On pouvait l’entendre partout : cette fois-ci, contrairement à l’année dernière, les mosquées allaient rouvrir pendant le mois sacré du Ramadan. L’année passée, on s’en souvient encore, les lieux de culte étaient fermés en raison de la pandémie de coronavirus qui frappait de plein fouet le pays après de longues semaines de déni et de dénégation. Cette année aussi, la question des prières collectives n’a pas pu être évitée comme la deuxième vague marquée par la brutalité du variant sud-africain. Par Mounawar Ibrahim
Le Chef de l’État a, par le décret N°21-039/PR du lundi 12 avril 2021, décidé de la réouverture des mosquées. Une décision largement saluée par une grande majorité des Comoriens qui ne trouvaient pas justifié le fait de ne pas les rouvrir. Néanmoins, les conditions édictées dans le décret présidentiel sont loin d’être respectées dans de nombreuses mosquées.
Les fidèles doivent par exemple, selon ledit décret, bien se laver les mains à l’aide de savon ou du gel hydro-alcoolique, avant d’accéder aux lieux de prière. Une mesure qui n’est pas du tout respectée, pour une grande partie des mosquées. Il était aussi question de scrupuleusement s’en tenir à la distanciation physique lors des prières de groupe. On a pu observer dès la première prière du vendredi depuis la réouverture des mosquées que les pratiquants se sont très bien serré les coudes, au propre et au figuré. Les premiers venus ont été solidaires avec les retardataires et leur ont laissé de la place au nom de la compassion musulmane et au mépris des gestes barrières. C’est de notoriété publique, les mosquées de vendredi n’ont jamais été assez spacieuses pour les personnes qui s’y rendent.
Une autre mesure s’ajoute à la longue liste des dispositions ignorées. Le tapis de prière individuel. Peu de personnes amènent un tapis de prière depuis leurs maisons. La raison étant simple, beaucoup de fidèles quittent directement leurs lieux de travail pour ceux de la prière et ils ne se sont pas forcément préparés en conséquence. Ce qui ne les exonère en aucun cas de leur responsabilité. La température n’est pas prise non plus. Dans les mosquées visitées, cette mesure est aux abonnés absents. Les lieux d’ablutions sont aussi ouverts contrairement à ce qui a été préconisé. Beaucoup de personnes continuent à pratiquer leurs rituelles pré-prières au sein même des mosquées.
On se demande si toutes les mesures annoncées étaient à piétiner et non à respecter, si elles n’ont été évoquées que juste pour faire bonne figure sur le papier.
Toutefois, le port du masque est bien respecté. La quasi-totalité ou presque des personnes présentes dans les mosquées portent bien leurs masques. Il faut bien le reconnaitre. À l’entrée de la mosquée du Palais du peuple, des agents des forces de l’ordre sont là pour veiller au respect de cette mesure. Des gens ont même été refoulés au portail de la mosquée pour non-port du masque. Mais si celle-ci montre des signes de réussite, c’est tout simplement parce que personne ne sort de la maison sans son masque correctement porté sous peine de sanctions pécuniaires et privatives de liberté. Ce qui justifie essentiellement la réussite de cette mesure. Ceci étant, les Comoriens doivent savoir que si après le Ramadan, un rebond du taux de contamination est observé, il faudra se rappeler le laxisme dont ils font preuve dans les mosquées actuellement. Car comme on le dit si justement, l’enfer est pavé de bonnes intentions.