Après notre précédent article dans Masiwa 427 de la semaine dernière, il est apparu que le riz Onicor en vente actuellement ne provient pas d’une nouvelle cargaison, comme nous l’avions annoncé, mais d’un lot de 80 conteneurs bloqués au port pour défaut de paiement des factures depuis novembre 2022. Selon nos sources, l’Onicor a commencé à honorer ses échéances de façon irrégulière à partir de février 2023, mais il reste encore 20 conteneurs (soit environ 500 tonnes) en souffrance de paiement, évalués à une centaine de millions de francs comoriens, toujours bloqués au port de Mutsamudu.
Le riz actuellement vendu par Onicor est donc à la limite du consommable, et pourtant il est vendu à des prix exorbitants. Le sac de 25 kg est homologué à 9 500Fc, il y a quelques semaines, mais il est vendu actuellement à 12 000Fc, voir 20 000Fc sur le marché noir, car déjà invisible sur le marché. Malgré cela, les différents services en charge de l’économie et du commerce semblent ne pas réagir.
Ce cas d’école illustre l’étendue du trou creusé par une gestion calamiteuse de l’Onicor. Les pénalités qui s’accumulent à chaque commande de cargaison au port, font que la crise liée aux différentes pénuries de riz ne sera pas résolue de si tôt. Après la crise de 2022, Onicor semble n’avoir tiré aucune leçon et sa survie reposerait sur quelques bricolages pour se maintenir à flot.
Cependant, le navire UAFL DUBAI, en provenance d’Inde, commence à décharger environ 250 conteneurs (soit plus de 6 000 tonnes) de riz ordinaire de l’Onicor au port de Mutsamudu ce vendredi 5 mai dans la soirée. Cette cargaison permettrait en théorie de mettre le pays à l’abri d’une énième pénurie pour au moins un mois avant probablement de rechuter dans une nouvelle pénurie. Mais il est légitime de s’interroger aussi sur le sort qui sera réservé à cette nouvelle cargaison, car l’Onicor est réputé être un mauvais payeur par ses partenaires commerciaux et est classé dans la catégorie des poids lourds des fausses promesses par ses derniers.
Il est impératif de revoir la gestion de cette entreprise publique pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir. Le fait que l’État cautionne l’Onicor est inquiétant et devrait être corrigé. Les conséquences de cette mauvaise gestion se font ressentir sur l’économie et le quotidien des citoyens comoriens qui peinent à trouver du riz à un prix abordable.
M. Bacar