L’activiste Saleh Assoumani, sorti de prison il y a quelques semaines, en attendant son jugement, a révélé dans les réseaux sociaux quelques-unes des tortures qu’il a subies. Notamment la privation de nourriture pendant trois jours.
Avant lui, pendant les procès de décembre 2018, deux Anjouanais avaient révélé devant les juges qu’ils avaient été torturés à « l’immigration », c’est-à-dire au sein même du Ministère de l’Intérieur. Personne au gouvernement n’a jugé utile d’ouvrir une enquête pour vérifier ces dires.
D’autres témoignages nous arrivent d’autres anciens prisonniers.
Il est donc légitime de s’interroger sur le rôle de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL) dont la présidente, Mme Sittou Raghadat Mohamed défile régulièrement dans les médias pour répéter qu’elle va enquêter depuis plusieurs mois. Mais, jusqu’à présent il n’y a pas eu le début du commencement d’une enquête et aucun des membres de la CNDHL n’ose dire ce qui se passe dans ce pays, encore moins dénoncer les nombreuses dérives constatées, et aujourd’hui révélées par les victimes.
Pourtant, la loi n° 11-028/AU promulguée en février 2012, est clair sur l’indépendance de la CNDHL, sur la possibilité qu’elle mène des enquêtes, qu’elle introduise des procédures en justice, y compris à l’extérieur du pays.
Le vice est dans la pomme car la CNDHL dépend directement du chef de l’État et du ministre de la Justice. L’autonomie financière proclamée dans la loi n’est pas effective.
Mais, pourquoi des hommes et des femmes aussi honorables acceptent-ils de jouer les marionnettes ?