L’annonce des résultats du bac aux Comores a ses habitudes, imperturbables. Des élèves installés aux alentours du lycée Saïd Mohamed Cheikh à Moroni, attendant la proclamation des résultats le jour indiqué. Le président du jury qui se fait attendre, mais qui arrive enfin et lit les noms des reçus, quel qu’en soit le nombre, à des jeunes hommes et femmes tremblotants. La radio nationale qui reprend la même litanie des noms et le journal Alwatwan qui met une partie de ses journalistes au repos et publie plusieurs pages portant les noms des reçus. Cela fait des années qu’il en est ainsi et la tradition a été scrupuleusement respectée, cette fois aussi. Mahmoud Ibrahime
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Il y avait 13246 inscrits au bac cette année sur l’ensemble des trois îles, dont 7408 à la Grande-Comore, 4521 à Anjouan et 1317 à Mwali.Le chiffre des inscrits au bac cette année dans l’île de Mayotte s’élevait à 4911 élèves, candidats libres y compris.
Une baisse du nombre des bacheliers
À l’issue des opérations du premier groupe, on relève qu’environ 13% (un point de plus que l’année dernière) des élèves ont eu leur bac à la Grande-Comore, Anjouan et Mwali. 28 % d’entre euxétaient admis à passer au second tour. On se préparait donc à avoir une baisse d’au moins un point sur le résultat global du bac à Moroni, par rapport à l’année dernière.
À Mayotte, les résultats du bac ont été jugés catastrophiques par rapport à l’année dernière. Les autorités notent qu’il n’y a eu que 42,2 % de réussites au premier groupe, toutes les filières confondues. Il y a eu une basse pour tous les types de bacs. Pour le bac général, le taux de réussite au premier groupe est à 46,6 % contre 50,7 l’année dernière. Au bac technologique ce chiffre est de 31% au lieu de 38%. Au bac professionnel, le chiffre des réussites est plus élevé, mais est également en baisse par rapport à l’année dernière : 51,4 % contre 66%.
La réussite a été plus présente dans les filières scientifiques, notamment le Bac C et les échecs sont plus nombreux dans les filières technologiques et dans le fameux bac A4 (dominante littérature) qui compte le plus de candidats. La même tendance se retrouve à Mayotte, mais cette fois la filière qui a connu le plus de réussite avant les rattrapages est le bac ES (Économie et Social).
Sur l’ensemble des trois îles, il y a eu 326 mentions dont 211 rien qu’à la Grande-Comore. À Mayotte, dans la filière générale, il n’y avait que 125 mentions cette année, soitune vingtaine en moins par rapport à l’année dernière.
Le rachat des élèves éliminés
Que ce soit à Mayotte ou dans les trois autres îles de l’archipel, un coup de main a été donné à ceux qui avaient raté de très peu le bac. Les membres du jury aux Comores appellent cela « le rachat » et l’opération consiste à rajouter un certain nombre de points (cette année l’équivalent de 0,5 sur la moyenne générale). À Mayotte, certains jurés ont même parlé dans la presse d’irrégularités visant à avantager les élèves pendant les opérations du deuxième groupe. Mais, le Vice-Rectorat a catégoriquement nié une telle éventualité réaffirmant la liberté pédagogique des correcteurs et l’autonomie du jury. N’empêche que la grande majorité des élèves qui sont passés aux oraux ont eu leur bac, ce qui a eu un effet heureux puisqu’ainsi les taux de réussite ont été revus à la hausse. Il en est de même dans les trois autres îles, la quasi-totalité de ceux qui sont passés à l’oral a eu le bac.
Dans les trois autres iles, il y a eu 90 tentatives de fraudes, dont 87 à la Grande-Comores, deux à Mwali et une à Anjouan. Comme les années précédentes, c’est à Anjouan qu’il y a le plus de bacheliers à l’issue du premier groupe et proportionnellement au nombre d’inscrits, suivi par Mwali.
Orientation et interrogation
Après la proclamation des résultats est venu le moment de l’orientation : université des Comores ou université étrangère ? Certains avaient déjà prévu et d’autres vont courir un peu partout pour trouver une place.
C’est aussi le moment des interrogations. Pourquoi des résultats si catastrophiques ? Qui mettre en cause ? Qu’est-ce qui peut être amélioré pour l’année prochaine ?
Vous trouverez dans ce dossier quelques éléments de réponses évoquées par les journalistes ou par les professionnels du secteur que nous avons interrogés.
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