Et de deux. Huit jours après la décision du parti Radhi, en date du 12 février, décidant de retirer son candidat, Mohamed Ahmed, au deuxième tour des législatives de la circonscription 14 (Moroni Nord), c’est au tour de Nourdine Mdiladji, candidat « indépendant » (proche du pouvoir) à la circonscription 10 (Domoni I) de se retirer des élections du 23 février prochain. Les deux désormais ex-candidats ouvrent ainsi un grand boulevard à leurs concurrents du parti Convention pour le Renouveau des Comores(CRC) du président Azali. Ce dimanche, Abdou Saïd Mdahoma à Moroni Nord et Salim Mohamed Abderemane à Domoni I seront candidats uniques dans leurs circonscriptions comme le fut Moustadiroine Abdou et Abou Achiraf au premier tour. Parallèlement, l’on a appris que la liste indépendante pour les communales conduite par Abdallah Ahamadi à Sima Anjouan se retire également de cette course à obstacles. Par Faïssoili ABDOU
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Qu’est-ce qui se cache derrière ces désistements aux élections ?
Nourdine Midiladji, candidat aux élections législatives à la circonscription de Domoni 1 a décidé, jeudi 20 février, de se retirer de l’élection du second tour prévue ce dimanche 23 février. Une décision lourde de sens qui interroge dans l’opinion. « Pour la paix et la stabilité dans cette ville et toute la région, je vous annonce que j’ai décidé de me retirer de la course à la députation du dimanche prochain », c’est par ces mots que Mdiladji a mis fin officiellement à sa participation à la course vers l’Assemblée de l’Union. « Je ne veux pas que ces élections soient la source de troubles dans notre ville. Depuis 2017, nous avons travaillé d’arrache-pied pour ramener la paix dans cette île et nous ne devons pas être à l’origine des troubles », a ajouté celui qui est également coordinateur de l’action gouvernementale dans l’ile de Ndzuani. L’annonce a fait l’effet d’une douche froide chez ses partisans. Médusés, ses électeurs ont tourné les talons dès la fin de l’annonce de leur champion.
Comme pour le candidat du parti Radhi la semaine dernière, la rumeur court que ce désistement de dernière minute obéirait à un ordre venu du haut sommet de l’État. Le candidat aurait été sommé de retirer sa candidature sous peine de représailles. Vrai ou faux, il reste que ces renonciations au combat électoral constituent autant de coups de canifs à la démocratie.
On se rappelle que c’est presque par dépit que Nourdine Midiladji avait décidé de se lancer dans ce combat électoral. Ayant constaté que la CRC, principal parti de l’alliance pour la mouvance présidentielle, avait décidé d’aligner uniquement des candidats issus de ses rangs dans la bataille pour les législatives certains de leurs alliés ont décidé de lancer des candidatures concurrentes dans certaines circonscriptions. Certains ont ensuite vu leurs candidatures recalées par la Cour suprême quand d’autres ont été priés de se retirer de la course dès le premier tour. Les plus déterminés maintiendront leurs candidatures malgré les pressions, mais seront battus à plate couture par le parti au pouvoir qui dispose de tous les moyens de l’État et qui ne s’en est pas privé de les utiliser pour des fins électorales. La CRC a ainsi fait main basse sur les législatives et c’est le même scénario qui se profile pour les municipales.
L’opposition qui a flairé le piège du régime en place dès le début a décidé tout simplement de boycotter les élections. Aujourd’hui, tout laisse à croire qu’on se dirige vers un parti unique dans l’archipel dans une configuration où la CRC, parti présidentiel, prendrait le contrôle de tous les leviers du pouvoir de la base au sommet du pouvoir. Un scénario triste pour la démocratie.
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