Une campagne d’éducation à la propreté publique par le moyen d’une déchetterie été lancée dans la capitale des Comores, Moroni, depuis une semaine. Les objectifs sont de sensibiliser la population et modifier les attitudes par rapport aux déchets sur la place publique. Il s’agit également de faire en sorte que tous les contenants de boissons en plastique et en aluminium ou autres matières soient récupérés et suivent le chemin du recyclage. Une nouveauté dont Masiwa s’est intéressé. Par Hachim Mohamed
Moroni, comme les autres villes des Comores, présente un visage particulièrement peu avenant à cause des ordures qui jonchent les rues et les bords de mer. La vue retient surtout les gens qui jettent leurs papiers, cigarettes, cannettes et autres immondices par terre ou par les vitres des automobiles, les sacs poubelles éventrés sur les trottoirs et jetés n’importe où, les pneus usagés empilés dans les rues, les bouteilles en plastique qui jonchent les pavés ou encore les déchets de ferrailles qui s’amoncellent entre les habitations.
Préserver l’environnement
L’opinion publique a-t-elle récemment pris conscience de la quantité incroyable de déchets rejetés chaque jour dans la nature ? Le Directeur de la Gestion des déchets Oussouf Mzé explique : « Dans le désir de préserver un environnement sain et propre, l’agence en appui et en collaboration avec les municipalités s’est fixée dans sa feuille de route un objectif, celui de réduire à 80% le dépôt sauvage des ordures dans la ville de Moroni, de Mitsamihuli et de Foumbouni..»
Le service de gestion des ordures va mener une vaste campagne de six mois pour sensibiliser la population et modifier les attitudes afin de promouvoir la collecte, la valorisation et l’élimination des déchets. La mise en place d’une déchetterie dans les trois grandes villes du pays est plus complexe, plus lourde.
« Nous avons un problème avec les bennes à ordures ménagères qui avec des horaires souvent aléatoires de ramassage ne desservent pas régulièrement les divers quartiers de la ville. Une négligence qui fait que des dégueulis de sacs poubelles crevés jamais ramassés s’amoncellent dans les logements. Pour que cela ne nuise pas à l’exécution du plan opérationnel, nous allons installer des points d’apport volontaire où l’on peut déposer les ordures, les immondices. », affirme le jeune directeur Oussouf Mzé.
Trier et récupérer
S’agissant du dispositif de tri et de valorisation des déchets, l’idée du plan opérationnel de cette déchetterie avait déjà commencé à germer par le passé dans la cervelle de l’association dénommé « Deux mains ». Il s’agit d’un ancien projet qui avait été fiancé par l’Union Européenne, l’Ambassade de France et celle du Japon. Pour le broyage des matières comme le verre, le plastique, le papier, le carton ou encore le métal « Deux mains » disposent à l’ancien aéroport de Moroni de machines qui assurent le service de récupération et de recyclage.
En tout état de cause, depuis le lancement du plan opérationnel il y a une semaine, l’agence de gestion des déchets qui assure l’intendance de la déchetterie a déjà installé à Moroni deux conteneurs avec deux compartiments.
« Nous avons à Zilimadou un centre de dépôt et de sélection des déchets avant leur recyclage ou leur destruction et une autre déchetterie à Hankunu. Au total, il y a dans le service douze conteneurs spécialisés », révèle Oussouf Mzé.
« Ce n’est pas facile de trouver les sites où on peut aménager ces grands conteneurs de 40 pieds et 12 mètres. Pour le verre, le plastique, le papier, le carton et le métal qui seront généralement récupérés dans les sites de la déchetterie soit dans des poubelles séparées soit dans ces conteneurs spécialisés, il y aura aussi des écogardes qui vont assister la population. », a-t-il souligné.
Les habitants ignorent que 80 % de leurs déchets domestiques pourraient être valorisés et jettent tout. Il y a donc un travail à faire. « Dans l’ordre, il faudra aussi faire en sorte que nos compatriotes puissent apprendre à réduire les déchets à la source, réutiliser ce qui peut l’être dans le tri et recycler le reste », a estimé Oussouf. Mzé. Les paramètres à prendre en compte sont donc multiples nonobstant les enjeux de la déchetterie pour la population.
« Par un schéma directif, nous attendons des décideurs une politique nationale des déchets, car nous ne sommes pas dans la déchetterie comme les communes, les acteurs qui portent un projet d’assainissement de la ville, des quartiers. En structure étatique, nous assurons le rôle de coaching pour que les initiatives respectent l’environnement, les règles d’hygiène/sécurité, le mode de vie des habitants, et de se conformer en tout temps aux règlements du code de l’environnement en vigueur », poursuit le Directeur.
Éduquer la population
Dans un pays où il n’existe pas des statistiques déterminant la quantité de déchets qui part par semaine, par mois à l’enfouissement et celle qui peut être récupérée, le PNUD va financer à Mohéli un projet qui consiste à acheter le plastique provenant des déchets domestiques.
« Pour nos compatriotes qui ont la mauvaise habitude de jeter aux poubelles des matières récupérables telles que les cannettes d’aluminium et les contenants de verres consignés, cette initiative du PNUD se veut une pédagogie pour que la collecte sélective des déchets d’emballages ménagers s’installe durablement dans les comportements », a insisté Oussouf. Mzé.
Autre volet de la déchetterie qui dans un premier temps sera mis en place à Moroni, Mitsamihuli et Foumbouni, un centre de compostage est aussi en ligne de mire au niveau de l’agence de gestion des déchets.
« En ce qui concerne ce qu’on va faire des tout-venant tels ces ordures 100 % biodégradables, les moyens traditionnels de compostage seront exploités à la décharge d’Itsundzu. Cela en attendant l’évolution de la déchetterie qui sur le moment est à son stade embryonnaire », conclut le Directeur.
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