Pour le moment le préfet du centre n’autorise aucune manifestation à Moroni. Dans quelques villes de France, des Comoriens sont dans la rue. C’est le cas de Lyon où 2000 personnes ont dénoncé la situation qui prévaut aux Comores. Par Said Yassine Said Ahmed
Après le rassemblent dimanche dernier au 3 rue Méboud à Vaulx-en-Velin, des nombreux comoriens de Lyon et des environs, autrement dit Rhône-Alpes Auvergne, ont répondu en masse à la manifestation pacifique de ce dimanche 14 avril 2019, à la Place Grand clément à Vénissieux, Métro Parilly. Toutes les couches sociales ont été présentes, ce qui constitue une manifestation sans pareille à Lyon depuis le crash de Yemenia Airways dont plusieurs comoriens ont péri.
Cette manifestation, a comme but sans surprise, le rejet du système de gouvernance aux Comores, considéré comme une dictature par un grand nombre de comoriens. Comme dans plusieurs villes de France et du monde, des comoriens de Rhône-Alpes-Auvergne, ont répondu favorablement à l’appel à manifester. En tout, 2000 personnes venant des différents coins de Lyon et environs.
S’est vu, donc. Une marée humaine, inondait la place Grandclément et ce qui était aussi remarquable est le fait qu’une grande partie des manifestants sont des enfants comoriens, nés en France ou venus à bas âge, qui à travers les médias et les témoignage apprennent le dysfonctionnement de l’Etat et la prise en otage de la vie quotidienne des comoriens aux Comores. Présents pour s’indigner de même contre régime en place, régime répressif.
Plusieurs banderoles, des pancartes brandies, des slogans prononcés qui témoignent de la colère des manifestants, et traduisent un sentiment de rejet du pouvoir en place. Une démonstration qui marque noir sur blanc la détermination de ces comoriens, ces exilés forcés qui ne voient l’avenir du pays qu’en noir. Agwa free, collectif Justice pour Hamada Gazon, mouvement des citoyens, CNT… ainsi que d’autres se retrouvent autour du même combat. Faire la voix des sans voix, pour qu’ils trouvent la seule voie qui vaille. Tout le monde réclame l’État de droit, la liberté d’expression, celle de penser, les droits et devoirs des citoyens, le respect aux valeurs humaines, la justice pour tout le monde, notamment des prisonniers politiques qui sont enfermés dans les cachots de Moroni et de Koki.
La goûte d’eau qui a fait déborder le vase, et a fait rejaillir toutes ces revendications, ce sont les élections présidentielles et des gouverneurs anticipées du 24 mars, qualifiées de «mascarades», de «tricheries, de bourrages d’urnes» et de la crise post-électorale qui en découle, avec les armes utilisées à l’origine de plusieurs blessés et des morts, sans oublier les nombreuses arrestations intervenues.
Les Comoriens de la ville de Lyon et de ses environs, se sont donc réveillés et suivent la cadence avec conviction et détermination. Ceci s’appelle acte deux, au lendemain de la rencontre des représentants des comoriens de différentes villes; Marseille, Paris, Nice et autres sur Lyon pour poser le jalon du CNT France. En présence du représentant du CNT à l’étranger, Soilih Mohamed Soilih, les délégations se sont penchées sur cette question qui préoccupe les comoriens partout où ils se trouvent. Oui, c’est parti, le rendez-vous avec l’histoire est respecté et le combat continue.
Pour rappel, des comoriens de l’extérieur, plus particulièrement de France se mobilisent contre la réélection dès le premier tour du président Azali Assoumani. Ils appellent à des manifestations régulières dans au moins quatre villes de France. Une défiance qui incommode le gouvernement comorien qui à travers certaines autorités a dénoncé «une diaspora manipulée» et absente au moment du bras de fer entre «les Comores et la France». Au départ prise comme acte insignifiant, la mobilisation de la diaspora fait l’objet de vives attaques à la fois du pouvoir et de ses sympathisants. La collusion avec le Conseil National de Transition vient de rajouter un autre grief compte tenu du caractère illégal de l’organisation et des poursuites judiciaires promises aux membres de ce conseil.