Comme on dit chez nous, chacun de nous a dû manger la genèse des comportements( ula MAFA). On parle d’une transmission ancestrale de la façon de se comporter en public comme en privé.
L’individu est, selon la légende, le résultat d’une éducation (malezi) transmise de génération en génération qui fait l’héritage d’une culture, d’un art, d’un savoir faire ou d’un caractère têtu et malvenu. Ce que nous faisons et disons ne relèverait pas de nous mais, de l’héritage moral, culturel et intellectuel de nos propres anciens. Autrement dit, nous serions la continuité logique de nos arrières-arrières grand-parents qui nous ont alités de leurs genèses comportementales, MAFA.
Mais le terme MAFA comprend deux significations distinctes. MAFA mayi et MAFA mema. Beaucoup de personnes se sont vues désignées mangeuses de la mauvaise genèse comportementale parce qu’elles ont commis des forfaitures ou manqué aux règles sociales. Ces personnes sont accusés d’avoir déterré leurs ancêtres, grand-parents ou parents. On les fustige à tort ou à raison.
Les indicateurs de MAFA mayi sont consignés dans les pêchés graves reconnus par tous: urwahitswa, litter: porteur de tête ( criminel), ulashehidwa, litter: avaleur d’injures ( inceste), uhiba-mbe ( voleur de vaches), unnwa dziwa-bitsi ou ufusa djwayi ( pédophilie). Les personnes coupables de ces délits graves sont fouillées dans leurs racines pour trouver les explications de l’incompréhensible.
S’il se trouve que l’on n’a pu établir aucun lien avec leurs ascendances, on transforme la fouille en avertissement pour dire aux autres que leurs méfaits peuvent altérer leur passé et on applique la sentence suprême appelée GUNGU, une sorte de lynchage public qui reste dans les annales de l’histoire communautaire. Au cas où une culpabilité familiale est mise à jour, en plus du GUNGU, on recommande à la famille du coupable de procéder à la réparation du désordre causée par un procédé de rites appelé DZHIHIRO en invoquant les forces invisibles.
Le MAFA mayi peut aussi être constaté dans des délits mineurs comme dans les cas du widzi (vole), ndrabo (mensonge), umenyamalaho litter : briseur de famille ( adultère), hitswashiyi litter: mauvaise tête ( provocateur en public).
Si le mlamafa mayi récidive malgré la réparation du désordre, on peut concéder à laisser en paix ses ancêtres et on l’attribue le terme IFELI synonyme d’handicap.
Dès lors que la personne coupable est appelée mwendza-ifeli, sa famille entreprend les rites de réparation du désordre et cela ne suffit pas à la remettre dans le bon chemin, on s’accorde de la déplacer vers d’autres midji, d’autres îles voire l’envoyer en exil. On ne peut pas admettre que la famille soit la cible du HAYA ( la honte).
À remarquer, également, que le terme IFELI peut être un handicap physique qui n’est pas à déplorer et c’est ainsi que l’on précise IFELI shiyi ( mauvais handicap) pour ce qui est de l’handicapé social.
Le HAYA est, en quelque sorte, le rempart contre les dérives sociales. Nul n’est censé ne pas voir la honte, uwona HAYA. Souvent, on entend dire que enge tsiwona HAYA, tsidjo…. ( si je ne voyais pas la honte, j’aurais pu…..). On peut même pointer le doigt vers quelqu’un en disant : ola kaono HAYA ( il est aveugle face à la honte) ou arionesa haya ( il nous a fait voir la honte)
Oui, la honte de faire humilier sa famille, son mdji, sa génération avec l’intime conviction que l’individu appartient à un et plusieurs groupes qu’il doit protéger.
En ce qui concerne le MAFA mema, c’est un héritage très précieux à sauvegarder même si cela vous contraint à vous faire violence.
C’est tout un mode de vie qui pèse sur vos épaules et façonne votre cœur. Le comportement qui en est le facteur principal se doit d’être en haute mesure de responsabilité sociale. On est ce qu’ont été ses ancêtres et autant se mettre en exemple pour valoriser son ascendance.
On préfère, évidemment, être qualifié de gamba lapuha mdridjuwu ( une écorce conforme à l’arbre) que trindi mbe ahala alisa emwana( fourrage que la vache rumine pour le veau).
Par Dini Nassur.