La situation de l’état des prisons est intrinsèquement liée à celle des droits de l’homme, à savoir qu’un prisonnier n’est pas privé de tous ses droits fondamentaux et humains, notamment sa dignité. C’était le thème de la formation que la CNDHL a fait bénéficier à des gardiens de prison et à des gendarmes (« La promotion et la protection des détenus dans la maison d’arrêt »). Pourtant, la question de l’indignité des prisons comorienne est posée depuis de nombreuses années et il y a quelques jours, une équipe de l’ONU travaillant sur les cas de tortures est venue au pays pour visiter ces lieux de privation des libertés. Le gouvernement ayant refusé certains accès à ces experts, ils sont partis précipitamment. La CNDHL est restée muette. Voici quelques explications de la Présidente de la CNDHL. Propos recueillis par Ali Mbae
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Masiwa – Quelles sont les missions et les priorités de votre organisation?
Sittou Mohamed –Selon la loi du 23 décembre 2011, relative à la Commission nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL),nos missions consistent, entre autres, à la promotion et à la protection des droits humains dans l’ensemble du territoire comorien.Donc nous nous battons prioritairement pour propulser la culture du droit dans le pays tout en sachant qu’il n’y a pas de droits sans devoirs.Notre ambition est d’arriver à faire du respect du droit un mode de vie pour tous.
Masiwa – À quoi sert votre organisation dans un pays où tant de droits humains sont violés quotidiennement, et particulièrement dans les prisons ?
Sittou Mohamed –Quand le droit aura triomphé dans le monde,une telle institution n’aura pas sa raison d’être.Les membres de la CNDHL ont été investis au mois de février 2019et se sont mis au travail.Un plan d’action est élaboré et des travaux d’ordre structurel et administratif suivent. Il est trop tôt pour dire que tout va bien, sachant que l’institution connait pas mal de défis remettant en cause son bon fonctionnement.
Masiwa – Avez-vous déjà visité la prison de Moroni et celle d’Anjouan ( Koki )?Que pensez-vous de ce que vivent les prisonniers ?
Sittou Mohamed –Oui, bien sûr.Nous avons visité inopinément à trois reprises la maison d’arrêt de Moroni.Notre équipe s’y déploie pour aller constater sur place les changements opérés par rapport aux recommandations formulées auprès des autorités concernées après chaque visite.
ÀMoheli également une visite a été effectuée par le Rapporteur de la CNDHL et des recommandations sont formulées.
À Anjouan la CNDHL envisage de s’y rendre dans les prochaines semaines.Ce retard est dû aux multiples difficultés auxquelles nous sommes confrontés pour fonctionner normalement.Nous sommes en pleine recherche de solutions en réponse aux problèmes sévissant dans les maisons d’arrêt à travers des sensibilisations et formations adressés aux agents judiciaires et pénitentiaires.
Masiwa – Qu’avez-vous fait pour que les conditions humaines des prisonniers s’améliorent ?
Sittou Mohamed –Un atelier est réalisé à Moroni du 19 au 20juin sur la promotion et la protection des droits des détenus,un deuxième est prévu à Anjouan à la fin du mois de juillet 2019.Sachez que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a comme dit l’adage.Le chemin vers le respect effectif des droits de l’homme est très long.
Masiwa – les deux journalistes Agwa et Oubeidillah qui étaient emprisonnés et libérés récemment ont révélé que des enfants sont enfermés dans les mêmes salles que les adultes et qu’un enfant a été violé pendant leur séjour dans la prison de Moroni.Qu’avez-vous fait ?
Sittou Mohamed –Nous n’avons jamais été informés de ce viol lors de nos passages à la maison d’arrêt de Moroni.Nous l’avons appris par le même canal que vous.Cet acte abominable et répréhensible doit être élucidé. L’identité de ces personnes qui ont commis cet acte doit être connue pour que des sanctions soient prises à leur endroit.
La reconstruction de la maison d’arrêt de Moroni suivant les normes internationales est parmi nos recommandations dans nos rapports.L’idée est, entre autres, de séparer les appartements selon les catégories de détenus.
Masiwa – Que pensez-vous du communiqué de l’expert dépêché par l’ONU et son départ précipité suite à son empêchement de visiter certains lieux de détention?
Sittou Mohamed –Il est regrettable qu’une mission sollicitée par le pays interrompe brusquement sa mission sans qu’au préalable il yait eu discussions entre elle et les autorités compétentes.Nous sommes entrain de chercher à comprendre ce qui s’est passé réellement avant de nous prononcer.
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