Oumouri seule représentante dans ce lieu où on fait et défait les lois, là où des hommes statuent sur ce qui devrait changer ou être appliquée. Pourtant, la règle reste la même entre les hommes et les femmes. Toujours pas de place dans les hautes fonctions de l’État.
Toutes les femmes ont applaudit, «enfin, il était temps». Rien qu’une contre 32. Une grande avancée dans le domaine du genre, «au moins maintenant, nous pourront espérer». Mais Hadjira avait-elle une chance contre ces hommes, de faire un pas en faveur du genre?
Ça me laisse songeuse, pas sur.
2019, Sitti Farouata se porte candidate aux élections de gouverneur de l’île de Ngazidja. Certains partis politiques comme le FNJ a crié au scandale. «Une femme ne peut pas diriger». A se demander dans quel monde ses hommes vivent. D’autres qui préfèrent la tourner en dérision «c’est une foutaise». Mais dans cette tension misogyne, ce qui étonne c’est le silence des femmes envers la candidate de Sitti Farouata.
Silence radio, pas d’applaudissement, ni encouragement, ni engouement pour cette nouveauté, ni solidarité féminine comme on aime revendiquer cette «solidarité féminine». Rien. C’est un non événement.
On ne va pas se mentir, nous savons toutes pourquoi. C’est une question de crédibilité. Oui, elle a accusé le Président Azali de vol. Aujourd’hui ce dernier l’a choisi comme candidate. Personne n’y croit. Théorie de complot oblige. La plupart s’accorde à dire que ce choix du président-candidat est «une humiliation publique, lui donner une leçon, ou encore c’est juste pour gagner l’électorat féminin…». Cette dernière option semble la plus plausible.
Sauf qu’Azali Assoumani a su se faire détester par la population comorienne. Un ras-le- bol généralisé, une montée de colère d’une population qui se sent traînée vers le gouffre. Les femmes ne font pas exception.
Beaucoup de questions persistent sur l’alliance entre Azali Assoumani et l’ancienne commissaire au genre. Qu’est ce qui s’est passé? Pourquoi soutenir l’homme qu’on a accusé publiquement d’avoir dépouillé le peuple comorien? C’est quand même des accusations graves.
Mais les femmes comoriennes vont attendre pendant longtemps. Car aucune explication n’a été fournie par la candidate. Juste des excuses présentées au Président Candidat et un pardon accordé à l’ancienne commissaire au genre. Non suffisant pour des femmes qui sont connues pour avoir la rancune tenace. «C’est un manque de crédibilité, dit-on, ce n’est pas la femme représentative que nous voulons. Pour d’autres, elle n’est pas sérieuse». Du coup rien, aucun soutien ne se fait sentir.
Comme si le «tout sauf Azali» de l’opposition a eu des échos sur les femmes. En réalité, elles semblent avoir toutes oubliées que c’est une première, qu’elle est femme, battante, mère avant d’être candidate d’Azali. Elles ne voient qu’Azali, la candidate d’Azali, celle qui a accusé et qui s’est ravisée sans qu’on sache pourquoi. Quoi de plus légitime.
Mais si on fait un arrêt sur image, regarder la femme, son parcours, son professionnalisme, ses passions, son combat. Peut être que les choses seraient différentes. Les femmes se manifesteraient pour un soutien inconditionnelle, pour elle. Lui donner la chance, la mettre à l’épreuve.
Mais certainement, sont des actions faciles à dire qu’à faire. La conjoncture politique ne le permet pas. Mauvais ralliement, dira-t-on.
Connu pour être un stratège, machiavélique, Azali Assoumani, suscite le doute, la psychose pousse la population féminine à n’avoir aucun engouement pour cette candidature.
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