Les premières cartes de presse ont été annoncées par le Conseil national de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA). Mais, la méthode et les critères choisis créent des remous venus de la presse libre dont peu de journalistes ont obtenu une carte.
Par Hachim Mohamed
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 5 octobre au CNPA, la Commission nationale d’Attribution de la Carte de Presse (CNACP) a livré les résultats de la première session 2024 et le lancement de la campagne de la deuxième session 2024 qui s’étalera du 7 octobre au 6 décembre.
Le président du CNPA, Aboubakar Boina, a montré comment l’institution poursuit ses efforts pour assurer que les organes de presse se conforment à la réglementation en vigueur, édictée par l’État comorien.
Cette conférence sur la manière d’attribuer la carte de presse fut un moment de vifs échanges, de divergences sans parvenir à un consensus. Plusieurs journalistes ont récusé le format adopté pour l’attribution de la carte de presse. Ils ont plaidé pour une méthode et une organisation qui soient plus souples et qui aurait pour effet de stimuler le progrès escompté au sein du paysage médiatique comorien, et non de le freiner.
Sur 143 dossiers déposés, 93 « admis »
L’attribution de la carte de presse est préconisée par le nouveau Code de l’Information, adopté en 2021.
Le nouveau Code de l’Information, dans la partie « carte de presse », introduit des nouveautés dans l’exercice de la profession dont la plus retentissante est le « statut de journaliste ». Le législateur a revu la qualité de journaliste et les conditions d’exercice. D’où l’obligation d’une carte de presse.
Le Code de l’Information énonce que « la qualité de journaliste professionnel est reconnue à toute personne physique qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, l’exercice de la profession dans une ou plusieurs entreprises de presse ou de communication audiovisuelle et qui en tire l’essentiel de ses revenus. Elle est authentifiable par une carte professionnelle » (article 153).
Sur les modalités de l’attribution de la carte de presse, le Code d’Information prévoit aussi des obligations. Il fixe les critères et les modalités d’attribution. La carte est signée conjointement par le Président de CNPA et par le coordinateur de la Commission d’Attribution de la Carte professionnelle », lit-on dans l’article 154.
Arrivant aux résultats définitifs globaux de la campagne de la première session 2024 pour l’attribution des cartes de presse, Aboubakar Boina a fait état de 143 dossiers reçus, de 9 dossiers expédiés à la prochaine session, de 134 dossiers examinés à la première session, de 93 demandes de la carte acceptées et de 13 demandes acceptées pour le statut de journalistes stagiaires, de 24 dossiers renvoyés à la deuxième session ou encore de 4 dossiers refusés.
Des remous sur les cartes déjà délivrées
Les nouveaux principes ont provoqué des remous pendant les échanges avec les journalistes dans la salle de conférence.
« Je suis journaliste de radio-Ngazidja et je n’ai pas encore reçu ma carte. Comment dans ces conditions l’organe de presse peut m’envoyer couvrir un évènement ? » s’est offusqué l’un des participants.
A la question d’un autre journaliste indépendant (qui n’est pas salarié auprès d’un organe de presse défini) qui n’a pas compris la nécessité de disposer d’une carte de presse et qui se demande comment il va travailler, lui qui n’a pas le même statut qu’un journaliste salarié, le président du CNPA et surtout Abdillah Saandi Kemba ont juste rappelé la mission du monitorage, celle qui consiste à s’assurer du portfolio du journaliste ou d’un média (compétences, intégrité, réalisations dans un domaine…). Et cela avec un accent mis dans la démonstration sur la manière de surveiller, réglementer l’exercice de la profession ou encore sur comment recevoir les plaintes et sanctionner les manquements aux exigences du métier de journaliste.