Lors d’une conférence tenue lundi 28 octobre à Moroni, le Pari de Me Ibrahim Mzimba a annoncé une alliance avec le mouvement Ya Rabwi Wuma, un nouvel arrivant en politique.
Par Hachim Mohamed
En attendant le premier tour des législatives annoncé pour le 12 janvier, deux formations politiques, le Pari de Me Ibrahim Mzimba et Ya rabwi avec Bacar Ali Mohamed veulent définir ensemble des listes de candidats aux législatives et aux municipales et se répartir les tâches.
Ce cartel des deux formations table sur vingt candidatures aux législatives. Le président du Pari, Me Ali Ibrahim M’zimba estime pouvoir ainsi se donner les moyens pour peser dans le futur parlement avec vingt députés.
Ne jamais quitter le navire politique
Revenant sur le parcours du « « projet pari » et sur ses objectifs, le leader du Pari fait état d’une aventure, d’un mouvement dont la genèse remonte à 2004. Il rappelle que les meilleurs suffrages pendant les scrutins précédents ont été engrangés dans la région de Mbadjini. Le mouvement a été lancé comme un véritable parti politique le 1er septembre dernier dans un rassemblement des militants de Ngazidja, rejoints par deux délégations en provenance de Ndzuani et de Mwali.
Pendant cette longue séquence historique, Me Ibrahim M’zimba s’est arrêté sur la Constitution de 2001 que Le Pari récuse depuis 2004. Son frère d’arme, l’enseignant Mohamed Ahamada a justifié cette position en ces termes : « Nous ne voulons pas faire de notre pays une future Somalie ou un Haïti, deux pays qui, à cause des guerres, ne ressemblent à rien. Si on se prête au jeu des violences, des positions radicales, il y a risque de détruire notre pays. C’est vrai que ça met de la lenteur pour atteindre l’objectif, mais à force de persévérer on finira par comprendre les enjeux et venir à bout des injustices. »
Pour expliquer chronologiquement sa position sur la Constitution de 2001, le président du Pari, qui s’oppose à la tournante, avait fait deux discours officiels à Mutsamudu et à Domoni lors de la campagne présidentielle de 2019, avec un message qui se démarquait des 11 candidats de l’opposition qui auraient accepté de passer le flambeau à Ndzuani si l’un d’eux avait gagné les élections, conformément aux Accords de Fomboni. C’est ainsi qu’il avait lâché dans un meeting à Anjouan « À la différence des autres candidats, moi en tant que candidat de notre parti, nous avons signifié formellement qu’on ne va pas céder le pouvoir aux Anjouanais. On va gérer le pays en respectant le mandat de 5 ans »,
Maitre Ali Ibrahim M’zimba s’est livré à des tirades sur le credo de son parti. Pour lui, le pari, c’est relever un défi, celui de ne jamais abandonner l’échiquier politique, malgré les soubresauts de l’opposition qui conteste la légitimité du régime en place. C’est aussi faire comprendre à l’opinion que même si le gouvernement est vilipendé et que Le Pari est désigné comme un parti de traitres, la philosophie de défi reste pour ses militants de montrer qu’il peut fonctionner sans tenir compte des pressions extérieures ou ce qu’on raconte dans les réseaux sociaux à son sujet. Quelle que soit la situation, Me Ibrahim Mzimba l’affirme, son Pari ne quittera jamais le navire politique.
La tournante flottait déjà dans les limbes en 1996
Toujours sur le double scrutin de 2019, Me Ibrahim Mzimba a soutenu qu’en réalité aucun des onze candidats de l’opposition n’allait accepter de passer la main à Ndzuani, s’il avait remporté les élections. « C’était tout juste un subterfuge pour baratiner l’électorat anjouanais », a-t-il ajouté en riant.
Persistance des « scrutins polémiques »
À une remarque du journaliste Oubeid Mchangama sur le fait trouve que les dés sont systématiquement pipés dans les scrutins et que la sécurisation des votes n’est jamais garantie, notamment à Mbadjini où selon certaines indiscrétions le CRC est déjà bien implanté, le président du Pari ne voit pas l’incongruité quant à la participation aux élections.
Pour étayer sa thèse, il a ajouté que l’erreur c’est de croire qu’aller au charbon présuppose de la confiance envers les différents régimes (y compris sous Mohamed Abdallah Sambi et Ikililou).
Pour Me Ibrahim M’zimba raisonner ainsi est un contresens d’autant que la configuration de l’échiquier politique pendant les périodes électorales (2004, 2009, 2015) a toujours été ainsi et pourtant il a toujours tiré son épingle du jeu, notamment en arrivant « en tête dans son fief, aussi bien devant un ministre de l’Intérieur qui avait organisé les élections que celui des Affaires étrangères qui avait aussi perdu contre eux ».
Candidat indépendant soutenu par un mouvement dénommé « Mtsango » (Mitsamiouli et Mbude) aux législatives de 2009, Sagaf Mihidhoir, qui a récemment été arrêté par le gouvernement parce qu’il envisageait une manifestation a aussi raconté sa mauvaise aventure sous Ahmed Abdallah Mohamed Sambi : « J’étais candidat adversaire de Djaffar Mansoib dans la ville de Mitsamihuli. Mais avant de me porter candidat, j’avais à mon actif marqué par des réalisations dans la ville et dans la région de Mbude. Arrivé deuxième à l’issue du premier tour, à la proclamation des résultats, le régime de l’époque avait enlevé mon nom pour mettre un autre candidat qui était en troisième position ».
Les anecdotes étaient nombreuses pour justifier la participation du Pari à des élections pour lesquelles les leaders de l’opposition ont décidé de se tenir à l’écart tant qu’ils n’ont pas de garanties suffisantes, et cela au regard de la vaste fraude des dernières élections présidentielles et des gouverneurs.