Dimanche dernier, les habitants de Nyamadza se sont réveillés sous les eaux. L’eau a envahi les routes et il était presque impossible de se rendre dans les localités voisines, Mitsudje et Selea. Les routes étaient impraticables. Seules les grosses voitures pouvaient prendre des risques et forcer le passage en se confrontant à la montée des eaux. Pour se rendre dans la capitale, Moroni, les habitants du sud de la Grande-Comore descendaient de leurs voitures particulières et montaient dans des bus, après avoir marchés à pieds jusqu’au pont de Nymadzaha. Ali Mbae
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Les pompiers de la sécurité civile, les journalistes, les autorités, les jeunes de ce village et ceux des villages proches se sont tous retrouvés dans un premier temps, dans la matinée, pour essayer de comprendre ce qui s’est passé en essayant de porter secours à la population touchée par les fortes pluies.
Plus tard la grande rivière s’est réveillée. Les pluies avaient redoublé. Pourtant, dans la journée, tout allait bien. Une situation qui ne dura finalement que quelque temps. La pluie repris de plus belle. Les inondations recommencèrent à grand pas. La situation dégénèra. « Nous n’avions pas assisté à de telles inondations depuis quelques temps. Il y a quelque chose qui cloche. Nous ne comprenons pas ce qui se passe. Mna Yipvesi, la grande rivière du village n’a pas l’habitude de déborder comme ça », racontait un vieux du village. Cinquante familles ont été évacuées vers Moroni. Ceratines maisons en tolle ont été détruites par les eaux. L’intempérie a semé la panique dans tout le village. La situation a duré presque 60 heures.
Premier bilan, 243 déplacées le même jour.
Accompagné par son gouvernement, le chef de l’Etat Azali Assoumani s’est rendu sur les lieux le lundi pour constater les dégâts survenus une semaine auparavant. La sécurité civile a fait son, premier bilan. On compte deux blessés, 243 personnes déplacées, 426 villageois affectés, 71 domiciles inondées et 42 autres personnes qui se sont retrouvées sans abri. Aucun décès n’est à déplorer comme l’a rappelé le chef de l’État.
« Nous avons entendu ce qui se passait depuis Mohéli et Anjouan, à travers l’internet. La région est exposée aux risques de ces rivières. Ces inondations ne datent pas d’aujourd’hui. Donc, je vous remercie tous d’avoir fait preuve de résistance. Nous nous engageons à trouver des solutions durables et qui éviteront les dégâts en cas de réchauffement de ces eaux. C’est le mieux que nous pouvons faire. Nous n’avons pas beaucoup de choses à dire mais nous avons un travail à faire », a promis le chef de l’Etat aux villageois dans une courte déclaration sur les lieux.
Origine du débordement
Tout commence au moment où la société française sise à Madagascar, qui est chargé de l’aménagement de la route menant Moroni vers Mitsudje décide de renforcer le canal où passe habituellement la rivière dénommée Mna Yipesi. Selon les informations qu’on a pu recueillir sur les lieux, les techniciens de EIFFAGE en concertation avec certaines personnalités de Nyumadzaha voulaient élargir la voie pour permettre aux eaux de filer vers la mer en passant par le pont qu’ils voulaient re-reconstruire. Mais hélas! Ils ont laissé des parties de terre et des déchets au milieu même du canal au lieu de les pousser vers d’autres lieux. La rivière n’a pas pu rouler sur son canal habituel. Cela a donné de la force à la rivière jusqu’à pouvoir détruire le canal construit depuis les années 1980, et où passait l’eau. La rivière a pu même creuser jusqu’à créer de grands trous formés comme des citernes. L’eau passait en force vers le centre du village. Ce qui a fait que les inondations ont fait beaucoup de dégâts matériels.
Toujours, des solutions palliatives
S’il est vrai que cette fois Mna Yipesi a fait beaucoup de débordements, il est à signaler que pendant ces dernières années les autorités sont restées avec des discours vides. Elles n’ont vraiment pas déployé les efforts nécessaires pour limiter ces dégâts. En 2012 ces intempéries et ces inondations avaient aussi provoquer d’énormes dégâts humains, moraux et surtout matériels dans plusieurs villes et villages de Bambao et de Hambou, deux régions proches du Karthala. Les décideurs avaient promis de limiter les dégâts à travers un fond de plus de 300 millions de francs comoriens au cas où un phénomène comme celui d’aujourd’hui surviendrait, selon un document rendu public par la vice-présidence en charge des finances et du budget de l’époque d’Ikililou. En tout cas, visiblement aucun travail n’a été effectué depuis.
Et ça se répète
Au lendemain de ce drame, les autorités ont dépêché un engin de chantier pour débarrasser les débris. Après trois jours de travaux, les ouvriers ne sont toujours pas arrivés sur les hauteurs situées près du karthala. Pourtant, c’est de là que viennent d’habitude les eaux.
Nous avons essayé d’approcher la société EIFFAGE qui a fait des travaux autour du canal et du pont pour avoir plus d’informations sur le déroulement de ces travaux mais pour l’instant, elle ne souhaite pas se prononcer.
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