La validation de l’évaluation du projet «Éducation formelle pour les enfants déscolarisés et non scolarisés» a eu lieu mardi au Retaj. Un programme qui a concerné près de 20 000 jeunes aux Comores. Sa mise en œuvre s’est heurtée principalement à la mauvaise volonté de l’État qui n’a pas recruté comme promis les enseignants impliqués.
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5 millions d’enfants en Afrique bénéficient à ce jour de l’appui financier de la fondation qatarie, EAC (Educate A Child) pour retrouver le chemin de l’école. Aux Comores, elle a mis à disposition du projet, 3 millions de dollars, pour 3 ans, prolongé d’un an, jusqu’au 30 juin 2018. Le recensement national avait estimé le nombre d’enfants concerné à 25000. Le travail sur le travail a revu le nombre à la baisse. En tout, 20 000 jeunes comoriens jamais inscrits dans un établissement scolaire ou qui l’ont abandonné très tôt ont retourné sur les bancs du primaire.
Le projet dont la pertinence est saluée par tous les participants, à commencer par les acteurs de terrain. Le directeur de l’EPP de Hahaya en témoigne: «c’est un bon projet qui peut donner des résultats gratifiants. La preuve, nous avons accueilli 18 nouveaux élèves et 4 préparent l’entrée en sixième». Un enseignant venu de Fomboni, très enthousiaste rajoute: « je remercie ceux qui ont assuré la promotion de cette belle initiative. Maintenant, j’ai un statut socio-professionnel et suis utile à la communauté avec de la reconnaissance pour avoir contribué à remettre dans le circuit scolaire des enfants qui étaient perdus».
Mais, la mise en œuvre du programme a achoppé principalement sur la réticence de l’État à honorer un engagement préalable à la réussite du projet. Pourtant, selon Assad Mohamed, chercheur au CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique) et consultant pour l’évaluation, « l’État devrait tenir sa promesse. Recruter les enseignants mobilisés à cet effet. C’est un renfort de qualité et important pour l’éducation nationale. Un corps formé pour tenir des classes multigrades et qui a les compétences requises. Surtout que leur intégration accélérerait la pérennisation du projet et renforcerait la crédibilité du pays vis-à-vis des partenaires».
Le recrutement non effectué revient sans cesse et demeure la principale recommandation retenue. L’enseignant de Fomboni précise qu’en fait, pour lui et ses collègues sortis de l’Ifere, il y avait 3 conditions: le salaire, qui a été honoré, une attestation de formation, toujours en attente et le recrutement. Un autre de Ngazidja citera les nombreuses actions menées auprès des différentes autorités pour les sensibiliser, en vain. Les directeurs d’établissement ne comprennent pas non plus, pourquoi, malgré l’insuffisance d’enseignants, l’État refuse d’embaucher un personnel compétent et qualifié. La lassitude et le réalisme les gagne rapidement, constatant que même pour les enfants scolarisés, toutes les classes ne sont pas pourvues de professeurs. Alors «pourquoi tant d’efforts pour ceux qui sont en dehors du système scolaire?» s’interroge le responsable de l’EPP.
Pourtant, le partenaire technique du projet, l’Unicef n’a eu de cesse de baliser le programme avec son plan d’action annuel et le suivi de chaque activité en concertation avec le ministère de l’éducation nationale qui gère le projet et le CNDRS, s’assurant que les conditions préalables au bon fonctionnement du projet soient réunies. Mais il faut constater cette détermination n’est ps partagée à tous les niveaux. Un encadrement jugé peu présent, au niveau des enseignants, 99 salles de classes construites ou réhabilitées en retard et des parents qui parfois démissionnent. Entre 2016-2017, sur 4624 enfants enrôlés, 3124 sont admis en classe supérieure, 993 redoublent, 358 abandonnent et 347 leurs sorts sont inconnus.
En espérant que le plaidoyer d’après restitution ramènera les décideurs à la raison.
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Par BIM