Le discours se veut volontaire, inclusif et soucieux du «bien-être» du peuple. Le ton adopté est conciliant et ferme sur «le socle de notre action». Ainsi, dans son allocution de sa troisième investiture en moins de 20 ans, le chef de l’État, Azali Assoumani a rappelé quelques axes de son action et annoncé certaines priorités, en exhortant les Comoriens à s’impliquer davantage. Par BAKARI Idjabou Mboreha
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Dimanche 26 mai 2019, Azali Assoumani a, pour la troisième fois, prêté serment, la main sur le Coran au sein du «chef-d’œuvre», le stade de Maouzine, construit grâce à la coopération sino-comorienne. Il a juré de servir la nation, de la défendre et de faire respecter la constitution. Des «instants solennels», «instants historiques» à propos desquels, «la présence réconfortante (des invités et de la population) donne un éclat particulier à cette cérémonie d’investiture et honore notre pays» estime le chef de l’État. Même si, aucun chef d’État ou de gouvernement n’a effectué le déplacement.
L’occasion de réécrire l’histoire, habituellement un privilège et une pratique «des vainqueurs» et de procéder à quelques annonces.
Saluant la participation de mahorais à la cérémonie, le président indique que « La France et les Comores, ont le devoir impératif de léguer aux futures générations de Français, de Comoriens et de Franco-comoriens, un héritage harmonieux, susceptible de leur offrir la possibilité de vivre et de s’épanouir ensemble». D’où la volonté de «poursuivre un dialogue franc et constructif» déclare-t-il.
S’agissant des élections et des résultats, il n’a aucun doute. «En effet, pour la 5 fois, en près de 20 ans, un Président comorien, élu au suffrage universel. Même si la sécurité, le calme et la sérénité ont été des fois perturbés, les observateurs nationaux et internationaux ont été présents et ont salué la bonne organisation du scrutin et attesté que le vote a été libre et transparent».
Les Comoriens ont «bien voulu me renouveler leur confiance, dès le premier tour à une majorité confortable des suffrages exprimés».
Ainsi, «Je mesure avec gravité, tout le poids de cette confiance renouvelée qui est à la fois un grand honneur mais aussi une lourde responsabilité».
D’ailleurs, «J’ai compris qu’à travers cette élection, la majorité du peule comorien a approuvé mon programme ainsi que le bilan de ces trois dernières années».
Un programme qui a permis «d’entamer le processus destiné à mettre notre pays sur les rails», en dotant le pays d’une constitution qui « nous permet d’asseoir des institutions efficaces, capables de renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale et créer un vrai désir d’une communauté de destin entre nos îles, susceptibles de mettre les Comores sur la voie de l’émergence qui n’est rien d’autre que le développement économique et social de notre pays et son émancipation.
une gouvernance efficace et une continuité de l’action de l’État, du Gouvernement.»
Les gros chantiers ne sont pas oubliés. « notre pays s’est d’ores-et-déjà engagé dans une politique de grands chantiers. Des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, hospitalières et bien d’autres, sont en cours de réalisation ou en projection ».
A souligner que le chef de l’État affirme qu ‘ « En matière de performance économique, la croissance s’accélère et frôle les 4% ».
Par ailleurs, le président a annoncé beaucoup de points qui lui «tiennent à cœur » dont certaines sont prioritaires.
Sur le plan politique, «le Président de toutes les Comoriennes et de tous les Comoriens » « en vertu de ce serment, que j’ai prêté tout seul devant Dieu et devant vous» compte rendre effectif le rôle institutionnel du chef de l’opposition. « Il faudra alors imaginer les formes appropriées et
équitables pour faciliter son travail et apporter le soutien requis, aux partis politiques. En ce qui me concerne, je m’engage à associer le chef de l’opposition et les leaders de tous les partis politiques, dans le processus de prise de décision, sur tous les sujets d’intérêt national ».
la diplomatie économique est appelée à se développer.
« L’économie bleue, avec ses immenses potentialités, sera au cœur de notre action. Dores-et-déjà, de grands groupes s’intéressent à l’exploitation des énergies fossiles dans notre Zone Économique Exclusive. Toutefois, nous ne souhaitons pas que ces potentialités deviennent le centre d’intérêt des grands groupes pétroliers et la source de rivalités qui ont été fatales à d’autres contrées ».
Tout comme « les efforts en cours vont s’intensifier, notamment dans le secteur de l’énergie, pour diversifier et exploiter de nouvelles ressources énergétiques, à même de porter la croissance des dix prochaines années et surtout contribuer à la protection de notre environnement ».
«Des actions seront également menées en faveur du secteur privé, notamment l’amélioration du climat et l’environnement des affaires pour encourager les investissements nationaux et ensuite
attirer les investisseurs étrangers».
Il s’engage pour quatre entités plus particulièrement.
« Au cours de ce nouveau mandant qui débute aujourd’hui, je mettrai au premier rang de mes priorités, cette jeunesse et la gente féminine qui incarnent l’espoir et la force vitale de notre Nation. la rénovation de notre système éducatif, la formation professionnelle et l’apprentissage aux
métiers, auront toute mon attention ». Il y a aussi « Notre diaspora, dynamique et ambitieuse constitue elle aussi, un levier important de l’émergence de notre pays. Nous sommes l’un des pays dont les transferts de la diaspora sont parmi les plus importants du continent africain. Nous devons alors agir conjointement et de manière rationnelle pour qu’ils servent l’économie et le développement de notre pays. (Elle) aura ainsi son mot à dire ».
« Un sujet qui me tient à cœur : la liberté de la presse. Or la presse nationale est en crise. Une crise profonde et multiforme qui nécessite urgemment la tenue d’un séminaire pour élaborer un diagnostic et formuler des recommandations. Je prends ici l’engagement de veiller à la tenue de
ce séminaire, afin d’initier une réflexion profonde, en vue de sortir la presse nationale de cette crise ».
Enfin, un appel à tourner la page. «A plusieurs reprises, des forces occultes, s’appuyant sur des forces locales ont tenté d’opposer les comoriens entre eux et mettre le pays à feu et à sang ». Néanmoins, il renouvelle « en ce moment solennel, mon appel à tous les Comoriennes et Comoriens, aux acteurs politiques, économiques, sociaux, religieux, coutumiers et à toutes les forces vives de notre pays, pour une implication franche, sincère, ouvert et constructif, pour apaiser les esprits et faire tomber la fébrilité post-électorale ». Car « Le pays doit retrouver toute sa sérénité pour que nous puissions nous consacrer tous, à l’essentiel, le développement de notre pays, l’Union des Comores, qui est notre bien commun, ainsi que le bien-être de son peuple ».
Ainsi, dès la semaine prochaine, des mesures concrètes d’apaisement seront prises et un texte me sera soumis à cet effet ». Et il suggère que « Nous devons tous, dès à présent, tirer toutes les leçons du dernier processus électoral, pour préparer dans les meilleures conditions possibles, les élections législatives de 2020».
sans oublier de préciser que «c’est l’unité nationale, la cohésion sociale, la paix, la sécurité et la stabilité qui constituent aujourd’hui et demain le socle de notre action et les conditions sine qua non de l’émergence de notre pays.» Un catalogue de bonnes intentions qui oublient l’essentiel. L’état de droit.
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