La situation actuelle des Comores est très inquiétante. La crise ne cesse de s’accroitre. Le pays semble se diriger droit vers un mur. Pourtant, les dirigeants politiques continuent à chanter la chanson de l’émergence.
Par Abdourahim Bacari
Cela fait maintenant six ans que les Comores sont plongées dans la terreur. La vie des Comoriens devient de plus en plus difficile, surtout plus dangereuse, sans réelle sécurité. La sécurité juridique est inexistante. Aucune sécurité environnementale n’est de mise. La sécurité alimentaire est le dernier des soucis de ce régime, comme on peut le voir ces derniers jours. Le peuple crie famine et les dirigeants tournent la tête. Le kilo de riz passe de 300 francs comoriens (55 centimes d’euros) à 1500 francs comoriens (2,75 euros) pour un pays où la majorité de la population vit avec 500 francs comoriens (1 euro) par jour.
La politique actuelle a vidé les caisses de l’État. Pourtant bientôt, en 2024, l’État compte organiser des mascarades électorales, sans opposition, pour porter soit le père, soit le fils ainé au pouvoir. L’argent pour financer la campagne des hommes au pouvoir doit provenir des Comores. La crise est donc artificiellement maintenue, les prix des produits de première nécessité pour récolter l’argent. Partout le prix de carburant a commencé à baisser, mais aux Comores il restera cher.
Le peuple peut souffrir, voire mourir sans que les dirigeants de ce régime soient affectés. Ce pays est trop petit pour faire du mal aux autres et penser pouvoir échapper à la justice au moment où une justice républicaine demandera des comptes à celles et ceux qui ont exercé des responsabilités.
Au lieu de maintenir cette arrogance envers les Comoriens, il serait préférable de rétablir la paix en remettant en place les Institutions qu’il a dissoutes. Les Comoriens ont besoin d’un État de droit. Il est temps de rétablir la justice républicaine. Rendre au peuple comorien sa souveraineté véritable, son droit d’élire ses dirigeants politiques en dehors des mécanismes de fraudes observés ces derniers temps.
Sur les 47 ans d’indépendance des Comores, Azali seul a gouverné ce pays 13 ans. Il est difficile aujourd’hui de dire qu’Azali est pour rien sur la pauvreté et la misère aiguë qui hantent les Comores. Il est celui qui a présidé les Comores le plus longtemps et s’il reste jusqu’en 2024, il comptabilisera 15 ans à la tête de notre pays. A-t-il amélioré les conditions de vie pour le peuple ? Les conditions actuelles montrent que nous sommes au bord de la famine.
Que retenir de ces treize ans de présidence Azali ? Rien d’autre que l’injustice sociale, les mascarades électorales, deux coups d’état, l’un en 1999 pour renverser le président par intérim Tadjidine ben Masound et l’autre en 2018 contre un État de droit avec la suppression de la Cour Constitutionnelle, les assassinats au sein d’une institution de l’État (aux camps militaires de Kandani et Shangani) censée protéger le peuple sans qu’aucune enquête soit ouverte pour traduire les coupables en justice, la condamnation des leaders politiques de l’opposition et des journalistes parce qu’ils critiquent objectivement la politique menée.
Le point le plus marquant est la vie chère. Pourtant, ce régime ne devait pas manquer de moyens pour soutenir les Comoriens dans cette période difficile. Depuis 2020, le gouvernement a soutiré beaucoup d’argent aux Comoriens et toute personne qui devait prendre l’avion : 30 000 FC (60 euros) pour un test PCR. Une somme d’argent assez conséquente qui n’a jamais été budgétisée et dont on ne sait ce que le gouvernement en a fait. Aujourd’hui, avec la crise alimentaire qui fragilise le quotidien des Comoriens, cet argent devrait permettre d’amortir le coût de la vie.
L’avenir des Comores a du plomb dans l’aile, car le pays est dirigé par l’inconscience et insouciance. Et les dirigeants continuent à chanter qu’ils sont sur le chemin du développement, en route vers l’émergence. Même quand les citoyens se battent pour un sac de riz. Même quand le peuple mène une vie de misère.