Avant de s’envoler pour les îles ce 25 mars pour évaluer la situation, le président Azali a signé le décret n°20-050/PR portant suspension de la prière hebdomadaire du vendredi et des prières collectives. Un décret venu s’ajouter à toute une batterie de mesures prises ces derniers jours en amont, pour lutter contre la pandémie du Coronavirus qui sévit actuellement dans le monde et qui frappe déjà à nos portes ( Mayotte, Maurice, Seychelles, La Réunion, Madagascar…) vu que nos frères et voisins sont déjà touchés. Par BSA
Les mosquées et autres lieux de culte maintiendront le service minimum dans la mesure où le muezzin appellera toujours à la prière, mais invitera les fidèles à rester chez eux pour prier. Ces mesures n’ont pas vocation à s’éterniser, elles dureront le temps que la menace covid-19 continuera à planer sur la population.
Après l’arrêté n°20-003/MIDA/CAB portant sur les mesures exceptionnelles de prévention face au Coronavirus, le gouvernement continue de façon graduelle à étendre les mesures de sécurité devant barrer ou du moins limiter les dégâts de cette maladie si par malheur elle devait entrer dans le territoire sous souveraineté comorienne. N’en déplaise au député Mansour Kamardine, le langage officiel à Moroni est que la maladie est déjà aux Comores dans la mesure où Mayotte est déjà frappée. La décision du président répond à un impératif de ne pas recourir au confinement, une décision dans le contexte comorien qui doit venir en dernier recours.
Justifier cette mesure présidentielle tient de l’équilibriste tant il est habitué aux décisions incohérentes. Fermer les lieux de cultes alimente le débat stérile et donne donc de l’aire au gouvernement pour voir venir. Fermer les commerces aurait supposé un confinement total. Dans un pays où la majorité de la population n’a pas accès à l’électricité et où les rares qui l’ont sont alimentés au compte-gouttes. Les conditions d’un blackout total sont tout sauf souhaitables. Un confinement suppose un minimum de préparation sur le plan du stock alimentaire existant. Y a-t-il suffisamment de stock en riz, farine ou autres produits importés ? Combien sont les foyers qui possèdent des appareils ménagers pouvant stocker des produits carnés, même si l’électricité arrivait à intervalles réguliers ? Que dire des ménages qui ne seront pas en mesure de s’offrir de l’eau en bouteille régulièrement, qui n’auront d’autre choix que d’aller sur les rares bornes-fontaines toujours existantes ? Dans la capitale, il n’y a que deux endroits où l’on peut trouver ce genre de monument, Zilimadju et Caltex.
Face à une telle conjoncture, la moins mauvaise décision à prendre pour le gouvernement était la fermeture des mosquées. Autrement, le risque c’était les émeutes de la faim qui auraient pu faire vaciller le pouvoir et par ricochet entraîner sa chute. Spécialiste en matière de sécurité, le chef de l’État sait plus que quiconque les conséquences d’un soulèvement dû à la faim. Une foule rarement contenable. El Bechir du fond dans de sa cellule soudanaise peut en témoigner. Des paramètres que ceux opposés aux fermetures des lieux de cultes n’ont pas pris en compte tant ils sont restés sur l’émotionnel. Plus que le fond, ils contestent la forme. À leurs yeux cette mesure aurait pu être la dernière dans la chaîne des décisions, dans la mesure où cette maladie est une punition divine, les mosquées restent les endroits appropriés pour demander la rédemption.
Dans le pays aux mille savants où chacun doit donner son avis sur tout, c’est une réaction que les autorités attendaient. C’est pourquoi pour ce premier vendredi sans prières dans les mosquées, des éléments des forces de l’ordre ont été placés devant les édifices religieux pour dissuader les plus récalcitrants. La décision a été globalement respectée, même si des villages comme Mohoro, Sima ya washili et d’autres n’ont pas manqué de s’opposer malgré tout. Contester les décisions des autorités est une leçon bien assimilée par le Comorien. Il veut tout avoir sans aucun effort ni contrepartie de sa part. Nul ne veut être contaminé par cette maladie, mais en même temps personne ne fait l’effort d’appliquer un tant soit peu les gestes barrières qui limitent la contagion.