Les sirènes du président en suppléance, de retour de meeting font jaser. En a-t-il le droit? Les avis sont partagés malgré un code électoral qui paraît clair.
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]La présence du président par suppléance Moustadroine Abdou dans les meeting du candidat aux élections présidentielles Azali Assoumani et candidats à celles des gouverneurs des 3 îles suscite beaucoup d’interrogations. Les opposants croient que c’est une violation de la loi notamment le code électoral pendant que certains proches du régime et du candidat en question pensent que la question ne mérite même pas d’être posée.
Mais que dit le code électoral? Il est simple et claire. Son article 83, «de l’utilisation des moyens de l’État ou d’une personne morale publique» donne des éléments de réponse. « L’utilisation des attributs, biens ou moyens de l’État, d’une personne morale publique, des institutions ou des organismes publics, notamment ceux de sociétés, offices, projets d’État et d’institutions internationales, à des fins de propagande pouvant influencer ou tenter d’influencer le vote est interdite pendant 6 mois avant tout scrutin jusqu’à son terme, sous peine des sanctions prévues par le présent code. La CENI et ses démembrements veillent au respect, de cette disposition».
Et pourtant, le candidat Azali Assoumani avait multiplié les inaugurations et les poses de pierre avant de laisser le fauteuil présidentiel à son ancien vice-président de l’île d’Anjouan.
En tout cas, cet article que chacun des deux bords, opposants comme partisans du régime, et les juristes, l’interprètent chacun à sa manière.
Msa Abdou Elwahab Bacar, avocat au barreau de Moroni, pense qu’il y a un vide juridique. «La loi ne dit rien. C’est un comorien et pour cette qualité il a le droit comme tout autre comorien de battre campagne pour un candidat. Il est vrai qu’il est interdit d’utiliser les moyens de l’État à des fins électoralistes. Mais quels moyens? Dispose-t-on de preuves sur ce qu’on avance?» S’interroge ce maître de conférence à l’université des Comores.
Loin d’être satisfait de cette présence de la personne devant garantir le bon fonctionnement de toutes les institutions, Me Ahamada Mahamoud, candidat à ces élections anticipées croit que c’est un abus de la loi. «Quant Moustdroine se rend dans ces meeting, il part avec les voitures de l’État, amène des militaires d’ailleurs Azali aussi. Il n’ y a pas d’égalité, car nous utilisons nos propres moyens, nos voitures et notre carburant pendant qu’eux, ils utilisent ceux de l’État. On ne peut que déplorer ces pratiques. L’équité voudrait que chacun utilise ses propres moyens. Nous demandons à ce que la CENI prenne ses dispositions conformément au code électoral», s’insurge t-il.
Le directeur de campagne d’Azali Assoumani, Houmedi Msaidié ne voit aucun problème à cette présence. Il va même un peu loin. Il qualifie d’une ignorance «wu veké». «Avant tout, c’est un ministre qui assure une suppléance. Il n’est mentionné nulle part qu’il ne doit pas participer aux meeting. Il n’est pas candidat. Il a ses opinions politiques. Il doit aussi être gardé puisqu’il assure l’intérim du président. Il n’y a qu’ici qu’un candidat doit prendre congé pour se présenter. Je comprends les inquiétudes qu’il y a, mais seul le peuple a le dernier mot», conclut-il.
Pour la directrice de campagne du candidat Soilihi Mohamed, «il n’est pas normal qu’un président participe à un meeting. Déjà, le fait qu’il est appelé président en plein meeting, le jour de l’investiture de la direction de campagne suscite des doutes. C’est inadmissible qu’ils utilisent les moyens étatiques pour impressionner les gens. Ils peuvent intimider les administrés, les gens à travers l’État», commente-t-elle.[/ihc-hide-content]
Par Ali Mbaé