Le Medina Festival a fermé ses portes la semaine dernière, c’est le moment pour les organisateurs de faire le bilan et de tirer des conclusions pour la prochaine session… KAY
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La 13e édition de Médina Festival a eu lieu les 8 et 9 juillet dernier à Mutsamudu et Wani à Anjouan. Bien que l’édition de cette année jugée par les organisateurs comme exceptionnelle de par la maîtrise de la sonorisation et d’une ambiance à la hauteur du public, Médina Festival perd une partie importante de son public malgré ses 15 ans d’âge.
Les 4500 spectateurs officiels enregistrés cette année pour un rendez-vous qui mobilisait plus 13.000 entrées en ses débuts, témoignent des difficultés multiformes auxquelles se trouvent confrontée l’organisation à chaque édition.
Des imprévus ont impacté l’organisation
Au programme cette année Médina comptait recevoir des invités de marque venus de La Réunion, de Madagascar, une cérémonie d’ouverture grandiose et un thème ambitieux « Le vivre ensemble » (voir Masiwa n°271) en plus des deux méga-shows de Mutsamudu et Wani.
Le public a dû se contenter, au final, des deux concerts au stade de Missiri à Mutsamudu et au stade Kaso à Wani, respectivement les 8 et 9 juillet.
La délégation réunionnaise n’a pas pu rejoindre Mutsamudu à temps pour de problème de liaisons aériennes entre La Réunion et Moroni, du coup la cérémonie d’ouverture a été annulée, l’un des têtes d’affiche du festival David Saman et son groupe manquant à l’appel.
À cela s’est ajoutée l’invitation surprise des épreuves nationales du Bac au moment de la fête.
L’absence de l’État et du gouvernorat
Côté budget, le comité d’organisation comptait mobiliser près de 15 millions de francs. Il a dû réviser ses ambitions à la baisse en se contentant de 13 millions. L’événement a été soutenu cette année principalement par l’Association des Villes et Collectivités de l’Océan Indien (AVCOI) et deux sponsors uniquement (la société Durandal et la SGTM propriétaire du Maria Galanta).
« Je remercie particulièrement SGTM qui a toujours été sensible à nos sollicitations dès la première édition. Nous regrettons aussi l’absence très remarquée des contributeurs locaux en premier le gouvernorat et l’état comorien. Nous avons sollicité leur accompagnement comme cela est d’usage, mais personne ne s’est manifesté, malgré les promesses faites l’année dernière par le président que nous avons rencontré à Dar Nour. Cela n’est jamais arrivé, J’ai l’impression que l’état se désengage totalement de la culture, oubliant que Médina Festival n’est plus une affaire mutsamudienne ou wanienne mais nationale, Médina Festival reste l’unique festival de musique de l’Union des Comores avec ses 13 éditions. », constate avec regret Mohamed Mansoib, le fondateur et principal animateur du comité d’organisation de Médina Festival.
Médina fait malgré tout son « job » d’incubateur de talents locaux et un des leviers des échanges artistiques des îles de l’océan indien.
Médina Festival fait le job
Pour Mohamed Mansoib, alias Pompidou Médina Festival « fait le job » avec toutes ces difficultés. « En 2006, un an seulement après le lancement, nous avons pu envoyer le groupe Papa Lamour en résidence artistique à Saint-Pierre de La Réunion. En 2016 un groupe moins connu à l’époque a pu se faire un nom grâce à sa participation au festival de Koungou à Mayotte. Cette année le groupe Watoro d’Anjouan participera au festival Milantsika de Chiconi des échanges favorisés par le Médina Festival ».
Il est vrai qu’à l’époque 2005-2007, le festival était soutenu par l’Ex-CMAC de Mayotte qui était un partenaire stratégique de l’événement, qui donnait une grande partie du budget, de la logistique et des artistes. Mais dès 2007, le Comfest était obligé de voler par ses propres ailes, sans cet appui.
Le budget annuel passe d’environ 30 millions en 2006 à 13 millions cette année.
Mais pour Pompidou, « l’envie de perpétuer l’événement reste inébranlable pour nous, organisateurs de cet événement régional. Même si financièrement beaucoup restent à faire. Comme convaincre les éventuels partenaires locaux de s’y investir ».
Cette année à en croire le public, la sonorisation qui faisait défaut durant les huit dernières éditions commence à se régler. Il reste à assurer à Médina Festival une bonne visibilité et une organisation plus professionnelle et le faire sortir de l’amateurisme actuel.
Il faudra aussi que Pompidou et son équipe s’abstiennent de ressortir à chaque fin d’édition que les leçons sont tirées et de nous promettre de meilleures prochaines éditions.
Il est anormal que le dernier survivant des rendez-vous culturels et artistiques de l’Union des Comores soit traité de la sorte. Comment concevoir un événement d’une telle envergure et ne pas penser à une vraie communication événementielle ? À l’heure des réseaux sociaux et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, Médina Festival reste l’un des rares festivals au monde à ne pas avoir une page sur aucune des plates-formes sociales virtuelles, n’en parlons pas d’un site internet où trouver les informations et interagir.
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