Après la fixation des candidatures aux prochaines élections législatives, les autorités ont commencé à recevoir les listes candidates pour les municipales. Comme prévu, il n’y a aucune liste de l’opposition, toutes les listes appartiennent à trois partis en plus des « Indépendants » : la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC), Orange et RADHI. Mahmoud Ibrahime
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Le 9 décembre dernier, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié la liste des candidatures retenues provisoirement pour l’élection des conseillers municipaux le 23 février 2020.
Seulement trois partis ont présenté des listes dans les communes
Au total 172 listes ont été validées par la CENI pour ces élections municipales, dont 86 à Ngazidja (pour 27 communes), 78 à Anjouan (pour 20 communes) et uniquement 8 à Mwali (pour 6 communes).
L’ensemble de ces listes candidates sont portées uniquement par trois partis proches du gouvernement : CRC (30 listes), le parti du chef de l’État, Azali Assoumani, Orange (33 listes), le mouvement du ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou et Radhi (12 listes), le parti du ministre de l’Économie et porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidié. Le parti Orange est donc celui qui présente le plus de listes dans les communes. Le ministre de l’Intérieur sait que c’est par le biais des municipales en 2015 que son parti a pu être reconnu comme parti officiel, ayant réussi à engranger le maximum de voix, même en ne gagnant pas de municipales, mise à part la capitale.
La domination des listes indépendantes
On peut remarquer que les listes indépendantes restent les plus nombreuses, 97 listes au total. A Ngazidja les listes indépendantes sont majoritaires (47/86) et à Anjouan le rapport est encore plus élevé (48/78). Il est certain que parmi les listes indépendantes certaines se rallieront aux partis au bon moment.
La CENI a refusé 54 listes sur l’ensemble du territoire, ce qui est énorme. Plus de la moitié des listes refusées (28) souhaitent se présenter à la Grande-Comores, 19 à Anjouan et 7 à Mwali. Parmi, les listes refusées, 25 appartiennent à des personnalités qui ont choisi l’étiquette « indépendant », 14 à la CRC, partie du chef de l’État, 10 au parti Orange du ministre de l’Intérieur et 5 au parti RADHI du ministre de l’économie.
Les listes recalées
Certains ont fait appel et le dernier mot reviendra à la section administrative de la Cour Suprême, dirigée par Harimia Kassim et dont on rappelle que tous les membres ont été nommés par le chef de l’État, Azali Assoumani.
Parmi les recalés dans la capitale, il y a deux soutiens importants du gouvernement. Le premier est l’ancien président de l’île de Ngazidja, Abdou Soulé Mze qui avait été un opposant farouche d’Azali Assoumani. Récemment, lors du Congrès de la CRC, il a quasiment supplié le chef de l’État, avec lequel il a fait la paix depuis quelques années, de le soutenir soit pour les législatives soit pour la mairie. Il a finalement opté pour les municipales. Après la décision de la Cour Suprême, nous pourrons voir si le chef de l’État a entendu son appel.
Le deuxième recalé à Moroni est l’ancien député Abdoulfatah Saïd. Il est membre du parti Orange mais visiblement, il a un différend avec le chef du parti, Mohamed Daoud, le ministre de l’Intérieur puisqu’il s’est présenté sous l’étiquette « indépendant ». L’ancien ministre de la Justice, Abbas Mohamed Elhad, présent sur sa liste est monté au créneau pour démontrer que l’écartement ne repose sur aucun argument valable.
Une troisième liste avait été écartée dans la capitale, celle d’Abdallah Mohamed et dans laquelle se trouve un autre bras droit du ministre de l’Intérieur, avec lequel il serait actuellement en rupture, Amir Kiwane. La liste a finalement été repêchée avant de partir vers la Cour Suprême.
Une stratégie payante pour les syndicats
Les premières indications montrent que la stratégie de l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du pays a gagné une première bataille. Elle a été entendue puisqu’aucun ténor de l’opposition, aucun parti de l’opposition n’a présenté une liste, même en se cachant derrière l’étiquette « indépendant ». La plupart des « indépendants » sont en fait dans le camp présidentiel et vont donc s’opposer aux candidats officiels des partis présidentiels. La campagne risque d’être le pugilat entre les partis actuellement au pouvoir et cela se lit déjà dans la volonté d’éliminer certaines listes et certaines personnalités politiques.
Les Comoriens ayant perdu toute confiance sur l’organisation des élections qui se déroulent aux Comores depuis 2018, l’appel à un boycott le jour du vote risque d’être suivi par un grand nombre de Comoriens, ce qui n’empêchera pas que certains soient indiqués comme votants à la fin du processus, comme cela a été fait en 2018 lors du référendum sur la nouvelle constitution.
Comme en 2015, tout devrait se jouer à la fin du processus, d’abord les chefs de villages ou de quartiers (désignés par le gouvernement) qui rejoindront les conseillers municipaux élus pour désigner le maire. Ensuite, la Cour Suprême nous a habitués à confirmer la volonté du chef de l’État donc ce dernier devrait avoir le dernier mot dans la lutte au sein de la majorité présidentielle.
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