Quelle est donc la priorité pour nos gouvernants ? Dans tous les secteurs, c’est le flou total qui règne. L’éducation est rythmée par des arrêts de cours et des préavis de grève, à n’ en plus finir. Le secteur privé déjà en lambeaux, risque de rendre l’âme à cause d’une pression fiscale et une administration douanière de plus en plus vorace, qui pousse les importateurs à ne plus passer commande (588 containers en décembre, contre 1234 en novembre selon Moroni Terminal, bilan 2019). Badraoui Ahmed Saïd
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Le parent pauvre reste tout de même le sport. À part les Coelacanthes (équipe nationale de football), devenus une seconde religion. Le sport a dû mal à trouver une place de choix, et le karaté un peu plus. Logée à l’Institut National de la Jeunesse et Sport (INJS), la Fédération comorienne de Karaté voit les gouvernements passés et sa situation se détériorer, tel un cancer qui métastasie. Peu de gens connaissent l’existence de cette Fédération.
Très habitués à jouer l’école buissonnière dans les compétitions internationales, et pour la énième fois, les Comores ratent un rendez-vous majeur, en l’occurrence le championnat d’Afrique de karaté, Maroc 2020. Toutes les occasions sont bonnes pour mettre à nu l’incompétence des dirigeants comoriens. Si ce ne sont pas les moyens qui manquent, c’est la lenteur administrative, ou plutôt l’amateurisme qui pénalise nos athlètes. Prévu du 7 au 9 février dernier à Tanger, le championnat d’Afrique de karaté se tient finalement sans les Comores.
Les sportifs n’ont pas pu réunir à temps les 7 millions, qui devaient permettre à la délégation, composée de 6 athlètes, 1 entraîneur et 2 chefs de délégation de faire le voyage à Rabat. Parti à un enterrement le vendredi 31 décembre, le ministre des Finances n’a pu signer le chèque, selon un membre de la fédération qui requiert l’anonymat. Décidément, les morts aux Comores ne sont pas un blocage (fermeture des bureaux en cas de décès), simplement pour l’administration.
Ils arrivent à changer l’agenda même des sportifs. Cette fois c’est notre confrère, le regretté Nakidine qui a été le prétexte. Préoccupé par la disparition de son collaborateur, ô combien pénible. Le grand argentier a oublié son devoir, celui de servir le peuple en tout temps, et en toute circonstance. Une double punition pour les athlètes et amateurs de ce sport de combat. La non-participation à ce championnat met en danger le devenir de ce sport, mais surtout, ce fut une occasion ratée pour faire connaissance avec les nouvelles règles de la discipline. À signaler que ce championnat d’Afrique coïncide avec une année olympique (Tokyo 2020 ). Pour la première fois, le karaté est intégré comme discipline olympique, tout comme 5 autres sports (BMX freestyle, Basket-ball 3×3, Escalade sportive, Surf, Skateboard). Une opportunité pour les arbitres africains d’effectuer un examen d’évaluation continental, eu égard à leur retard face au reste du monde.
Dans un pays où la fédération de tutelle n’enregistre que 15 clubs (ensemble des îles), et où le championnat est quasi inexistant, l’opportunité était telle, que seules les Comores pouvaient rater une telle occasion. Dans la salle couverte de Ziaten, le drapeau national était bien pâle. Seul le président de la fédération a pris part à la cérémonie d’ouverture. Housseine Abdillah (Valahe) doit sa présence à la divine générosité du comité olympique comorien ( COSIC), qui a bien voulu payer le billet. Le reste a été pris en charge par sa fédération. Surtout, les 1500€ de cotisation auprès de l’Union des Fédérations africaines de Karaté (UFAK), pour les exercices, 2018, 2019, 2020. Chassée de l’UFAK en 1995 faute de cotisation, réintégrée en 2015 la fédération comorienne de karaté se cherche une nouvelle vie. Les pensionnaires de l’Institut National de la Jeunesse et Sport (INJS), croisent les doigts, et espèrent que la Wild card (invitation privilégiée), donnée par les Japonais pour participer aux JO, ne sera pas oubliée dans les placards ministériels. En effet pour la première olympiade du karaté, le comité olympique japonais s’est montré généreux et clément, en exemptant certaines fédérations, dont celle des Comores d’un tournoi de qualification olympique (TQO). Nous espérons que d’ici-la, les ministères des Sports et celui des Finances, auront eu le temps nécessaire de concertation, afin de débloquer à temps les fonds devants permettre à l’ensemble de nos athlètes de prendre part à ces 32e olympiades, prévues du 24 juillet au 9 août.
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