Avis de tempête. Rien ne va sur le site de Hamdoba, du nom de ce projet immobilier de la société économique de développement de l’archipel des Comores (Sedaco), situé à Malouzini en périphérie de Moroni. Se disant victime « d’une nouvelle forme de délinquance institutionnelle », les dirigeants de cette société spécialisée dans la construction et la vente de villas clés en main ont décidé l’arrêt provisoire de tous les travaux sur le site. Une mesure qui vise à préserver « l’intégrité physique et morale des collaborateurs », assurent les responsables. Une affaire qui tombe au mauvais moment alors que les autorités comoriennes s’apprêtent à organiser une « conférence des partenaires au développement » dans l’objectif affiché d’attirer de nouveaux investisseurs dans l’archipel… Par Faïssoili Abdou
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La décision est tombée le 16 octobre dernier. À travers un communiqué de presse, les responsables de la Sedaco ont annoncé la « suspension immédiate des travaux de la promotion immobilière Hamboda ». Une suspension « par prévention et signe de contestation », explique Clément Dijoux, SEO de Dijoux Group, la holding propriétaire de la Sedaco. En effet, à en croire le communiqué du 16 octobre, cette décision fait suite à « de fortes perturbations » dues notamment à une « série d’actions illégales orchestrées et/ou cautionnées par des personnes à la tête d’institutions publiques subies par l’entreprise ». Les responsables de la Sedaco qui parlent « d’une atteinte grave de l’intégrité physique et morale du personnel et des collaborateurs locaux et étrangers » n’hésitent pas à qualifier ces procédés de « délinquance institutionnelle ». Des agissements qu’ils condamnent « fermement ». « Nous invitons les différents responsables politiques et économiques à prendre connaissance et acte que les investissements aux Comores sont menacés par une nouvelle forme de délinquance institutionnelle », dénoncent-ils dans ce communiqué laissant transparaître leur exaspération. Une charge très sévère qui ne pouvait pas tomber aussi mal. Au moment où le gouvernement comorien affiche sa volonté de séduire et attirer de nouveaux investisseurs dans l’archipel, notamment à travers la « conférence des partenaires au développement » prévue vers la fin de l’année à Paris, cette affaire risque de faire tache. Un grain de sable dans la communication faite autour de cet évènement. « Il y a de grandes chances que nos investisseurs qui d’ailleurs devaient être présent à la conférence des bailleurs de fonds vont d’une part, boycotter et briller par leur absence et d’autre part, vont investir ailleurs dans la zone », annonce ce jeudi 31 octobre, le SEO de Dijoux Group à Masiwa. Même si, rassure l’opérateur immobilier, la Sedaco, ce groupe qui s’est spécialisé depuis 2014 dans la construction et la vente de villas clé en main du côté de Malouzini en périphérie de Moroni, n’a pas « l’intention de quitter le pays ». Dans leur communiqué de presse, les responsables de la Sedaco rassurent les différents partenaires du groupe (fournisseurs, clients et banques) qu’ils « continueront à mettre en œuvre toutes les diligences possibles et qu’ils seront contactés dans les plus brefs délais ».
Joint par Masiwa, Clément Dijoux explique ainsi l’origine de cette affaire aux multiples rebondissements : « un client de la SNPSF est signataire d’un contrat de vente pour une maison et ce dernier malgré plusieurs relances n’est pas en mesure de prendre livraison de son lot et de s’acquitter du solde depuis 2017. Malgré toutes nos diligences, ce dernier a préféré opter pour la méthode du copinage et en fin d’année 2018/début 2019, M. DIJOUX directeur de la SEDACO a été conduit en détention à la prison de Moroni pendant 35 jours ».
L’arrestation, début octobre, du chargé de mission, Alexandre Esmyot ainsi qu’un autre cadre de la société, une « conduite forcée à la police avec des méthodes répressives », selon les responsables de la Sedaco, ne sera donc que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Des propos intimidants ont été tenus par les forces de l’ordre sous consigne d’un responsable bien connu d’une institution judiciaire », signale Clément Dijoux poursuivant « l’origine de plusieurs de nos problèmes et de ce déchainement est notre refus catégorique de nous soumettre à la complaisance/volonté des uns et des autres ». Et il ajoute : « compte tenu de la gravité de la situation et afin d’éviter de nous retrouver encore victimes d’une détention injustifiée, le comité de direction a décidé de manière préventive de suspendre les travaux ».
Après toutes ces mésaventures, les responsables de la Sedaco auraient « pris le soin de prévenir les autorités par un courrier de sensibilisation et toutes sont restées sans réponses », témoignent-ils. Une procédure engagée au niveau de la justice aurait aussi tourné court. « Nous avons aussi porté l’affaire en référé et le tribunal s’est déclaré incompétent alors que nous avons là un cas d’école », se désole Clément Dijoux, visiblement désemparé.
En attendant, le groupe qui indique n’avoir « aucune garantie » sur ses investissements dans l’archipel reste dans l’expectative. Il reste à espérer que cet opérateur immobilier solidement installé dans l’archipel depuis quelques années déjà ne se retrouve les deux pieds dans le béton…
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