Par Nezif-Hadji Ibrahim
Le 9 octobre dernier, la Coordination des Étudiants comoriens à Madagascar a organisé un Carrefour pour permettre aux associations de filières d’exprimer les compétences ainsi que les connaissances acquises au cours de leurs formations respectives, notamment en vue de démontrer le potentiel de développement économique, social et urbain dont disposent les Étudiants comoriens à Madagascar.
Au cours de cet événement, deux conférences ont été tenues, l’une mettant en scène la porte-parole de l’ambassade de Russie à Madagascar pour échanger avec l’auditoire estudiantin comorien sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine dans le cadre des Relations internationales, plus particulièrement celui de la géopolitique par rapport à la place de l’Union des Comores. L’autre conférence a été dirigée par le représentant de l’ambassade des Comores visant à éclairer le public sur le rôle de la mission diplomatique comorienne dans la vie des étudiants.
Une plateforme pour mettre en valeur les associations des filières.
À Madagascar, comme dans la plupart des pays où les Comoriens voyagent, dans le but de se former surtout, ils ont l’habitude de se constituer en associations dont le rassemblement repose sur les origines villageoises d’abord, même si on retrouve des associations régionales et insulaires. Comme en Tunisie avec l’Association des Étudiants et Stagiaires Comoriens en Tunisie, en Sénégal avec l’Association des Étudiants et Stagiaires Comoriens au Sénégal ou au Maroc avec l’Association des Étudiants comoriens au Maroc, ou à Madagascar il existe aussi une association estudiantine qui réunit tous les comoriens. Il s’agit donc ici de l’ordre naturel des choses. Toutefois dans le cas de Madagascar, des associations de filières occupent une place importante dont l’objectif principal est de faciliter la vie des étudiants inscrits dans les domaines tels que la médecine, les sciences, le BTP ou les technologies. Respectivement, on retrouve le Rassemblement des Étudiants comoriens en Médecine à Antananarivo, l’Association des Étudiants et Chercheurs comoriens à la Faculté de Sciences à Antananarivo, l’Association des Étudiants en BTP et la Fraternité des Étudiants comoriens en Technologie. Et ce sont celles-ci qui ont été mises en avant lors de la première édition du Carrefour de l’étudiant comorien à Madagascar.
Un événement inédit
La majorité des activités réalisées par les étudiants à Madagascar se rapportent à des évènements lucratifs à caractère divertissant, lesquels permettent aux différentes associations villageoises, régionales et insulaires de disposer de moyens financiers afin d’être présentes à chaque fois que l’un des membres se trouve dans des situations délicates qui demandent un soutien financier urgent compte tenu de l’éloignement des étudiants avec leurs familles. Bien que ces associations en question ne négligent pas de prendre en compte le volet « études » dans leur plan d’action annuelle, pour la CECOM, le Carrefour est censé répondre à l’exigence visant à renforcer la mise en valeur de savoir, des compétences et des connaissances de l’étudiant comorien à Madagascar, même si le RECMA et l’AECAFS ont l’habitude de remplir ce rôle dans une certaine mesure. Pour le président de la CECOM, Saïd-Omar SALIM, « le carrefour est le grand rendez-vous de l’étudiant comorien. Il a vocation à faire s’exprimer les associations des filières, en les mettant en avant le temps d’une journée, à travers des expositions, des démonstrations d’expériences ».
Il note également l’importance d’une telle manifestation, surtout pour l’image de l’étudiant comorien à Madagascar dans notre pays. « On résume souvent les Comoriens qui viennent étudier ici par une image péjorative. On dit souvent que pour la majorité d’entre nous ce qui nous attire c’est la liberté que Madagascar représente et que nous n’apprenons rien alors qu’on fournit beaucoup d’effort pour nous construire intellectuellement », ponctue-t-il.
Un événement bien accueilli par le public
Le carrefour a mobilisé beaucoup d’étudiants comoriens. La stratégie s’est avérée payante en ce sens qu’il n’a jamais été organisé une telle rencontre entre des étudiants de domaines divers. « Le Carrefour des étudiants était une réussite, dans le sens de l’apprentissage de plusieurs domaines plus particulièrement », relève Madi Abissaoudine, président de l’Union pour la Solidarité des Étudiants Mohéliens à Antananarivo, et étudiant en Master II, Informatique. Cependant il regrette que cette manifestation soit organisée en cette période. « Pour ma part, je souhaite que pour la deuxième édition, on attende le mois de novembre ou décembre, comme ça les nouveaux bacheliers qui seront dans la Grande île pourront en profiter au maximum puisque ce salon leur ouvrira un peu les yeux sur le monde universitaire », souligne le jeune informaticien. De son côté, Fazdat Saïd’Ali, présidente de la Fraternité des Étudiants comoriens en Technologie à Madagascar, cette rencontre sous les auspices de la CECOM doit être pérennisée. « Ayant eu l’honneur d’être conviés à la première édition du carrefour de l’étudiant comorien à Madagascar, nous avons pu constater la bonne organisation et l’efficacité du corps dirigeant de la CECOM ainsi que la fraternité qui lie tous les étudiants comoriens à Madagascar. L’évènement s’est déroulé dans la paix et la bonne humeur. En espérant que ce dernier soit désormais intégré dans les plans d’action à venir de la CECOM », soutient-elle. C’est dans la même perspective avec les deux représentants d’associations présents au Carrefour que le membre du bureau exécutif de l’association des étudiants en BTP s’exprime. Nassur Hamidou a reconnu le succès de l’événement surtout au regard de l’ouverture aux différentes sphères auxquelles s’intéressent ses compatriotes.
Des stands, un dépistage du VIH et une consultation de masse
Au cours du Carrefour du 9 octobre dernier, plusieurs stands ont été installés en vue de montrer le résultat des études en termes de projet concret. Sur le stand des étudiants en Sciences, on retrouvait des crèmes hydratantes à base de produits bios, des savons bios également, du jus de mangue pasteurisé produit à partir d’un processus artisanal.
On pouvait également vivre la démonstration de l’une des vertus des cheveux dans le traitement des eaux. Pour le standiste de ce dernier volet grâce aux cheveux, on peut traiter les eaux usées à partir du recyclage des cheveux. On peut aussi apporter une conservation des eaux dans les endroits où les pluies sont rares.
À côté du stand des étudiants à la Faculté de science qui ont organisé leur exposition sur le potentiel économique de leur domaine notamment dans le cadre du développement d’un marché de produits locaux permettant de réduire la dépendance des Comores par rapport aux importations, on pouvait trouver le stand tenu par les étudiants dans le champ de la technologie. Ceux-ci exposaient plusieurs brillants projets, tel que l’usage du WiFi-zone pour protéger les entreprises. Concernant l’urbanisme et l’aménagement du territoire qui constituent l’un des défis des pays en voie de développement, les étudiants en BTP ont pu apporter leur vision des Comores en proposant des ouvrages indispensables pour le développement du pays. Il s’agit d’un hôpital, d’une gare routière et d’un centre commercial.
Par ailleurs, le Carrefour fut l’occasion pour les étudiants en médecine de montrer leur solidarité avec les autres étudiants. Ils ont donc organisé un dépistage VIH et des consultations.