Le problème de l’accès au droit et à la justice est un problème criant dans le régime du président Assoumani Azali aujourd’hui. Face à cela, l’opposition semble impuissante et empêtrée dans un discours creux. Par Hachim Mohamed
Dictature, terreur, répression, insécurité, criminalité, instrumentalisation, de la justice, de l’armée, famine, mal-gouvernance, amateurisme, incompétence, ce sont les maîtres mots du communiqué du Front Commun par lequel l’opposition a convié les journalistes à une conférence de presse le 5 juillet à Moroni.
L’arbre à palabres de politiciens
Dans ce communiqué le Front affirmait déjà qu’Azali Assoumani était dans une situation désespérée qui ne lui donnait pas le choix, ne lui laisser aucune échappatoire si ce n’est soit de maintenir ou augmenter de nouveau la pression fiscale en enfonçant le pays dans le chaos soit de revenir sur des décisions alambiquées et arbitraires qui ont conduit à la catastrophe ; soit de partir en douceur et laisser le peuple comorien prendre son destin en mains ou encore de vouloir continuer dans cette aventure sans issue et se heurter à la colère du peuple.
À chaque conférence du Front Commun « contre la dictature », on se croit au pied de l’arbre à palabres. Face à la crise, les opposants ont crié sur tous les toits et à qui voulait les entendre que l’alternance se fera après le 26 mai 2021, sans préciser concrètement comment ils comptaient procéder. Le 26 mai est passé, sans changement. Or, pour engager un bras de fer avec le régime, il ne suffit pas de dénoncer ses abus, il faut aussi apporter des réponses aux inquiétudes des gens.
Malheureusement, en cette ère de politique populiste menée à coup de phrases-chocs et de slogans réducteurs, les politiciens sont aujourd’hui de véritables professionnels de la politique à la recherche constante de techniques et de moyens susceptibles de favoriser leur bonne image dans l’opinion publique.
Devant les journalistes, tour à tour Mohamed Abdou Soimadou, Ibrahim Abdourazak Razida et Youssouf Mohamed Boina expliquent entre autres que le taux d’inflation bat des records parce que les Comoriens ne peuvent même pas acheter un kilo de poulet, de boeuf, de poisson ou même de farine. Ils se soignent régulièrement à l’étranger parce que le pays est dépourvu d’un hôpital de référence dans la capitale et la santé est totalement à l’abandon. Les intervenants sont revenus aussi sur le meurtre de major Bapale, dont aucun procès n’est envisagé et sur les pénuries de nourriture qui a touché le pays récemment.
Apporter des réponses aux inquiétudes des gens
A l’échelle de la société, il n’y a pas de démocratie effective sans vrai contre-pouvoir critique, sans liberté d’opinion et de croyance, sans liberté de la presse surtout quand un pays sombre de plus en plus dans la corruption.
Le thème de la justice est revenu sur la table de la conférence de presse de l’opposition. Là aussi, le Front commun évoque le besoin d’un bon coup de balai pour la remettre au travail. Mais, cela nécessite une vraie démocratie et une vraie démocratie exige une suprématie de la loi.
« On nous reproche les entorses aux textes quand nous voulons manifester, nous réunir quelque part. Cependant, quand on fait la demande, on se heurte systématiquement à un refus catégorique des autorités. Et pourtant sous l’ex-président Ikililou les gens pouvaient manifester en trimbalant un cercueil » a rappelé Mohamed Abdou Soimadou.
Avec la colère et la frustration qui grandissent au sein de la population à qui l’on a promis la « prospérité émergence 2030 » en échange d’une confiscation des libertés, la souveraineté inaliénable et indivisible du peuple devrait être incarnée par cette suprématie de la loi.
Le peuple comorien se trouve ainsi entre deux sortes de promesses qui ressemblent à des paroles en l’air.