Depuis le 21 mai, une cargaison de riz est arrivée au port de Mutsamudu pour ravitailler la population qui souffre depuis plus d’un mois. Jusqu’à maintenant le riz n’a pas été distribué aux commerçants grossistes de riz pour vendre à la population.
Par Naenmati Ibrahim
Une partie du riz qui est au port de Mutsamudu depuis le 21 mai a été transféré par la société ONICOR à Mohéli le 23 mai. Et jusque là, les Anjouanais n’ont pas encore vu les sacs de riz sortir du port.
D’après des témoignages, le gouvernement a décidé que la distribution se fera après l’investiture du président Azali Assoumani. Si cela s’avère être vrai, ce serait scandaleux parce que la population commence à crier famine. En ce moment même le riz basmati, citadelle, riz parfumé et tous les autres riz qui sont venus remplacer le riz ordinaire onicor se font rares.
Une investiture dans la famine.
Ce vendredi 24 mai a eu lieu l’investiture du gouverneur Zaidou. Malgré la pénurie et la famine qui se fait sentir, il y avait foule. Selon des fonctionnaires, ils se sont sentis obligés d’y aller par peur d’être sanctionnés dans leur travail.
En ce moment beaucoup des produits qui attiraient la population durant cette période de pénurie de riz commencent à manquer dans les marchés et les magasins. Dans les épiceries des différentes localités, il n’y a plus de riz. Les familles se retrouvent sans aucune graine pour cuisiner. Ce riz que ces familles n’osaient pas acheter, car trop cher et insuffisant pour leur alimentation. Mais, maintenant, elles n’arrivent pas à supporter de rester sans consommer cet aliment de base, elles le recherchent à n’importe quel prix.
De nouvelles habitudes alimentaires s’imposent.
Durant la dernière grosse pénurie qui avait frappé l’ile, les Anjouanais ont été contraints de changer leurs habitudes alimentaires. Ils mangeaient comme leurs ancêtres : tout ce qui était comestible. Ils se sont rappelé qu’avec de la farine de manioc ou de la farine de riz ils pouvaient cuisiner autre chose que du bouillon. Il s’agit du « kima » un repas comorien à base de farine de manioc très résistant qui se mange avec du poisson ou avec du « tchari » qui est une garniture à base de tomates fraîches, ou de mangue verte ou de citron avec beaucoup de piment.
Une nouvelle façon de vivre à Anjouan
Les Anjouanais sont habitués à acheter leur riz en gros plutôt qu’au détail, ils achètent aussi pas mal d’autres produits alimentaires en gros pour garder chez eux. Leurs provisions leur permettent de faire des économies.
Maintenant avec la pénurie et l’inflation, ils n’arrivent pas faire des provisions, ils sont alors obligés d’acheter tous les jours en détail leur riz et les autres ingrédients pour la cuisine. Et cela devient cher pour eux.
La façon de vivre des Anjouanais ne signifie pas qu’ils sont riches, au contraire, c’est parce qu’ils sont pauvres qu’ils ont cette tendance à acheter des sacs de riz de 25 kilos pour garder chez eux.
Acheter et conserver des sacs de riz à la maison est une façon de se rassurer, même dans les cas où les familles ont de quoi cuisiner pour se nourrir sans trop de difficulté. Pour les Anjouanais les plus démunis, il n’y a pas besoin d’acheter tous les jours de la viande, du poisson ou du poulet pour garnir le riz. Ils ont d’autres moyens pour faire des garnitures pour accompagner le riz. Les feuilles de manioc, de taro et autres plantes comestibles qu’on trouve dans les champs sont de bons mets pour manger avec le riz. Et pour cuisiner ses feuilles, ils ont juste besoin de noix de coco.