L’intersyndical des enseignants a organisé une conférence de presse hier au lycée de Moroni, pour fustiger «une décision non concertée» de la part du président. « La contribution de 10%» de prélèvement sur les salaires des fonctionnaires et autres employés des sociétés d’État ne passe pas. Par contre, les syndicalistes sont disposés à une contribution de la corporation à l’effort national, tant que la transparence est assurée. Par BIM
Pour l’intersyndical des enseignants la pilule est amère et indigeste. Elle concerne «la déclaration entendue de la part du président Azali et de son gouvernement lors d’un conseil extraordinaire, décidant de ponctionner les salaires des fonctionnaires et des employés des sociétés d’État pour aider les sinistrés». Les syndicalistes ont tenu à le faire savoir aux médias hier lors d’une conférence de presse au lycée de Moroni et d’un ton ferme en plus.
« Nous nous y opposons. La catastrophe a touché tout le monde. Contrairement aux autres, par exemple les inondations de Vouvouni sont limitées à une zone précise. Mais celle-ci concerne et affecte tout le monde dans les régions, villes et villages dans toutes les îles. Donc nous devons nous entraider par tous les moyens physiques et par les réflexions. Donc nous nous sentons concernés» déclare Moussa Mfoungouliye.
Oui, à la participation à l’effort national, «mais la divergence réside dans la manière. Si aujourd’hui les fonctionnaires doivent contribuer, mais ce n’est pas de cette façon. Au préalable, ils sont informés de la situation. Après chaque secteur s’organise pour apporter sa contribution ; de la société civile aux opérateurs économiques. » Et il précise que «S’il y a des mesures d’urgence, le gouvernement aurait pu faire appel au trésor public. Mais qu’une telle décision soit prise en conseil de ministres sans en être informés et consultés, on le déplore et le conteste, car il ne revient pas à l’État de décider pour les fonctionnaires».
Et d’illustrer ces propos en citant ce qui se passe dans les pays voisins: «De telles catastrophes ont malheureusement eu lieu chez nos voisins de Mozambique et de Madagascar. Or, dans aucun de ces pays, l’État n’a décidé unilatéralement de ponctionner les fonctionnaires».
Une question de principe et de procédure semble-t-il. Car l’intersyndical est disposé à contribuer lui aussi. «Chaque syndicat donnera ce qu’il peut. Mais le salaire, c’est le choix du salarié, mais pas une imposition qui vient d’en haut», d’autant que «plus de 70% des salariés vivent sur découvert» ajoute Mfoungouliye.
L’intersyndical ajoute aussi une exigence : la transparence dans la gestion. «On se souvient de l’opération Riali présidée par l’ancienne première dame. Il y a eu opacité totale dans sa gestion. Les Comoriens qui ont fait acte de donation n’ont pas eu de suite ni lu un rapport. Idem pour Vouvouni, l’opacité a été de mise. Par conséquent, l’argent qui doit être ponctionné à quoi va-t-il servir et comment? Nous souhaitons plus de transparence. Nous voulons savoir qui sera le gestionnaire».
Et de conclure : «On pensait que l’aide que le gouvernement allait apporter, c’est de payer les deux mois d’arriérés, afin que les salariés puissent faire face eux mêmes aux réparations nécessaires».