Salle comble pour la conférence sur les métiers du cinéma à l’inspection pédagogique de l’éducation à Moroni lundi 7 octobre. En guet-star l’équipe de tournage du documentaire «carton rouge» de Mohamed Said Ouma. Un moment unique d’échanges et de découvertes d’un univers fascinant et passionnant. Par BAKARI Idjabou Mboreha
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Mohamed Said Ouma, réalisateur, Emma Lebot, assistante-réalisateur, Azim Moolan, chef opérateur et Ulrich Grandjean, ingénieur-son composent la colonne vertébrale de l’équipe de tournage du documentaire très attendu, aux Comores, «Carton Rouge». De passage à Moroni, Créations Nextez et « les films Façon-Façon » en ont profité pour faire découvrir les métiers du cinéma à un public composé en grande majorité de lycéens, provenant des deux grands établissements privés de la capitale, le Groupe Scolaire Fundi Abdoulhamid (GSFA) et Mouigni Baraka, et d’adultes intéressés par le fabuleux 7e Art.
Les 150 places de la salle de conférence de l’inspection pédagogique de l’éducation ont trouvé preneurs, faisant salle comble, donc, sous une chaleur étouffante. Le retard constaté suite à l’arrivée tardive des scolaires a été vite oublié grâce à la manière captivante, ludique et attractive de présenter chacun à son tour et à sa façon son corps de métier.
Penser le pays à travers des images
Après l’introduction brève et concise du directeur des créations Nextez, Houssein Ezidine, l’ancien journaliste en Angleterre, Mohamed Said Ouma a exposé son parcours, avant de revenir sur les réalités de son métier qui ressemble à une passion qu’il tient tellement à partager et à vulgariser.
Sa reconversion au cinéma, c’est né d’«une frustration du métier de journaliste». Parce qu’animé d’«une grosse envie de raconter, de transcrire une histoire en images et de s’accorder le temps de développer une histoire» et impossible dans le traitement au quotidien de l’information, il a cheminé vers le 7e Art et y a trouvé son bonheur: «J’ai essayé plusieurs genres et ça m’a permis d’être en paix avec moi-même». Une profession qui lui permet également de servir son pays autrement : «… et contribuer un peu à mon pays: penser mon pays à travers des images».
Une contribution qui cette fois-ci prend la forme d’un documentaire sur un épisode épique de l’histoire immédiate, diplomatique et sportive des Comores. «Carton Rouge» raconte, à travers trois basketteuses comoriennes, l’épopée du retrait des athlètes comoriens des jeux de l’Océan indien de 2005 à La Réunion.
Ce projet réunissant différents techniciens de la région (l’île Maurice, La Réunion et les Comores) sert de toile de fond pour expliquer à un auditoire très attentif et intéressé, le rôle de chaque métier, de la conception à la réalisation d’un film.
Pour le réalisateur M. S. Ouma, «l’art du cinéma, c’est de partir d’une histoire à l’image». Il part d’une idée pour finir par un dossier artistique, qui indiquera la forme de l’équipe requise à la réalisation du projet. Lequel passe systématiquement par les étapes: idée, écriture, développement et montage. Le réalisateur étant le chef d’orchestre qui donne le « la » à l’équipe, secondé par un(e) assistant(e).
«On ne s’ennuie jamais»
En l’occurrence pour «Carton Rouge», il s’agit d’une assistante en la personne d’Emma Lebot. Souriante et détendue, son appel à l’implication des femmes dans le cinéma a eu un franc succès, d’autant qu’elles étaient nombreuses. Son rôle, c’est «la gestion du temps et la coordination avec l’équipe». Donc, il faut élaborer «un planning de tournage, lister les contraintes et les besoins et apporter des solutions» et veiller au bon déroulement du plan de travail adopté, en période de tournage comme en post-production. «On ne s’ennuie jamais» a-t-elle confié. « Et aucun tournage ne ressemble à un autre » a-t-elle ajouté.
Maniant humour et autodérision à merveille, le chef opérateur (le responsable des cameramans) a su conquérir le public, par un récit très vivant, simple et compréhensible de tous. Son univers, c’est la lumière. Un maniaque même qui au quotidien peut changer autant de place dans un lieu, rien que pour bien se positionner par rapport à la lumière. Il développe à chaque expérience, pour chaque projet de film, «une idée esthétique spécifique». Parce que son «travail consiste essentiellement à comprendre la lumière, et la sculpter». Pour illustrer ses propos, il a fait référence aux selfies et la recherche du meilleur profil. Sauf qu’ à son niveau, c’est avec des outils performants et une équipe entière dédiée à la mise en boîte des images.
« Il faut y aller au culot »
Ulrich Grandjean, le preneur de son, qui a su franchir patiemment les paliers jusqu’à devenir ingé-son (Ingénieur), par son «yedje» a marqué son entrée en scène. Plus technique, le seul du groupe a avoir fait des études dans son domaine, a insisté sur la persévérance et la méticulosité dont il faut faire preuve dans la profession. « Il faut y aller au culot et savoir saisir les opportunités. Mais il faut être motivé et méthodique » a-t-il confié. Des complications peuvent rapidement surgir quand les outils ne sont pas bien configurés pour une scène. Et « autant en studio, tout est maîtrisé, autant en tournage à l’extérieur, on n’est exposé à tout, une pluie, des bruits de circulation …». Donc « il faut un minimum de préparation » a-t-il déclaré.
Les nombreuses questions du public notamment sur les parcours des conférenciers ont permis de constater qu’excepté Ulrich, tous les autres sont tombés dans le cinéma après d’autres expériences, qui les ont amenés à concevoir le cinéma comme une évidence pour eux. Une passion qui demande néanmoins « désir et constance dans l’effort » a conclu Ouma. Les multiples rencontres d’après conférence témoignent de l’intérêt suscité par la conférence. Même si l’ancien journaliste a fustigé ces manifestations d’intérêt épisodiques, à l’image des ateliers d’écriture tenus auparavant à Moroni, sans suite.
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