Ce 26 mai, dans le cadre du « Café médias », le coordonnateur des Nations Unies aux Comores, Francois Batalingaya a réuni autour d’une table des experts nationaux et des journalistes pour parler de la gestion des ressources en eau face aux défis posés par le changement climatique et ses enjeux environnementaux.
Par Hachim Mohamed
Selon Alex Forbes, qui est intervenu en ligne depuis Nairobi, sur 186 pays en 2017 et en 2020 qui ont communiqué sur le GIRE (gestion intégrée de ressources en eau), 87 pays sont en retard sur la mise en œuvre de ce plan.
De ce tableau sombre de la situation de l’eau dans le monde, à en croire Fabrizio Andreuzzi, le représentant résident adjoint du PNUD, qui avait brossé un panorama du programme avec des illustrations via PowerPoint, huit ans d’activités seront menés pour assurer un approvisionnement résiliant aux changements climatiques aux Comores. Un pays où la difficulté d’accès à l’eau existe depuis trois décennies, selon Maarouf Mohamed, un responsable à l’Unicef qui fait état de l’utilisation des eaux de rivières dans nos iles.
De l’eau dans de localités du pays qui en manque cruellement
Sur la base du document qui a été remis aux journalistes, 70% à 80% de la population comorienne sont constitués de petits exploitants agricoles qui dépendent de la pluviométrie pour leurs cultures de subsistance. Ces personnes vivent souvent dans des villages informels sans accès à l’électricité, à l’eau et aux installations d’assainissement.
Sans compter, les deux heures par jour sont consacrées par les femmes et les filles pour rechercher de l’eau, réduisant ainsi leur temps disponible pour le travail de 25%.
Dans le même ordre de données fournies, plus de 50% de la population comorienne dépend de la récupération de l’eau de pluie alors que les réservoirs de collecte d’eau sont vides pendant plusieurs mois de l’année. On peut lire noir sur blanc que l’accès résiliant à l’eau est une question de sécurité alimentaire cruciale.
À l’échelle de l’agriculture, il y a eu dans la réalisation de projets, selon notre source, 221 infrastructures de collecte des eaux pluviales dont 217 de microbassins de 50 m3 et 4 réservoirs de 1033 m3
Pour Fabrizio Andreuzzi, l’objectif poursuivi est que le pays se dote de la diversification des sources d’approvisionnement en eau par la conception et la construction d’infrastructures. Une manière, selon sa démonstration, de s’assurer que des ressources en eau suffisantes soient disponibles pendant les périodes de sécheresse et lors des inondations
Le respect de normes d’hygiène et de sécurité
À écouter l’expert chargé du programme à l’Unicef, Maarouf Mohammed, tout comme à lire les éléments livrés à la presse, des objectifs pour réduire les risques des maladies liées à la consommation d’une eau non traitée et à l’utilisation de latrines traditionnelles et traiter l’eau par le chlore ont été lancés dans l’ensemble des trois iles sur des localités ciblées.
Dans cette dynamique, le programme du département est de former la population sur les techniques de construction et d’utilisation de latrines fabriquées entre autres à partir de dalles en béton
Pour l’acquisition de toilettes améliorées à domicile, l’Unicef a subventionné 161 ménages qui n’ont pas les moyens de se payer ces dalles en béton dont l’unité coûte entre 3500 er 5000 FC.
Pour mettre en place ce projet, il a fallu, dans 25 localités, identifier 50 agents communautaires qui sont recrutés après une formation sur les techniques de traitement de l’eau ainsi que l’utilisation de latrines améliorées.
De la production et de l’installation de ces options de toilettes améliorées, il y a eu 70 artisans formés qui sont déjà habiles et opérationnels dans le domaine.
Toujours est-il que la mise en œuvre de ce service public implique, selon l’expert, la gestion d’installations de stockage et de distribution d’eau potable, présuppose de respecter les normes d’hygiène et de sécurité en vigueur.
13 millions de dollars pour un projet
La source onusienne indique que 15% de points d’eau souterrains sont potentiellement exploitables à la Grande-Comore. Sur 56 puits et forages réalisés à Ngazidja dans les zones côtières, 60% ne sont pas exploitables en raison de la forte salinité.
En s’intéressant à la pluviométrie, les spécialistes voient une baisse des précipitations de 47% au cours de la saison sèche et 45% d’augmentation des précipitations en saison de pluie, et une augmentation supplémentaire des précipitations de 14% lors de phénomènes météorologiques extrêmes.
De cette situation qui n’est pas très reluisante, il en résulterait, suite à la hausse du niveau de salinité des nappes phréatiques et du fait de la montée des eaux, un « assèchement dramatique » aux dépens de l’agriculture et de la qualité des eaux souterraines.
Fort heureusement, pour éviter la salinisation de l’eau, sous l’incitation du programme du PNUD, des forages sont effectués aussi en altitude, a expliqué un autre intervenant.
Selon le Directeur général de l’Environnement, Elamine Youssouf Mbechezi, le gouvernement met plus d’argent sur l’électricité que sur l’eau. Il dispose présentement de 13 millions de dollars de financement sur le projet d’amélioration du taux d’accès à l’eau qui peut passer de 15% à 60%.
Sur ce volet qui peut susciter des améliorations substantielles dans le secteur de l’eau, Francois Batalingaya affirme que disposer de financement pour le secteur de l’eau ne veut pas dire nécessairement avoir le levier de la politique de la gestion de cette denrée précieuse.
Un dossier complexe
La réglementation sur la qualité de l’eau potable devient de plus en plus exigeante dans le monde entier.
Les experts ont été formels : les eaux destinées à la consommation humaine ne doivent pas contenir d’organismes pathogènes. Mais, les Comores sont un pays qui souffre d’un système sanitaire inefficace, de réserves d’eau potable insuffisantes, de routes en mauvais état et d’un réseau électrique défectueux.