L’orientation scolaire est un choix qui pèse autant sur les parents d’élèves que sur les responsables des établissements scolaires ou sur les étudiants eux-mêmes, les principaux concernés. Pourquoi les élèves qui n’ont pas le niveau en Troisième sont-ils systématiquement orientés vers la filière littéraire ?
Par Houdheïf Mdziani
C’est en classe de troisième qu’un conseil de classe décide, à partir des notes, si l’élève a été suffisamment bon dans les matières scientifiques pour qu’il soit orienté en seconde scientifique, ou plutôt dans les matières littéraires pour qu’il soit orienté en seconde littéraire. Et même quand les notes sont insuffisantes dans les deux types de matières, scientifiques et littéraires, l’élève est quand même orienté dans la filière littéraire.
L’orientation par les parents, les enseignants et l’établissement
Dans un lycée comme le Lycée de la Solidarité islamique de Mbeni par exemple, si l’élève a réussi à avoir une moyenne modeste et qu’il rate son BEPC, il est systématiquement orienté en Seconde littéraire. Et donc, à partir de cette orientation, certains étudiants parfois surfent sur les vagues du hasard en se rassurant sur leur véritable niveau scolaire avant la classe de terminale, celle qui est la plus déterminante. Pour accéder à la classe de terminale scientifique, les décisions d’orientation font l’objet de motivations rationnelles par les responsables de l’établissement, comportent des éléments objectifs qui fondent leurs décisions, des décisions qui ne se basent pas uniquement sur les notes. Les enseignants et l’établissement se déterminent à partir des connaissances de l’élève, de ses capacités et de ses intérêts. Cette décision est adressée aux parents de l’élève ou à l’élève majeur qui font savoir à leur tour aux responsables s’ils acceptent cette décision ou s’i l’élève décide de faire la série D.
Les établissements, d’une manière générale qui procèdent à ce choix, veulent s’assurer une réussite systématique pour les séries scientifiques, plus que pour les séries littéraires. La crédibilité de l’établissement scolaire croît, se renforce et assure sa position de leader en ayant le plus grand taux de réussite dans la série scientifique.
Pour remplir les classes des séries littéraires A4 ou A1, par contre, aucune consultation des parents et élèves n’est faite. Les établissements décident de l’orientation sans tenir compte d’objectifs professionnels.
Une orientation rationnelle
D’après le témoignage d’un ancien élève du Groupe Scolaire Fundi Abdoulhamid à Moroni, vu qu’il n’ y a qu’une seconde générale, l’orientation se fait en accédant en classe de première d’abord en s’assurant que l’élève a eu sa moyenne, ensuite en se tâchant de vérifier les modules dans lesquelles il a eu les plus grandes notes pour établir l’orientation, que ce soit pour les séries littéraires ou scientifiques. Avec une telle orientation raisonnable, l’établissement fait partie des écoles comoriennes qui enregistrent le plus grand taux de réussite au Bac pour les deux séries.
Pour les autres établissements qui se contentent de la logique selon laquelle, un élève qui n’est pas doué dans les matières scientifiques pourra toujours se débrouiller en série littéraire et ceux qui ne sont pas aussi doués aux matières littéraires, peuvent essayer de s’en sortir, connaissent moins de réussites dans les deux séries.
La série scientifique connait une réussite exponentielle parce qu’on se retrouve donc avec des classes scientifiques spécialement réservées aux meilleurs élèves scientifiques et littéraires. Elle devient un carrefour de rencontres entre les meilleurs littéraires et ceux qui n’ont aucune sensibilité littéraire. Si les efforts d’orientation sont aussi pointus et sélectifs pour les séries littéraires, le taux de réussite pourrait être aussi bien dans cette filière.
Faire le choix d’une orientation basée sur les désirs et les possibilités
Les responsables des établissements doivent faire le même effort pour réserver la série littéraire aux élèves ayant une sensibilité littéraire et une passion pour la littérature, l’histoire et la philosophie. Ceux qui ont une capacité intellectuelle à analyser, disserter, commenter, synthétiser les textes littéraires et qui ont une aisance dans les langues vivantes au programme. Parce que garantir une réussite aux élèves pour les formations en sciences humaines et sociales, c’est former des intellectuels qui vont mieux comprendre les bouleversements de la société comorienne, de les expliquer par une analyse sociologique critique, les théoriser, et nous permettre d’échapper à la mécanisation de la vie en société. La formation littéraire, loin d’être dévalorisante, permet l’acquisition d’un langage et d’une culture.
Qu’en est-il lorsque les propositions ne sont pas conformes aux demandes des élèves ? Les chefs d’établissement devraient recevoir l’élève et ses parents, afin de les informer des propositions tenues lors du conseil de classe et de recueillir en retour leurs suggestions en fonction de leurs passions, ambitions personnelles, rêves et à partir des matières qu’ils sont suffisamment brillants pour réussir au lieu de procéder à un choix automatique et savoir aussi qu’être élève ne signifie pas qu’il faut systématiquement être scientifique ou littéraire, d’autres choix de formation technique sont aussi valables.