Pour les bâtiments et les monuments on pose la première pierre, bwelasaya. Pour les bibliothèques, on pose le premier livre, shiyoshasaya ; et on invite également les politiciens à venir faire des discours unificateurs.
Mardi 25 juin 2019, dans les quartiers nord de Marseille, un événement capital s’y déroulait : on posait le premier livre dans une bibliothèque qui sera fonctionnelle au début de l’année 2020. Le conseil municipal a décidé de donner le nom de Salim Hatubou à cette bibliothèque du plan d’Aou. C’est donc le premier livre de l’écrivain franco-comorien disparu soudainement en 2015, qui sera le premier livre de la bibliothèque. Il y avait là le maire et son conseil municipal, le préfet, sa veuve, sa fille et de nombreux amis de l’auteur.
Le nom de Salim Hatubou pour une bibliothèque, nous n’avons pas eu le temps de l’imaginer. C’est fait. Salim Hatubou est l’exemple de cette élite comorienne qui réussit à l’étranger, qui rehausse l’image de son pays, mais qui est aussi exigeant envers ce pays. Il était de tous les combats pour l’unité des Comores, pour l’unité des Comoriens de France et toujours pour la démocratie dans son pays d’origine. Les mêmes combats que ceux qu’il menait en France. Il aimait Marseille, il aimait les Comores. En France, il se battait aux côtés de progressistes pour une réelle égalité, pour qu’un enfant du centre-ville ait les mêmes chances que celui des quartiers Nord.
C’est un symbole que la Mairie de Marseille donne : il faut pour Marseille des batailles de livres, d’idées, de connaissances et non le bruit des mitraillettes. J’aime imaginer que de là-haut, il applaudit.