Le code relatif à l’urbanisme et à la construction de l’Union des Comores (11-026/AU de 2011) octroie à l’État l’ensemble de la zone côtière de l’espace urbain de Moroni, ainsi que celui du territoire national. De même qu’il lui attribue les 50 pas géométriques comme le veut la convention internationale sur la gestion et la prévention des zones côtières. Dans sa section II, article 64, il s’agit de 81m² de superficie partant du rivage où vient s’échouer la houle en allant vers l’espace terrestre aux limites de ce métrage. À ce titre, le littoral de Moroni est une propriété de l’État sous la supervision de la municipalité dans l’idéal de la nouvelle constitution comorienne, qui privilégie la politique de proximité pour une meilleure gouvernance.
Mais force est de constater que ce lieu est devenu une décharge des ordures de la capitale comorienne, tout comme dans les deux autres grands espaces urbains, hiérarchiquement villes relais à cette dernière, Mutsamudu et Fomboni, respectivement dans l’île d’Anjouan et de Mohéli, où les côtes sont aussi envahies par les déchets.
C’est donc une nécessité nationale de mener des réflexions environnementales et économiques sur cette question. Mais, malheureusement, il semble que la question de l’écologie en général, celle du littoral en particulier, ne constitue pas encore la priorité des autorités politiques du pays. Pourtant, elle fait partie des volets du programme gouvernemental du Plan des Comores Émergents à l’horizon 2030.
Avant la tenue de la Conférence des Partenaires de Paris, un projet a été concrétisé sous l’appui de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à travers son organe subsidiaire, l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD). Ce projet dans son initiative de suivi technique au soutien de l’Objectif 2030, s’était soldé par un financement de 100 000 euros du programme Alliance mondiale contre le Changement climatique (AMCC) et par un autre apport de l’Union européenne aux Comores.
Dans la mise en œuvre d’actions et de sensibilisation des populations sur la protection de l’environnement, notamment la protection du littoral aurait bénéficié à deux localités, Hantsindzi et Ourovéni dans l’île de Ngazidja.
Tout cela pour montrer que les soutiens ne manquent pas pour la protection des zones côtières et l’environnement dans son ensemble. De ce fait, ses contraintes et ses opportunités ainsi prises en compte, la côte littorale de Moroni reste un lieu dépourvu d’accompagnement de politiques de développement, encore moins de préservation. L’attractivité du littoral est à l’aune de la progression urbanistique et touristique influant sur le territoire urbain. La conséquence est l’émergence d’enjeux environnementaux nécessitant une prise de conscience politique intimement liée à la résilience sociale et économique. L’« écologisation » des littoraux se présente sous l’optique des actions publiques ou des collectivités territoriales, de mobilisations citoyennes par rapport à la protection de ce sol particulièrement menacé, donc fortement vulnérable, pourtant économiquement productif en termes de potentialité.
Dans la mesure où la question du littoral rentre, comme parmi tant d’autres, dans une convention signée à l’échelle internationale, sur la protection des zones côtières, à l’instar de la COP21 de 2015 (la Cop21 est la 21e Conférence des parties sur la Convention-cadre des Nations Unies en rapport aux changements climatiques de 1992, réunissant 195 États et l’Union Européenne, après celle de Varsovie et de Lima, la Cop19 et la Cop20). Ainsi, nous devons reconnaître que l’État ne se donne pas les moyens d’honorer ses engagements et fait preuve de négligence. Cela conduit à s’interroger sur la participation de l’Union des Comores à travers l’Alliance des Petits États Insulaires en développement dans cette extraordinaire mobilisation internationale de Paris, qui ne laisse voir aucun impact positif non seulement dans l’aspect financier et technique, mais aussi en termes de volonté.
En somme, le littoral de la capitale des Comores est devenu le lieu d’accueil des ordures inefficacement collectées dans les quartiers. Sans compter que les ménages de Moroni, majoritairement en situation de précarité, payent 1500 kmf par mois pour la collecte et la mise en décharge de leurs déchets. Mais, en raison d’une pauvreté qui gagne chaque jour du terrain, le recouvrement de ceux qui ont du mal à s’acquitter, se fait par un refus d’octroi de document administratif à la mairie de la capitale. Alors, on est en droit de croire à un abandon de la politique environnementale nationale alors que notre configuration géographique d’archipel nous oblige à des égards beaucoup plus consciencieux de notre littoral.
Salec Halidi Abderemane
Géographe