Les citoyens doivent se réveiller et cesser de voter pour des partis politiques qui ne représentent pas leurs intérêts.
En gestion des affaires de la cité, un gouvernement, les représentants du peuple ne sont pas supposés travailler pour leurs intérêts personnels ni celui de leurs amis.
Ce qui va se passer en Union des Comores à quelques jours du scrutin, le 20 janvier, où nos compatriotes qui sont appelés aux urnes pour élire un nouveau Parlement qui n’a jamais respecté cette ligne de conduite.
Coiffé d’un vieux petit chapeau déteint, sans forme, il suait ayant bu du « tchayi ya singiziwu » (thé au gingembre), RIBAHUWÉ a profité de l’occasion pour poser le sujet dans un « café » où RIRENTSI, RIKINAZE, RIKAWUSSE et MSEKUWA TCHAYI étaient aussi là.
« À ton avis, élire un nouveau PARLEMENT sert à quoi ? D’un scrutin à un autre , dans le domaine social, les indicateurs en matière d’éducation, de pauvreté et de santé, qui sont les principales tares ( Nde zedjaraha) du pays, demeurent toujours inchangés. Ici, il ne se passe rien ! », s’est-t-il lamenté.
Ses yeux, grands ouverts, luisants, ses joues et son menton troués de fossettes , RIRENTSI a souri montrant une dentition parfaite et la manière dont il a répliqué, a enthousiasmé plus d’un.
« Mon cher ! Le rôle d’un député est celui de servir et représenter les concitoyens de sa circonscription au quotidien. Comme RIBAHUWÉ nous savons tous ce qui se passe quand il y a des élections législatives ou autres dans notre pays », a-t-il expliqué.
RIBAHUWÉ a demandé à RIRENTSI d’être beaucoup plus précis dans ses propos.
« Que veux-tu dire quand tu disais que nous savons tout ce qui se passe ici dans « M’tepé Komoria » ? », a-t-il accentué.
MSEKUWA TCHAYI n’a pas laissé à RIRENTSI le monopole de la parole et voulait montrer qu’il n’était pas là seulement en buveur de thé ou de café.
« Ce qui m’ennuie dans chaque scrutin, c’est d’assister à de scènes où nos politiciens sont là pour recommencer leur cirque hypocrite de bonimenteur de foire ! ( Hanyo tu basi ! ). Voilà une tare qui dénote en symptôme l’incapacité où nous sommes de conduire ensemble une réflexion sur l’avenir de notre société et sur ses idéaux. », a-t-il recadré.
RIKAWUSSE qui est un des piliers de la buvette a surfé sur ce volet consistant à ne regarder que les aspects négatifs de l’élection du nouveau parlement et dans le sillage de sa prise de parole RIRENTSI, RIKINAZE ont aimé en lui cette espèce d’air où la surprise et la pitié pour le laisser-aller et le laisser-faire dans la gestion des affaires de la cité étaient curieusement mêlées.
« Pourquoi à ton avis l’ UNION DE COMORES est un pays irréformable qui cumule pas mal d’ injustices, de tares congénitales ? »
En y regardant de près le phénomène, RIBAHUWÉ qui est connu par sa capacité à tirer à boulets rouges sur tous les piétons politiquement fatigués en Union de Comores, a répété ce qu’il a eu souvent à défendre au sujet de tous les scrutins.
« Il y a toujours un tour de passe-passe pendant les élections et comme un produit à vendre, on le cache dans les prises de parole, les débats…. les campagnes », a-t-il soutenu avant de poursuivre.
« Les dirigeants, peu importe le parti politique, ont l’habitude de jouer ce tour de passe-passe, pensant que les citoyens, aveuglés par leur quête de bien-être, voteront pour eux lors du prochain scrutin. »
QUID dans ces conditions de la démocratie qui exige de tous les citoyens et leurs représentants un dialogue constructif ?
Pour les compatriotes qui sont au café comme une frange importante de la population en âge de voter, le vers en forme de nuisibilité qui est dans le fruit d’élection du nouveau parlement dévaste moralement avant, pendant et après les élections.
Tellement la manière dont a souveraineté en Union de Comores est exercée par des représentants élus par les citoyens a toujours souffert d’un déficit de représentativité politique et sociologique (Kwatsaha wanantsi, namdje mvoti bahi !)
« Si sous d’autres cieux, une fois les élections passées, les lamentations sont inutiles… En Union des Comores, les lamentations sont inutiles avant même le scrutin. Tellement les électeurs sont impuissants tout le temps ».
RIKINAZE était content de la manière dont son compatriote a résumé dans l’imaginaire la perception du scrutin aux îles de la lune.
Avec sa bouille sympathique, doté de traits fins et des cheveux noirs frisés, des yeux éperdus et une bouche enfantine , il a apporté de l’ eau au moulin de RIBAHUWÉ.
« La démocratie repose sur la participation active des citoyens et non sur leur retrait ( Wabaliliwa miwango). Et dans un parlement au pays , les dérives de la démocratie de représentation procurent trop de pouvoirs à des politiciens qui se comportent en monarques élus », a-t-il commenté.
Chemise chic, des manières calmes et posées, des joues imberbes, RIKAWUSSE n’était pas en reste quant à cette envie de pointer du doigt sur cette altération du lien entre le peuple et ses représentants mettant in fine aujourd’hui en péril la démocratie.
« Mes compatriotes, que vaut un scrutin législatif dans un pays où le gouvernement se plait à bâillonner l’opposition pour faire passer sa loi… ses desiderata tous les niveaux où la terreur bâillonnait toutes les bouches ? Comme l’a clamé RIRENTSI en début du débat, le député n’est-il pas censé représenter ses électeurs, les respecter dans leurs choix, et non pas se servir lui- même ? » a-t-il insisté.
Vêtu d’un costume sombre, mal rasé, l’air hagard, RIKAWUSSE a mis fin au conclave du café.
« Pourquoi un simulacre de dialogue est toujours organisé pendant les périodes électorales ? À mon sens, les vrais voleurs, c’est ceux qui prétendent nous représenter et à qui on confie toute notre confiance pour s’assurer que nos taxes sont dépensées correctement. C’est un peu excessif l’image qui traverse mon esprit, mais le pays ressemble en ce moment à une femme attachée, bâillonnée et violée par un brigand.»
HACHIM MOHAMED, Doyen, journaliste de formation.