Candidat aux présidentielles, l’ancien gouverneur Mouigni Baraka Said Soilihi s’insurge contre «une dérive totalitaire» et compte réconcilier le pays. Mettant en avant ses «5 ans d’expérience» «positifs», il fait de l’éducation et de la santé ses priorités, après la réconciliation nationale. Et il sait que son successeur «n’a rien fait». Propos recueillis par Ali Mbaé
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
Masiwa: Pourquoi vous vous présentez dans un processus électoral, issu des assises et d’un referendum que vous n’avez jamais acceptés?
Mouigni Baraka Said Soilihi: D’abord, il faut voir et tenir compte de la situation actuelle du pays. Nous avons un président qui a conduit notre pays dans le chaos, constitutionnel, juridique. Il ne respecte aucun droit. Il a installé une haine politique et des conflits. Car j’estime que le fait qu’aujourd’hui le cycle de la tournante ne va pas à son terme jusqu’à Mohéli, c’est un élément de conflit. Anjouan et Mohéli attendent leur tour avant d’entamer un autre processus.
Nous ne pouvons pas laisser Azali mettre en place et continuer avec sa constitution taillée sur mesure. Il amène notre pays dans une dérive totalitaire. Il veut installer une dictature. J’ai décidé de me porter candidat pour faire comprendre aux citoyens comoriens que ce n’est pas le chemin voulu par les comoriens. Nous devons unir notre pays, être solidaires et ensuite le construire.
Après mon élection, je procéderai d’abord à la libération des prisonniers, améliorer l’éducation et la santé et éliminer le chômage des jeunes.
A part tout cela, je suis un homme politique. J’ai une expérience de 5 ans dans le pouvoir, qui sont d’ailleurs positifs et 3 ans dans l’opposition. Ce qui fait je suis parmi les candidats qui ont de l’expérience de l’opposition, de contestation. J’ai entendu toutes les remarques et je peux mener ce pays dans le développement.
Masiwa: 11 candidats, vous appelez au «tout sauf Azali», pourquoi vous n’avez pas envoyé un seul candidat pour former un vrai bloc?
M B S S: La question d’un seul candidat n’a jamais été dans ce pays. Je voudrais vous rappeler qu’en 2016, nous étions 25 candidats dont 2 au pouvoir, moi et Mamadou. L’opposition s’est réunie et nous a battus. Il fallait laisser tout le monde s’exprimer et expliquer ses propositions aux comoriens, le choix de 11 candidats n’est pas mauvais. Si nous partons tous dans le même objectif, barrer la route à Azali, ce dernier ne passera pas.
Masiwa: Le protocole que vous voulez qu’il soit mis en application pour la transparence des élections est mis en cause par le ministre en charge des élections, qu’en pensez-vous?
M B S S: Nous avons discuté avec la CENI, la loi électorale sera en vigueur. Nous n’allons pas traiter avec ce ministre. Seule la commission électorale nationale indépendante sera notre interlocuteur.
Nous nous sommes déjà mis d’accord que nos assesseurs signeront et suivront aussi les caisses. Nous aurons aussi des délégués, nous sommes tombés d’accord de suivre toute la chaîne.
Les textes évoqués par le ministère de l’intérieur sont nuls et non avenus car ils sont contre la loi électorale. D’ailleurs seuls les résultats qui seront proclamés par la CENI seront reconnus. Ceux du ministère seront nuls. Que le pays reste calme. Nous appelons aussi le président par intérim à respecter les règles.
Masiwa: Quelles sont les priorités de votre programme?
M B S S: J’ai toujours mis en avant et en valeur la santé et l’éducation. Mais aujourd’hui, ce qui est prioritaire est la réconciliation nationale. Je vais d’abord libérer les prisonniers politiques. Il faut s’unir et faire retourner l’unité nationale.
Nous irons vers une révision de la constitution car elle ne répond pas aux aspirations des comoriens. Faire un grand retour à l’ancienne constitution qui est d’abord une constitution économique, renforcer le secteur privé de notre pays en favorisant le protectionnisme.
Aujourd’hui, on favorise les sociétés étrangères que les nôtres ce qui est inacceptable. Ce secteur doit être mis dans les actions mais pas seulement dans les théories. Donc, nous devons mener des actions en faveur de la santé comme nous l’avions commencé quand j’étais gouverneur, mettre en place des bourses à l’université des Comores, en faveur de l’éducation. La question du chômage reste aussi une priorité à travers la question de l’élevage, l’agriculture. Tout ça doit être appuyé par l’État.
Pour les moyens, je réduirai mon salaire de 50% et les voyages inutiles qui coûtent 65 à 100 millions chacun. Je n’aurai pas un gouvernement avec beaucoup de primes sur les voyages.
Durant ma mandature, j’aurai un dimanche de solidarité, tous les membres du gouvernement en appui à la décentralisation avec les maires et les gouverneurs. Ils vont nous faire le choix eux mêmes de la ville ou du village par rapport aux besoins de la population que nous allons passer le dimanche. Comme ça nous identifierons là où se trouve les urgences. Le maire va nous faire part des doléances de la région, il transmettra au ministre de l’intérieur ou un ministère de la vie. Nous prendrons le projet, l’étudier, voir combien ça va coûter et enfin l’État doit se mettre à pied d’œuvre pour trouver cet argent. Ça sera mes voyages, dans les villages mais pas à l’ étrangers pour consommer de l’argent. Les missions des ministres à l’extérieur seront assurées par nos ambassadeurs sauf s’il y a un besoin imminent comme des signatures.
Masiwa: Que pensez vous de ceux qui accusent votre successeur de ne pas pouvoir faire quelque chose?
M B S S: Mon bilan est positif. Je sais seulement qu’il n’a rien fait.
[/ihc-hide-content]