En visite à Marseille, l’ambassadeur et candidat invalidé aux élections présidentielles, Soilih Mohamed Soilihi fustige une cour suprême «injuste et partiale». Il récuse «les arguties» d’une cour qui facilite les objectifs du pouvoir et dénonce les «incohérences» d’un système qui dénie le droit civique d’une partie de ses citoyens.
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
En déplacement à Marseille, l’ambassadeur Soilih Mohamed Soilihi a effectué la prière hebdomadaire avec la communauté comorienne de la cité phocéenne, après s’être entretenu avec Madame Samia Ghali sénatrice des Bouches-du-Rhône. Durant son séjour, SMS a multiplié les entretiens avec différents publics. Il a fait état de son analyse sur la situation qui prévaut au pays, depuis que la cour suprême a rendu la liste dite définitive des candidats autorisés à concourir pour les prochaines élections présidentielles et gubernatoriales anticipées. Dans ses entretiens l’ambassadeur SMS conteste sans prendre des gants l’arrêt de la cour suprême qu’il estime injuste, partiale et même corrompue. Il continue à récuser les arguments du commissaire du gouvernement auprès de la cour, et met en cause aussi la présidente de la dite cour. Selon lui les décisions de la cour n’ont visé qu’à «écarter des candidatures jugées embarrassantes par le pouvoir, qui voudrait s’assurer effectivement d’une victoire dés le premier tour, en s’appuyant sur la commission nationale électorale indépendante (CENI)», dont il rappelle les fameux résultats de 104%, et la cour suprême. Une Céni qui aurait réédité des chiffres plus que contestables, mais validées à l’occasion du referendum constitutionnel de juillet dernier.
Samedi 17 février, le public réuni en conférence-débat au joli port, un restaurant tenu par un chef comorien, non loin du vieux port et de la mairie centrale, a particulièrement applaudi le candidat récusé, lorsqu’il a appelé à se mobiliser contre l’article 53 de la constitution, qui interdit toute possibilité pour les comoriens à l’étranger de bénéficier du droit constitutionnel à l’éligibilité.
A ce propos, l’ambassadeur SMS a mis le doigt sur les incohérences du système en prenant le cas de Zilé Soilihi dont le gouvernement et les ONG font régulièrement appel à ses compétences reconnues pour des projets de développement et même pour les assises nationales, tout en lui déniant son droit civique. Selon lui, ce n’est pas le citoyen qui a manqué à son devoir, mais plutôt l’Etat qui devrait être condamné pour n’avoir pas mis en place les dispositifs nécessaires pour que les membres de la diaspora soient inscrits sur les listes électorales conformément à la constitution.
SMS a choisi le ton de l’ironie sur le cas tout aussi grave du candidat Bourhane, recalé, pour une attestation de résidence signée à Dembeni, parce qu’il est entrepreneur à Mayotte. Comme si la cour suprême ne reconnaît plus l’appartenance de cette île à l’Union des Comores.
A propos du commissaire du gouvernement, l’ambassadeur a soulevé une interrogation quant à la légalité de sa présence auprès de la cour suprême, alors qu’il ne s’agit plus de la cour constitutionnelle supprimée. Ce d’autant que l’intéressé se retrouve «juge et partie», exerçant à la fois, comme procureur général auprès de la cour d’appel, conseiller auprès de diverses sociétés d’État et membre du club fermé des rédacteurs d’une constitution qu’il devrait laisser à d’autres le devoir de veiller à la mise en œuvre, avec impartialité.
Durant son intervention en réponse aux questions des participants, l’ambassadeur SMS a tiré l’attention notamment sur la dérive d’une décision de la cour suprême voulant s’opposer à la reconnaissance du droit national dans la hiérarchie des normes juridiques du pays, afin de masquer les forfaitures éventuelles derrière les principes de souveraineté.
Selon le conférencier, le rôle du juge électoral n’est pas de tendre des pièges aux candidats pour les éliminer par des arguties juridiques, mais bien au contraire, de veiller à favoriser l’expression démocratique pluraliste pour que le peuple puisse faire un choix en toute connaissance.
[/ihc-hide-content]
Par Arfane Salim Abdou